La pauvreté n’est pas rare en France

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C’est le constat qui ressort du dernier portrait social de la France récemment dressé par l’Insee. L’autre fait marquant est que l’emploi n’est plus un rempart contre la pauvreté persistante. Eléments de détails.

Le seuil de pauvreté en France est fixé à 60 % de la médiane des niveaux de vie selon l’Insee et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes). Ce seuil atteint 950 euros par mois.

7,8 millions de personnes sont pauvres en France en 2008, ce qui correspond à un taux de pauvreté de 13 % au sein de la population française. La moitié des personnes pauvres a même un niveau de vie inférieur à 743 euros mensuels.Depuis 2005, le taux de pauvreté est stable, oscillant entre 13 % et 13,4%.

Ce taux est sensiblement inférieur à celui de l’Union Européenne (à 17%), mais supérieur à celui de certains pays européens comme l’Autriche et le Danemark (12 %) ou la République Tchèque (9%). Comme en France, le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian dans chaque pays européen.

Si le chômage est l’une des sources de pauvreté (avec un taux de pauvreté de 35,8 % parmi les chômeurs), occuper un emploi ne met pas à l’abri de la pauvreté car 1,9 million de personnes qui ont un travail vivent en dessous du seuil de pauvreté.Avoir un travail n’est même pas une protection contre une pauvreté persistante. En effet, 28 % des personnes pauvres pendant quatre ans sont en activité (contre 53 % des personnes pauvres durant un an).

A noter également que les changements familiaux, et en particulier les divorces et séparations, accroissent le risque de pauvreté. Une personne sur sept appartenant à un ménage qui connaît un divorce ou une séparation entre en pauvreté l’année suivante.

La pauvreté en conditions de vie n’est pas rare : elle a touché un Français sur cinq entre 2004 et 2007

Si la pauvreté compare le niveau de vie d’une personne à celui de la population française, le concept de pauvreté en conditions de vie s’attache à son niveau de privations. C’est donc plus une donnée qualitative qui consiste à repérer les personnes qui sont privées d’un certain nombre d’éléments de bien-être matériel.

L’indicateur de pauvreté en conditions de vie actuellement utilisé par l’Insee (depuis 2004) est fondé sur une liste de 27 privations, qui couvrent quatre dimensions de la vie quotidienne : l’insuffisance des ressources (et le recours contraint aux économies par exemple), les retards de paiement, les restrictions de consommation (comme l’impossibilité d’acheter des vêtements neufs ou de posséder deux paires de chaussures) et les difficultés de logement (comme un logement humide ou une absence d’eau chaude).Une personne est considérée comme pauvre en conditions de vie si le ménage auquel elle appartient cumule au moins 8 privations ou difficultés parmi ces 27.

En 2007, 12 % des personnes de 16 ans ou plus sont dites « pauvres en conditions de vie » : elles déclarent de nombreuses difficultés budgétaires, des restrictions de consommation ou des conditions de logement difficiles. Sur quatre ans, entre 2004 et 2007, ce sont 22 % des adultes qui ont été touchés par la pauvreté en conditions de vie.

Une pauvreté en conditions de vie qui recouvre des situations disparates

L’Insee identifie trois types de pauvreté en conditions de vie, correspondant à des groupes de personnes bien distincts. Premièrement, les personnes qui subissent la pauvreté de façon persistante et qui représentent 35 % du total du groupe. Une personne sur deux est pauvre quatre ans, et plus de huit sur dix pendant au moins 3 ans.

Ces personnes sont notamment caractérisées par un fort éloignement du marché du travail et une absence de diplôme. Les conditions familiales ou d’âge de ces personnes au sein de ce premier groupe sont, en revanche, disparates.

A noter que les personnes seules et les familles monoparentales sont plus souvent victimes de pauvreté persistante.

Le second groupe recouvre également 35 % du total du groupe. Il est représenté par des ménages jeunes, en couple avec des enfants, qui affrontent temporairement des contraintes budgétaires. La grande majorité (88 %) affronte la pauvreté une ou deux années. Puisant dans leurs économies, elles sont moins affectées par une restriction de leur consommation.

Ce groupe n’est pas éloigné du marché du travail comme le précédent car au moins l’un des deux conjoints travaille.

Il est probable que les difficultés rencontrées par une grande partie de ces personnes résultent de la survenance d’événements particuliers comme la naissance d’un enfant ou le fait d’avoir contracté un emprunt immobilier pour accéder à la propriété.

Le dernier groupe représente 30 % des personnes pauvres. Là encore, les difficultés sont passagères mais les personnes sont plus âgées que dans le groupe précédent. 44 % d’entre elles ont plus de 55 ans, contre 26 % dans la population pauvre. Elles sont plus fréquemment retraitées (46 % contre 21 %), seules ou en couple sans enfants, et propriétaires de leur logement.

Elles choisissent de réduire leur consommation courante (excepté la nourriture) pour équilibrer leur budget.

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