18e rencontres parlementaires de l’épargne 18 juin 2009

la finance pour tous

Les 18e Rencontres Parlementaires sur l’Epargne avaient pour thème « Epargne, Consommation : comment restaurer la confiance ? ». Elles ont mis à l’honneur la thématique de l’éducation financière comme moyen de regagner la confiance des Français. Pour lafinancepourtous, ces Rencontres prenaient ainsi une valeur particulière.

Le levier de l’éducation financière

La matinée a pratiquement été dédiée à l’avantage de développer l’éducation financière en France et à la problématique du crédit à la consommation, anticipant les débats de l’après-midi. On retiendra de cette matinée plusieurs messages forts à propos de l’éducation financière :

Celui d’abord de Jean Gaubert, député des Côtes d’Armor et président de la 1ère table-ronde, pour qui l’éducation financière est une réponse nécessaire à la crise de confiance des Français en leur système bancaire. Face à la dégradation de la relation banque/client, les banques doivent améliorer leur transparence sur les frais, sur les produits, parfois mêmes sur leurs modes de rémunération (par exemple, pour la distribution du crédit revolving dans les lieux de vente, quels sont les modes de rémunération entre organismes de crédit et enseignes de distribution ? …).

Frédéric Chassagne, directeur conseil chez TNS Sofres, a souligné la difficulté de mesurer les connaissances financières des Français ; la mesure la plus pertinente est celle du ressenti. A cet égard, il apparaît que, sans parler de l’assurance vie, même les livrets ne sont pas si faciles à comprendre et que les Français aimeraient en savoir plus sur la manière dont il évolue, le niveau du taux et l’explication de ce niveau. D’après le dernier sondage réalisé par la SOFRES en partenariat avec NATIXIS, 63 % des Français souhaitent être formés sur ces matières. Pour en savoir plus, rendez-vous sur l’interview de Frédéric Chassagne qui sera très prochainement en ligne dans notre vidéothèque.

Pour Reine-Claude Mader, présidente de la CLCV (Confédération du Logement et du Cadre de Vie), les principes de « transparence » et de « loyauté » doivent guider les organisations financières pour restaurer la confiance avec leurs clients. Le respect de ces attentes sera décisif. Or le cas du crédit revolving est emblématique de cette dégradation : cher, source de surendettement, mal adapté aux besoins, illisible dans ses parties contractuelles, il est source de difficultés pour l’emprunteur. Or, pour Madame Mader il faut au contraire promouvoir un « crédit plus responsable », mieux adapté aux besoins réels des emprunteurs. A propos de l’éducation financière, elle considère qu’une formation dès l’école est nécessaire mais pas suffisante, et de ce point de vue elle rappelle le rôle d’information d’organisations de consommateurs comme la CLCV et se réjouit de la place que prend lafinancepourtous dans le paysage français.

Pascale Micoleau-Marcel, déléguée générale de lafinancepourtous, se réjouissant du consensus de tous en faveur de l’éducation financière, a appelé à une mobilisation des acteurs publics et privés, pour développer des actions d’envergure vers le grand public. Partant du constat que les Français sont peu formés et pas toujours bien informés en matière financière, l’AMF a lancé en 2006 l’Institut pour l’Education Financière du Public dénommé aussi « lafinancepourtous ». La pédagogie financière c’est quoi ? C’est se poser les bonnes questions en matière de finances personnelles, savoir se débrouiller dans l’univers financier, accéder aux bonnes documentations, c’est aussi mieux gérer son budget, mieux maitriser son endettement, enrichir sa culture économique. Tout cela demande du temps, des moyens. Avec un site internet en forte croissance, des publications, des partenariats avec de grands acteurs, et la signature récente d’une convention avec l’Education Nationale, lafinancepourtous joue son rôle, dans un contexte que chacun sait aujourd’hui difficile.

L’après-midi était consacrée aux produits financiers, sur le thème « Les produits financiers peuvent-ils encore inspirer confiance ? ». Une première session était dédiée au crédit à la consommation, une seconde aux perspectives et besoins en matière de produits d’épargne.

