Risques financiers pour les épargnants : les préconisations de l’AMF

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L’Autorité des marchés financiers a publié le 29 avril 2008 sa deuxième « cartographie annuelle des risques et des tendances sur les marchés financiers ». Elle préconise notamment un renforcement des efforts d’éducation financière.

4 risques pour les épargnants

En janvier 2007, le premier rapport avait pointé certains des risques qui ont finalement éclaté avec la crise des subprimes. L’AMF s’inquiétait à l’époque du risque d’illiquidité de certains produits complexes, et elle s’interrogeait sur la qualité et la fiabilité de certaines mesures effectuées par les agences de notation. Le rapport de cette année insiste sur certains risques de contagion de la crise au-delà du marché des subprimes.

En ce qui concerne les épargnants et les investisseurs « particuliers », le rapport identifie 4 risques :

  • le risque d’une allocation inefficiente des portefeuilles des ménages.

  • le risque d’une mauvaise commercialisation de certains produits

  • le risque de surcharge tarifaire

  • le risque de liquidité et de mauvaise valorisation des fonds

Risque de « mauvaise allocation » de l’épargne

En clair, c’est le risque que les ménages ou certains d’entre eux placent leur épargne financière d’une façon qui ne soit pas bonne pour eux.

Pour l’AMF, la probabilité que ce risque se réalise est élevée. Cela pourrait avoir un impact (c’est-à-dire un coût) élevé pour les épargnants.

Pourtant, à la fin 2006, 75 % des placements financiers des épargnants français ne comportaient aucun risque en capital (placements sur livrets et en assurance vie en Euros). « Du point de vue de la protection de l’épargnant, ce résultat pourrait apparaitre rassurant » note l’AMF. Mais ce n’est pas le cas. D’une part cela montre une insuffisante diversification des placements. Quelle que soit la situation actuelle, cette allocation fait perdre du rendement aux épargnants lorsqu’ils épargnent à long terme, comme par exemple pour préparer leur retraite. D’autre part cette situation s’explique pour une bonne part par une forte aversion des ménages pour le risque et pour la perte. Mais la peur du danger n’est pas toujours bonne conseillère. Au contraire, cela conduit les Français à avoir des comportements à contre temps des conditions des marchés en ce qui concerne les placements financiers risqués. C’est ce que montre l’évolution des placements ces dernières années. Après le choc de 2001, les épargnants sont « revenus » plutôt tardivement sur les marchés boursiers. Ils ont eu tendance à acheter des actions ou à investir dans des supports collectifs risqués lorsque les actions étaient déjà à des niveaux relativement élevés. Aujourd’hui des comportements inverses les pénaliseraient également.

 Risque de « mauvaise commercialisation »

Le deuxième risque identifié par l’AMF est celui « d’une mauvaise commercialisation de certains produits ». Il s’agit du risque que les produits vendus aux épargnants ne soient pas adaptés aux besoins de ceux qui les achètent. L’AMF juge la probabilité que ce risque se réalise plus faible que le précédent mais son coût éventuel serait assez élevé. Compte tenu de la complexité croissante de certains produits d’épargne, les épargnants peuvent mal évaluer le couple rendement/risque, « si la promotion commerciale n’est pas systématiquement accompagnée d’un conseil adapté au besoin du client ».

Risque de surcharge tarifaire

Un troisième risque, également dû à la complexité des produits, est celui d’une « surcharge tarifaire » liée à une transparence insuffisante des frais. Selon l’AMF sa probabilité est plus faible mais le coût pour l’épargnant peut être important.

Risque de liquidité

Enfin la crise des subprimes a mis en relief un autre risque : celui d’une mauvaise appréciation par les épargnants de la faible liquidité éventuelle de certains produits de placements. Selon l’AMF, si sa probabilité d’intervention reste non négligeable, son impact restera cependant limité.

L’AMF précise dans son rapport que l’identification de ces risques doit conduire à agir pour les réduire. « Les risques de mauvaise allocation d’actifs, souligne-t-elle, invitent à renforcer les efforts en matière de conseil et d’éducation financière, à l’image des initiatives déjà prises dans ce domaine avec la création de l’Institut pour l’éducation financière du public (IEFP) ».

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