Les privilèges

la finance pour tous
Jonathan Dee écrit pour New York Times Magazine, Harper’s et Paris review. Il enseigne à l’université de Columbia. Les privilèges, son quatrième roman est le premier à être traduit en français.

dee privileges jpg « Les gens riches sont différents de vous et de moi » avait dit un jour Francis Scott Fitzgerald à son collègue Ernest Hemingway. Il en avait fait la matière même de son œuvre. Jonathan Dee reprend le flambeau. Avec un grand talent littéraire, il dresse la chronique d’un couple de privilégiés du 21ème siècle. Moins romantique que son prédécesseur , il écrit avec ce qu’il faut d’empathie , de distance et d’absence de ton moralisateur pour dresser de l’intérieur le tableau quasi clinique du monde d’un Nabab de la finance. Cela donne un livre passionnant de bout en bout.

Bienvenue chez les Morey

Le roman s’ouvre sur le mariage d’Adam et de Cynthia, un couple programmé pour réussir dont le lecteur suivra l’évolution en quatre chapitres- séquences construit chacun comme une sorte de longue nouvelle. Le premier chapitre entièrement consacré au récit du mariage, particulièrement réussi vaut à lui seul le détour. Adam est financier, sans morale excessive. Les Morey deviennent riches, très riches, extrêmement riches. Ils ont deux beaux enfants : Jonas et April.

Ils prennent l’avion privé comme d’autres le métro, achètent des Picasso, gèrent leur fondation humanitaire cependant que leurs enfants cherchent à leur tour un sens à leur vie. « Tout ce que tu as voulu, tu l’as toujours obtenu, et maintenant tes gosses grandissent de la même façon, comme une petite classe régnante. C’est effrayant » dit à Cynthia sa demi sœur. C’est effectivement là que Jonathan Dee remue le fer dans la plaie. En ce 21ème siècle, le monde de l’argent se vit, comme « un principe directeur en soi ». Les Morey forment un noyau indestructible, mais c’est une forteresse.

Jonathan DeePlon, Feux croisésMars 2011, 306 pages

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