Le crédit à la consommation

Adopté la veille par le Sénat, le projet de loi sur le crédit à la consommation était sous les feux de l’actualité.

Après que Philippe Marini, sénateur de l’Oise et rapporteur général de la Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation, en eut rappelé l’esprit, le texte a été présenté par Hervé de Villeroché, de la Direction générale du Trésor et de la politique économique (Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi).

Le crédit revolving devra par ailleurs être désigné sous le nom exclusif de « crédit renouvelable ». Enfin, la constitution d’un fichier « positif » permettant de répertorier tous les détenteurs de crédit à la consommation n’a pas été retenue, même si elle doit être étudiée dans un délai de 3 ans. Le texte sera examiné par l’Assemblée nationale à la rentrée.

Jérôme Brunel et Bruno Salmon, respectivement présidents de Sofinco-Finaref et de BNP Paribas Personal Finance, acteurs majeurs du crédit à la consommation, ont donné la dimension de ce marché en France et souligné son importance économique. Ainsi, a indiqué Jérôme Brunel, 61 % des Français déclaraient en 2007 détenir ou avoir détenu un crédit à la consommation (étude TNS Sofres/ASF), 40 % indiquant qu’ils n’auraient pas réalisé l’achat sans ce recours. Trois voitures neuves sur quatre sont financées par le crédit à la consommation, et dans la vente par correspondance, il intervient pour 40 % du chiffre d’affaires. Bruno Salmon a défendu la notion de responsabilité des établissements financiers, précisant par exemple que 32 % des demandes sont refusées et présentant les mesures mises en place par son établissement pour améliorer l’information du consommateur et la transparence des produits, et notamment le site www.moncreditresponsable.com.

Pierre Blanc, associé de la société Athling Management, qui a mené d’importants travaux sur le crédit à la consommation, et notamment publié un rapport sur le crédit à la consommation à la demande du CCSF|docu a préconisé des mesures pour aller plus loin dans la prévention et le traitement du surendettement : un enregistrement instantané online dans un fichier, le figement de la dette, le blocage de toute nouvelle sollicitation ou demande de crédit, un accompagnement sur le terrain,….

Enfin, Nicolas Revenu a regretté, au nom de l’Union nationale des associations familiales (Unaf), que n’ait pas été retenue la création d’un fichier répertoriant les encours de crédit (le « fichier positif ») et, dressant les conditions d’efficacité d’un tel outil, a souhaité qu’il puisse l’être à l’avenir.

Les produits d’épargne

Que change la crise en termes d’épargne et de placements ? Faut-il modifier la fiscalité des produits pour favoriser la relance de l’économie et contrer la méfiance envers certains produits ? On retiendra que pour Marie-Christine Lepetit, Directrice de la législation fiscale au Ministère de l’économie, si la fiscalité n’a pas d’effet sur le niveau de l’épargne, elle en a sur les comportements et les allocations choisies par les épargnants. Pourtant, plusieurs raisons plaident pour ne pas opérer de modifications à l’heure actuelle :

  • les exemples récents de déblocages facilités en vue de favoriser la consommation n’ont pas été convaincants, la plus grande partie de cette épargne ayant été replacée ailleurs;

  • orienter les épargnants vers les actions est une responsabilité qu’ils doivent être les seuls à prendre et il peut y avoir des risques de déstabilisation à le faire à un moment où les marchés sont fragilisés.

On retiendra également que s’agissant du placement en actions, un professionnel, Francis Alhaud, Directeur général de Groupama Asset Management, en a souligné l’intérêt persistant. Même si leur valeur a globalement perdu plus de 50 % en 2 ans et leur évolution récente fait mentir le principe d’un gain assuré sur une durée de détention de 10 ans, elles restent un produit à privilégier pour le long terme. La hausse du risque de taux lié aux emprunts d’entreprises (voire d’Etats) et la baisse de l’inflation leur donne un réel attrait aujourd’hui, selon lui.