En 2010, les Français épargnent moins mais restent prudents

la finance pour tous
Chaque année la Banque de France fait le point sur l’évolution du comportement d’épargne des Français. Dans une étude publiée dans son bulletin trimestriel début juillet, elle observe pour 2010, une diminution du taux d’épargne des Français, qui passe de 16,7 % du Revenu Disponible Brut (RDB) au troisième semestre de 2009 à 15,6 % en fin d’année 2010. Cette diminution témoigne de l’apaisement des craintes des ménages face à la crise financière. Toutefois, les Français restent prudents et se tournent vers les placements bancaires.

Quelques définitions

Taux d’épargne = Epargne des ménages / Revenu disponible brut.

Taux d’épargne financière = capacité de financement des ménages (c’est-à-dire épargne totale moins investissements immobiliers dans le neuf et gros travaux) / revenu disponible brut.

En comptabilité nationale, les emprunts immobiliers (qui sont loin de ne concerner que le neuf et les gros travaux) viennent en déduction de l’épargne financière, même si les mensualités d’emprunt constituent dans la réalité une épargne forcée. De fait, le niveau des transactions immobilières sur le marché de l’ancien est resté important en raison de taux monétaires et obligataires historiquement bas, qui rendent les conditions de financement attractives. Le flux net annuel d’emprunt immobilier des ménages est passé de 29 milliards d’euros en 2009 à 59 milliards d’euros en 2010, alors que le taux d’investissement des ménages dans l’immobilier a légèrement baissé.

Une épargne de précaution…

Le taux d’épargne financière a diminué pour s’établir à 6,5 % fin 2010. « S’agissant des placements financiers, les ménages continuent d’être prudents » souligne l’auteure de l’étude Adeline Bachellerie. Le motif de précaution reste ainsi prédominant pour les Français qui dirigent leur épargne vers des produits pouvant être rapidement convertis en liquidité en cas de besoin (placement à vue et livret d’épargne).

Cet arbitrage s’opère notamment au détriment des titres d’OPCVM (monétaires et non monétaires) et des placements directs en titres de créances et actions dont la durée de détention est généralement plus longue et plus risquée.

… généralement souscrite dans les réseaux bancaires

Une autre grande tendance de l’année 2010, c’est le retour de l’épargne bancaire qui avait enregistré une décollecte fin 2009 et début 2010. Cette captation de l’épargne par les banques est en partie due à l’élévation du taux du livret A à 1,75 % en août 2010 contre 1,25 % depuis juillet 2009. On observe également un arrêt de la décollecte sur les comptes à terme et une reprise des placements d’épargne contractuels, notamment les plans épargne-logement qui offrent actuellement une rémunération de 2,5 %.

Les ménages français ont donc rééquilibré leurs placements financiers au profit des banques mais ils n’ont pas sensiblement modifié la structure de leur patrimoine financier. Les flux nets d’épargne longue demeurent largement positifs, sous l’effet des souscriptions nettes de contrats d’assurance-vie qui passent de 76,9 milliards en 2009 à 77,3 milliards en 2010. Il demeure une certaine méfiance vis-à-vis des placements en OPCVM, en actions ou en titres de créance.

Sur la décennie 2000-2010, moins d’actions et plus de dépôts bancaires et d’assurance vie

Au total, la part des dépôts bancaires et de l’assurance-vie s’est accrue dans le portefeuille des ménages français (63,1 % en 2010 au lieu de 56,4 % en 2000) au détriment de leur détention de titres d’OPCVM dont la part est tombée de 10,8 % en 2000 à 6,6 % en 2010. La plus forte baisse est celle de leur détention directe d’actions cotées et de titres de créance dont les proportions correspondantes reviennent en 2010 respectivement à 4,9 % et 1,7 %.

Consulter le bulletin de la Banque de France