Des torts partagés

la finance pour tous

Quelles que soient les critiques que l’on peut porter à leur action, les agences de notation ne sauraient être tenues pour les seules responsables ni même les principales responsables des crises financières depuis le début du siècle.

On peut souligner les responsabilités des investisseurs, qui ont partiellement renoncé à leur responsabilité d’évaluation du risque des actifs qu’ils détiennent et le délèguent aux agences de notation ou celles des États et des régulateurs qui leur ont donné un rôle de certificateur sans leur imposer de véritables cahiers des charges.

En fait, les agences participent d’un fonctionnement général des marchés qui tend à passer de situations d’euphorie où les risques sont minimisés à des situations inverses. On peut dire qu’elles tiennent leur rôle dans ce type de fonctionnement au lieu de servir à le contrecarrer. Mais peut-on leur en attribuer la seule responsabilité alors que ce ne sont pas des institutions de régulations ?

À la remorque du marché

Pour l’économiste André Orléan « l’autorité véritable, durant l’euphorie comme durant la crise, c’est le marché lui-même ; c’est de lui que dépendent les réputations et les profits ; c’est lui qui contraint les agences de notation. Ce que l’on peut reprocher à ces dernières, dans cette crise (des subprimes) comme dans les précédentes, c’est d’être toujours à la remorque du marché pour ce qui est des tendances de fond. Pour cette raison, ces agences n’ont eu aucun impact stabilisateur au cours de la période analysée. Elles ont conforté les évolutions du marché, à la hausse comme à la baisse ». (De l’euphorie à la panique : penser les crises financières, 2009)

De même dans la crise grecque, comme le souligne l’économiste Marc Touati, « les marchés sont comme ça. Une fois qu’on les oriente dans une direction, ils ont du mal à s’arrêter. Et ce qui devient dangereux, c’est que c’est « auto réalisateur« . Plus les taux d’intérêt augmentent, plus le risque de défaut augmente, et plus la notation se dégrade. Mais il ne faut pas inverser le problème. Ce n’est pas seulement un problème de notation et de dette publique, c’est surtout un problème de faiblesse de la croissance. Aujourd’hui, dans la grande majorité des pays de la zone euro, il n’y a pas assez de croissance économique simplement pour payer les intérêts de la dette. Il y a eu des erreurs de gouvernance économique de la zone euro ». (Le Monde, 29 avril 2010).

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