Polémique sur le livret A et le LDD

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Il y a quelques jours, certains se sont émus de voir une partie des dépôts du livret A mis à disposition des banques pour financer les PME. Y avait-il lieu de s’inquiéter ? Les épargnants risquaient-ils d’être spoliés ? Finalement le gouvernement a opté pour le livret de développement durable (LDD) et le livret épargne populaire (LEP). Quelle différence cela fait-il ?

Revenons sur le circuit de l’épargne investie dans l’un ou l’autre de ces produits.

Polemique sur le livret A

Livret A

1ère étape : Les particuliers déposent leurs économies sur le livret A

Aujourd’hui, ils ne peuvent le faire qu’auprès des Caisses d’épargne et de la Poste, qui ont encore le monopole des Livrets A ; elles le perdront au 1er janvier 2009. Noter que la collecte a beaucoup augmenté ces derniers temps ; en un an, le montant des dépôts sur le Livret A a augmenté de plus de 10 milliards €. Le montant (encours) total est aujourd’hui de l’ordre de 140 milliards d’euros.

2ème étape :Les fonds ainsi collectés vont à la Caisse des Dépôts (CDC)

A ce jour, la Caisse des dépôts reçoit encore 100 % des sommes collectées via le Livret A. Ce pourcentage représente ce qu’on appelle le « taux de centralisation » (sous-entendu à la CDC). Pour la CDC, il ne s’agit pas d’une ressource gratuite bien sûr, elle rémunère l’épargnant et verse une commission aux établissements qui collectent l’épargne.

Noter qu’à partir du 1er janvier 2009, elle recevra un pourcentage fixé chaque année des sommes collectées via le Livret A, le LEP et le LDD. mais qui ne pourra être inférieur à 1,25 fois l’encours de prêts habitat mentionné dans le bilan des Fonds d’épargne.

3ème étape : Gestion de ces sommes

La Caisse des Dépôts, elle, les utilise de deux manières. Une partie (un peu plus de la moitié) finance le logement social, au travers de prêts aux sociétés de HLM. Le reste est gardé au sein des fonds d’épargne mais ne dort pas dans un coffre ; il est placé, sur les marchés financiers, en produits liquides, en obligations et même en actions. Le résultat de cette gestion est entièrement reversé à l’Etat.En quoi le fait que ces sommes soient gérées par la Caisse des dépôts est-elle une sécurité pour l’épargnant ?

Parce que l’épargnant a, à juste titre, confiance dans la Caisse des Dépôts, dans sa gestion prudente, dans sa politique d’allocation d’actifs.

Les épargnants avaient-ils lieu de s’inquiéter du fait qu’une partie de ces sommes échappent à la centralisation et restent dans le bilan des Caisses d’Epargne et de la Poste puis, à partir de 2009, de l’ensemble des banques ?

Non, il n’y avait aucune crainte à avoir. Pourquoi ?

D’une part parce que d’ores et déjà, la CDC place les sommes qu’elle ne prête pas aux organismes sociaux sur les marchés financiers. Ces mêmes sommes, au lieu d’être remises dans le circuit par la Caisse, l’auraient été par les banques. Au niveau global, ça ne fait pas une grande différence. Pour l’épargnant, aucun risque particulier sur ses dépôts puisque, compte tenu des montants en cause, la Caisse gardait de toute façon la maîtrise sur l’essentiel de la gestion.

D’autre part le Livret A est garanti par l’Etat. C’est ce qui en fait le placement sûr par excellence.

Finalement cette option n’a pas été retenue. La mesure ne devrait porter que sur les seuls LDD et LEP.

LDD et LEP, comment ça marche ?

Comme le Livret A, le LDD et le LEP font l’objet d’une centralisation à la Caisse des Dépôts, mais pas dans les mêmes proportions (85 % pour le LEP, 9 % pour le LDD) et sont d’ores et déjà distribués par l’ensemble du réseau bancaire. Les montants en jeu sont plus faibles.

La mesure envisagée

Elle consiste à réduire encore le taux de centralisation pour laisser une plus grande part des dépôts dans les banques. Pas davantage que le projet, vite abandonné, d’utilisation d’une partie des dépôts du livret A, cette mesure ne doit faire naître de crainte chez les épargnants. Certes, ces sommes seront gérées par les banques et non plus par la Caisse des Dépôts. Mais, redisons-le, la Caisse, bien que les gérant pour le compte de l’Etat et de manière tout à fait prudente, les plaçait logiquement sur les marchés financiers.