La liquidité des marchés obligataires français demeure élevée

la finance pour tous
Une étude de l’AMF vient, dans un contexte d’inquiétude sur la liquidité des marchés obligataires, rassurer à moitié la communauté financière : en nette amélioration depuis quelques années, la liquidité n’a pas retrouvé son niveau de 2007 et la résistance des marchés obligataires en cas de crise n’est pas garantie.

Le fait de savoir si un marché financier est liquide est une question importante pour les investisseurs. En effet, plus un marché est liquide, plus il est facile de céder rapidement les titres détenus sans devoir consentir une baisse importante du prix de vente des actifs. Un marché sur lequel la liquidité est élevée constitue donc pour les investisseurs un gage de sécurité substantiel. Or, depuis plusieurs mois, la communauté financière s’inquièterait au sujet de la liquidité sur les marchés obligataires mondiaux, laquelle n’aurait pas retrouvé ses niveaux d’avant la crise de 2008, alors que les encours de dettes obligataires dans le monde ont plus que doublé depuis cette période. Il en résulte un risque qu’en cas de crise sur les marchés obligataires, un phénomène de ventes massives se produise entrainant un tarissement des sources de financement des émetteurs, et notamment des gouvernements qui recourent à l’emprunt obligataire pour combler les déficits publics.

Partant de constat, l’AMF a conduit une étude sur la liquidité des marchés obligataires français entre 2005 et 2015.

Cette étude montre que si celle-ci s’est dégradée lors des deux périodes de crise financière de 2007-2009 et 2012, elle s’est depuis nettement améliorée sans pour autant retrouver son niveau initial.

Cependant, les auteurs de l’étude soulignent que si le niveau de liquidité des marchés obligataires apparaît satisfaisant aujourd’hui, il ne présage pas de leur capacité de résistance en cas de crise.

La liquidité des marchés obligataires français s’améliore depuis 2012

L’étude de l’AMF porte sur les obligations françaises publiques et privées, ces dernières étant dominantes en nombre (80 % de l’échantillon) alors que les premières le sont en termes d’encours (elles représentent entre 60 % et 70 % du total des encours étudiés).

A partir d’un indicateur synthétique spécifiquement élaboré pour l’analyse, les auteurs de l’étude constatent que la liquidité sur les obligations françaises n’a pas disparu et qu’elle s’est même améliorée depuis le début de l’année 2012. Elle resterait cependant toujours inférieure à ses niveaux de la période 2005-2007.

L’étude de l’AMF souligne par ailleurs que si le niveau de liquidité générale apparaît satisfaisant, l’analyse de l’évolution de l’indicateur synthétique de liquidité indique qu’il évolue de manière moins favorable pour les obligations d’entreprises que pour les obligations publiques sur la période observée. La liquidité serait ainsi davantage concentrée sur les instruments les moins risqués ou disposant d’une profondeur de marché plus grande.

La liquidité des marchés obligataires pourrait néanmoins se tarir en cas de crise

L’étude montre également que l’évolution de la liquidité des marchés obligataires français est fortement liée à des facteurs conjoncturels, et en particulier au degré d’aversion au risque des investisseurs. Les auteurs de l’étude en concluent qu’en cas de crise sur les marchés obligataires, on assisterait très probablement à un tarissement de la liquidité. Ce constat rejoint d’ailleurs celui fait par le FMI dans son dernier rapport sur la stabilité financière mondiale.

Enfin, l’étude de l’AMF aborde la question des moyens qui pourraient permettre d’améliorer la liquidité sur les marchés obligataires. Elle souligne à ce titre l’effet ambigu de l’essor des plateformes de trading et du développement du trading à haute fréquence qui en résulterait. Si ces éléments peuvent être vus comme favorables à la liquidité des marchés, ils pourraient tout aussi bien affecter négativement la rentabilité des acteurs de marché –et ainsi réduire leur nombre- et fragiliser la capacité des marchés obligataires à résister aux chocs financiers.