Pourquoi cette crise se révèle-t-elle plus grave…

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier consacré à la crise des subprimes ont été rédigés entre 2008 et 2010. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

 

Les banques se doivent d’enregistrer leurs pertes sur actifs. Elles doivent comme on dit « passer leurs comptes à la paille de fer »

Aux États-Unis, les pertes se révèlent massives pour la plupart d’entre elles. Seules quelques-unes ont pu afficher des résultats favorables et Goldman Sachs qui semble-t-il s’était retiré du jeu à temps, a même annoncé des bénéfices records. Les pertes sont plus inégales en Europe, fortes pour certains acteurs (UBS par exemple), beaucoup plus limitées pour nombre d’entre eux.

Le nettoyage des comptes est amplifié par les règles internationales qui imposent une comptabilisation des actifs possédés à la valeur du marché, même quand on ne les a pas vendus. De plus, la mise hors bilan des actifs titrisés dans les véhicules spéciaux de toute sorte n’est pas non plus une protection.

En fait les banques ont également plus ou moins massivement investi dans ces opérations sur leurs fonds propres. Elles ont opéré comme un véritable fonds d’investissement pour une part croissante de leur activité par rapport au métier traditionnel d’intermédiaire gérant les fonds des déposants et des épargnants et fournissant des crédits aux entreprises et aux ménages.

L’activité « fonds d’investissement » était plus rentable et elle a représenté, avant le retournement, souvent plus de 25 % des bénéfices réalisés par certaines banques, notamment aux États-Unis.

La vérité des comptes bancaires a été opérée à deux reprises depuis l’été 2007 au fur et à mesure que sont annoncés trimestriellement les résultats.

D’une part l’opacité, la complexité et l’enchevêtrement des actifs concernés font que la clarification des comptes prend du temps. D’autre part, les événements ne sont pas terminés. Le mouvement de baisse des prix immobiliers aux États-Unis se poursuit avec de nouvelles défaillances sur les crédits. Mais il n’y a pas de certitudes sur l’ampleur de cette évolution et son impact et sur la capacité des autorités américaines à l’enrayer par des politiques publiques

De plus de nouveaux chaînons connaissent à leur tour des difficultés, comme par exemple les assureurs spécialisés appelés « rehausseurs de crédits » qui ont cautionné les crédits titrisés pour améliorer la notation de ces derniers.

L’ampleur des pertes n’est donc pas encore totalement connue avec précision. On évoque des niveaux de perte proches de 400 voire 500 milliards de $ (à comparer aux 160 milliards $ annoncés au début de la crise).

En France, la Secrétaire générale de la Commission bancaire, Autorité publique de contrôle des banques a précisé le 5 février 2008 lors d’une audition à l’Assemblée Nationale, que le risque « subprime » était maintenant bien cerné par les banques françaises. Leurs comptes 2007 doivent être publiés avant le 20 février 2008.

Trois banques ont déjà fourni les informations. L’impact a été comptabilisé à un peu plus de 1 milliard d’€ par BNP Paribas (qui a annoncé néanmoins des bénéfices de plus de 7 milliards), à hauteur de 2 milliards par la Société Générale (indépendamment de  l’affaire « Kerviel ») et à 3 milliards pour le Crédit Agricole.

Une conséquence de cette crise bancaire est de diffuser ses effets sur les valeurs boursières. Le cours des actions des principales banques a été touché, ce qui a fait également baisser les principaux indices boursiers (CAC 40, DAX, etc.) et a affecté l’ensemble des valeurs.

Une telle crise ne peut rester sans impact négatif sur la croissance économique d’ensemble. Les banques ont tendance à resserrer le crédit, le moral des ménages se détériore, la consommation stagne. C’est cette tendance que les politiques économiques doivent inverser. La politique monétaire est une arme, elle n’est pas la seule ; la relance de la croissance, sans poussée inflationniste ni création de bulle, sera l’enjeu des prochains mois et années.

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