6ème débat : pas de responsabilités dans la crise ?

la finance pour tous

En 2012, une discussion par courrier s’était tenue entre HDF Finance et La finance pour tous sur le rôle et la définition des hedge funds. Nous retranscrivons les arguments respectifs échangés à l’époque, qui restent largement d’actualité. Sixième sujet de débat : la responsabilité dans la crise de 2008.

La finance pour tous disait :

 « Au cours des dix dernières années, les hedge funds ont enregistré une croissance rapide. On estime qu’aujourd’hui près de 10 000 fonds sont opérationnels dans le monde et qu’ils gèrent 1 426 milliards de dollars d’actifs, soit plus de 700 % de plus qu’en 1995 !

Les hedge funds représentent aujourd’hui une part significative des transactions sur de nombreux marchés. Autrefois petits groupes d’entrepreneurs, ils sont aujourd’hui, le plus souvent, de grandes institutions financières qui emploient des centaines de personnes.

Compte tenu de leur importance croissante et de leur spécificité, les hedge funds éveillent des suspicions quant à leur capacité présumée à déstabiliser les marchés voire à leur faire courir un risque systémique. Si ces inquiétudes sont légitimes pour certains, les hedge funds restent néanmoins des fonds d’investissement très rentables pour les investisseurs ».

Le commentaire d’HDF Finance :

  • Les HF ne représentent que 1 à 2 % des encours gérés et utilisent dix fois moins d’effet de levier que les banques : les HF ne peuvent donc pas créer de risque systémique.

  • Les banques représentent un risque systémique : en situation de faillite elles ont été renflouées par l’Etat.

  • Les HF ne peuvent aspirer à ces traitements de faveur : ils arrivent que des HF ferment et personne ne les renfloue (sauf l’exception LTCM).

La réponse de La finance pour tous : 

Que représente l’industrie des hedge funds ?

  • Une croissance très rapide depuis une dizaine d’années et notamment depuis 2002 ( 3300 fonds en 2002, plus de 10 000 en 2007, au moment du démarrage de la crise). Sur la même période leurs actifs sous gestion seraient passés de 490 à 1 740 milliards de dollars, soit une croissance annuelle de 20 % (Hedge Funds Research, Mac Kinsey Global Institute Analysis cité par Aglietta et Rigot). Certes cela représente seulement 10 % (mais pas 1 à 2 % !) des fonds gérés collectivement dans le monde (fonds de pension, OPCVM , assurance vie etc ) et même deux fois moins que les fonds souverains. Trois précisions encore concernant les données :

  • En comptant le levier d’endettement, ces chiffres pourraient atteindre 6 trillions de dollars.

  • Intervenants extrêmement actifs sur les marchés, les hedge funds, représentaient, avant la crise, en termes de volumes de transactions, près de 40-50 % des transactions sur les deux principales places financières mondiales, le NYSE et le London Stock Exchange.

  • Avec la crise financière et son accélération brutale au 4ème trimestre 2008, la donne a changé : dévalorisation massive des actifs, ventes en « détresse », diminution des facilités d’endettement, retraits d’investisseurs, fermetures de fonds ; à coup sûr le paysage est bouleversé mais on n’en connaît pas encore avec précision toutes les données.

Reste que les chiffres fournis ci dessus disent déjà que l’influence des hedge funds sur le fonctionnement d’ensemble de la finance et les mécanismes à l’œuvre sinon dans le déclenchement de la crise financière, du moins dans sa propagation n’est pas négligeable.

Quel rôle dans la crise ?

Comme l’expose le président de l’AMF, Jean-Pierre Jouyet (article cité) « Personne ne prétend que les hedge funds sont la cause première ou unique de la crise financière que nous traversons. Mais, il ne fait aucun doute qu’ils ont exacerbé la spirale déflationniste. En conditions normales de marché, ils sont apporteurs de liquidité. Mais lorsque le marché s’est détérioré, les hedge funds ont asséché la liquidité en vendant massivement leurs actifs pour faire face aux appels de marge de leurs prime brokers et aux demandes de rachats de leurs investisseurs. Les régulateurs n’ont pas vu venir ce retournement. Comment l’auraient-ils pu dans la mesure où la plupart des hedge funds, qui – je le rappelle – travaillent de façon opaque, ne sont soumis à aucune obligation de transparence envers les régulateurs de marché, pas même sur leurs positions agrégées ou sur leur profil de risque? »

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