Révolutions

la finance pour tous

Revolutions Le banquier Matthieu Pigasse directeur général de Lazard France, par ailleurs propriétaire des Inrockuptibles et co-propriétaire du journal Le Monde publie un court essai, presque un manifeste, au titre évocateur « Révolutions ».

Un spectre hante l’Europe, nous dit l’auteur : celui du déclin dans un monde en plein bouleversement. L’Europe vit la fin de son âge d’or entamé au 16ème siècle. Les émergents deviennent dominants et les anciens dominants immergent et sombrent. Le diagnostic est sans appel. La crise en Europe est certes une crise financière du surendettement privé et public, privé puis public : victime du succès de l’Euro qui a généré trop d’argent facile, trop d’argent pas cher et mal orienté dans les pays du Sud. Mais la crise en Europe n’est pas que cela. Elle est une crise du modèle de croissance européen. Elle n’est pas que conjoncturelle, elle est structurelle, profonde et durable : population, productivité, investissement, désindustrialisation, tous les ressorts de la croissance européenne se retrouvent distendus ou cassés. C’est une crise totale : économique, financière mais aussi sociale, politique et morale : le pacte social européen est rompu. Ce qui domine désormais ce sont les inégalités, la précarité et la pauvreté

Suit en toute logique l’analyse de la révolution européenne indispensable pour empêcher un destin si funeste. Matthieu Pigasse nous dit ce que dit aussi l’économiste Michel Aglietta ( Zone Euro Eclatement ou Fédération. Michalon 2012). Le statu quo mène au scénario du pire : une dislocation de la zone euro. L’analyse des mécanismes à l’œuvre est claire, précise et documentée. Il est selon lui illusoire de considérer que le pire de la crise de la zone euro est désormais derrière nous et qu’avec ce qui est mis en place, les choses finiront par s’arranger ; la croissance reviendra et la tension financière retombera. Au contraire, le risque de dislocation de la zone euro continue d’être possible ou probable et ce serait une catastrophe pour tous, les sortants et les restants. Pour l’éviter, nous dit Matthieu Pigasse, le choix est « d’inventer le scénario du meilleur. Celui de l’intégration poussée et de la solidarité ». Mais il est aussi urgent que l’Europe réinvente un nouveau modèle de croissance, dise « oui au risque et non à la rente », et rejette la tentation du repli et du protectionnisme. L’auteur esquisse six pistes de politique économique, parmi lesquelles : faire baisser l’euro, supprimer les privilèges et mieux partager les revenus, réindustrialiser. C’est la partie la plus sommaire de cet ouvrage stimulant.

Matthieu Pigasse Plon Mars 2012, 238 pages

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