Les placements des assureurs

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L’Autorité de Contrôle des Banques et des Assurances (ACP) et la Banque de France analysent  chaque année les  placements des organismes d’assurance. La 4ème étude parue dans le bulletin de la Banque de France donne pour la première fois  une vision d’ensemble sur les placements du secteur : sociétés d’assurances vie et non vie, mutuelles et institutions financières.

La part belle aux obligations

Avec 1 765 milliards d’€ de placements fin 2011, les assureurs jouent un rôle de premier plan dans les circuits de financement de l’économie française. La plus grande part (85 %, soit 1 495 Mds d’€) est constitué par les placements du secteur des  assurances vie et mixtes.

De fortes contraintes de gestion s’imposent à cette branche d’activité, notamment en termes de structure et de durée de vie moyenne des  actifs détenus. 

C’est pourquoi 73 % du total est placé en titres de créances (obligations), en légère augmentation par rapport à 2010 (72,1 %). La part des actions cotées est de 9,5 %. Elle est en diminution (11,4 % en 2010). La part de l’immobilier est  de 4,3 % contre 3,9 % en 2010.

Ces données ont été calculées en comptabilisant les titres d’actifs composant les placements des OPCVM détenus par les assureurs.

La participation du secteur des assurances aux capitaux propres des entreprises non financières  reste donc relativement limitée.  Certes, la proportion des actions est plus élevée s’agissant de l’assurance non vie (15,7 %) mais la part des placements de ce secteur dans l’assurance reste minoritaire face à celui des assurances-vie et mixtes tel qu’évoqué précédemment

Enfin , s’agissant des mutuelles et des institutions de prévoyance les structures  des placements  sont assez proches de celles de l’assurance vie.

Le secteur financier premier bénéficiaire

Le premier secteur bénéficiaire en France des placements des assurances (tous types de placements confondus)  est… le secteur bancaire et financier (19, 4% des placements). Cela tient notamment au poids non négligeable des participations intragroupe. Vient ensuite  le secteur des administrations publiques (16,3 % contre 14,4% fin  2010). Cela tient notamment à l’attractivité pour les assureurs des obligations «  sûres » c’est-à-dire assorties de garanties spécifiques et bénéficiant des meilleures notations.

4,4 % de rendement moyen

L’ACP et la Banque de France ont calculé le taux de rendement nominal moyen des titres de créances détenues par les assureurs.  Il s’établissait à 4,4 % fin 2011 quasiment inchangé par rapport à 2010 (4,5 %).

Recentrage sur la France

L’étude fait ressortir deux autres évolutions significatives :

  • Les placements liquides augmentent. Leur part dans le portefeuille global passe de 3,4 % à 5,8 %, parallèlement à la décollecte enregistrée par l’assurance-vie à partir du troisième trimestre 2011,les sociétés d’assurance devant constituer des réserves de liquidités pour faire face à une éventuelle intensification des  flux de rachats d’assurances vie. La durée de vie résiduelle moyenne  du portefeuille de titres de créance diminue donc, mais reste cependant supérieure à 8 années (8,3 années contre 8,7 fin 2010).

  • Le recentrage des placements sur la France, déjà amorcé l’année précédente, se confirme. La proportion des titres investis en France atteint 44,1 %, contre 41 % en 2010. Les investissements en titres émis par des contreparties de la zone euro hors France se réduisent en revanche sensiblement (de 34,3 % à 29,5 %), en particulier sur le compartiment des émetteurs souverains.

Désaffection des ménages pour l’assurance-vie au profit des produits d’épargne bancaire

Selon l’étude de l’ACP et de la  Banque de France, les placements financiers des ménages en 2011  ont été de  100,7 Mds d’€  (contre 108,5 en 2010). Pour la première fois depuis 15 ans, les placements en dépôts bancaires  (dépôts à  vue, dépôts réglementés et  non réglementés) ont été nettement plus élevés que le montant des souscriptions nettes de contrats d’assurance-vie (59,8 Mds contre 34 Mds d’€). Les placements en titres  repartent après une baisse en 2010 mais ils restent  d’assez faible ampleur (6,9 Mds d’€). La crise qui perdure pousse à la constitution d’une épargne de précaution d’autant plus que selon l’étude  les taux d’intérêt versés sur les livrets, et en particulier les livrets réglementés,ont bénéficié de conditions relativement attractives.

Sans surprise, compte tenu  de la volatilité des placements boursiers, les contrats en euros représentent toujours l’essentiel des flux de placements des ménages en assurance-vie (32,3 Mds  sur 34 Mds d’€).