Croissance : révisions à la baisse

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier consacré à la crise des subprimes ont été rédigés entre 2008 et 2010. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

 

Les résultats économiques de l’Europe au 2ème trimestre 2008 ont été décevants, alors que la croissance était restée relativement soutenue au 1er trimestre : Recul de la production de 0,1 % pour l’ensemble de l’Union Européenne et de 0,2% pour la zone euro.

La baisse est sensible en Allemagne (-0,5%), en France et en Italie (-0,3%). La menace de récession (deux trimestres consécutifs de baisse de la production) se précise cependant que l’inflation, qui reste proche de 4%, semble cependant en voie de ralentir compte tenu notamment du retournement du prix du pétrole et des matières premières .

Pour des pays comme le Royaume Uni ou l’Espagne, dont le mode de croissance était, comme aux États-Unis, marqué par l’importance de l’immobilier, l’endettement ses ménages et le boom des activités financières, la conjoncture s’assombrit dangereusement. L’Allemagne, dont la croissance est largement tirée par les exportations, subit le choc du ralentissement de ses débouchés commerciaux.

En France, le ralentissement touche la consommation et les investissements immobiliers. Partout le resserrement du crédit consécutif à la crise financière fait sentir ses effets.

Aux États-Unis, pourtant épicentre de ce séisme financier, les résultats du 2ème trimestre sont meilleurs que prévu. La croissance a été de 3,3 % en rythme annuel. Mais il s’agit largement de résultats en « trompe l’œil », directement liés au plan de soutien budgétaire de 150 milliards de $ mis en œuvre au début de l’année et dont les effets devraient progressivement s’épuiser. Les prévisions pour le 3ème trimestre sont moins optimistes. On s’attend à une croissance très faible ou nulle : le secteur financier reste en mauvaise situation, la crise du crédit perdure et les profits des entreprises américaines sont en recul.

Dans ce contexte le FMI et l’OCDE ont revu leurs prévisions.

Selon la presse du 26 Août, une note du FMI non rendue publique mais dont l’existence n’a pas été démentie, revoit à la baisse les prévisions de croissance pour la fin 2008 et 2009 établies pourtant il y a un mois. Pour 2008, la croissance mondiale serait de 3,9 % (contre 4,1% prévu précédemment).

La croissance de la zone euro serait de 1,4 % (et non 1,7 %), la prévision pour les États-Unis restant inchangée à 1,3 %. Surtout, le FMI ne prévoit pas de reprise rapide. Elle n’interviendrait au mieux qu’à la fin de 2009. Globalement la croissance serait encore plus faible qu’en 2008 : 3,7% pour l’ensemble du monde ; 0,9% pour la zone € et 0,7% pour les USA.

Les nouvelles prévisions de l’OCDE publiées le 2 septembre 2008 ne concernent que 2008. Elles sont identiques à celles du FMI pour la zone euro, mais l’OCDE révise à la hausse ses prévisions pour les États-Unis soit + 1,8% au lieu de +1,2% prévu en juin. Selon cette organisation internationale, il existe en effet un risque plus important de récession en Europe qu’aux USA qui connaîtrait cependant un ralentissement dans les prochains trimestres.

En tous cas, il est maintenant exclu que la croissance française se situe en 2008 entre 1,7 et 2,2 % comme le prévoyait le gouvernement en début d’année.

Elle sera autour de 1%, a indiqué le Premier Ministre François Fillon le 1er septembre. Consommation intérieure, investissements des entreprises et exportations sont tirés vers le bas par la dégradation du pouvoir d’achat, le resserrement du crédit et la dégradation de la conjoncture internationale. Le déficit public sera mécaniquement tiré vers le haut.

Dans un rapport publié début juillet, le sénateur Philippe Marini, rapporteur de la commission des Finances du Sénat, soulignait que si la croissance de 2008 était de 1,7% au lieu de 2,25%, le déficit public s’en trouverait accru, toutes choses égales par ailleurs, d’environ 0,3 point de PIB, soit 2,8%. Avec seulement 1% de croissance, le déficit public pourrait approcher ou même atteindre le seuil des 3 points de PIB, sauf nouveau resserrement des dépenses publiques ou sociales qui risquerait à leur tour d’aggraver les problèmes de consommation et d’investissement.

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