Les pays européens en difficulté

la finance pour tous

Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier ont été rédigés au moment de la crise de la zone euro. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

Ce décryptage revient au cas par cas sur les spécificité des pays européens face à cette crise. 

La crise financière révèle les profondes divergences entre les pays européens. Elle fait basculer la Grèce qui rentre dans une grave crise économique. Elle contraint des pays comme l’Espagne, l’Irlande, L’Italie, et le Portugal à mettre en place des politiques d’austérité sévère. La France voit la note de sa dette publique dégrader.

Quant à l’Allemagne, elle fait figure de bon élève pourtant les indicateurs économiques ne sont pas toujours aussi bons qu’il n’y parait.

La première crise grecque de 2010

Elle se déclenche à la suite des élections législatives d’octobre 2009. Le nouveau gouvernement de Georges Papandréou annonce que les comptes publics ne sont pas justes et que le déficit grec est supérieur de 10 %. Quant à  la dette publique, elle représente plus de 115 % du PIB.

En janvier 2010, le gouvernement grec adopte un premier plan d’austérité afin de réduire le déficit budgétaire à 2,8 % du PIB en 2012. Plusieurs mesures de rigueur budgétaire seront décidées dans les mois qui suivent. La tension sociale augmente dans le pays.

Pour venir en aide à la Grèce, l’Euro groupe propose une première solution de refinancement de la dette publique grecque. Le 11 avril 2010, les pays de la zone euro présentent un programme triennal de prêts bilatéraux à la Grèce. Le montant initial est de 80 milliards d’euros.La Grèce refuse mais dix jours plus tard, l’agence de notation Moody’s dégrade la note de la dette grecque de A2 à A3. Les autres agence confirment cette note.

Le 23 avril la Grèce fait une demande officielle d’aide auprès de l’Union européenne pour honorer une échéance obligataire de 8,5 milliards d’euros. Le 7 mai, le Conseil européen valide un plan d’aide de 110 milliards d’euros. Sous forme de prêts bilatéraux, 80 milliards d’euros sont prêtés par les pays de la zone euro, le reste par le FMI. En contrepartie, la Grèce s’engage à suivre un plan de réduction de ses dépenses publiques de 40 milliards d’euros.

Le Portugal, l’Irlande, l’Italie et l’Espagne connaissent des difficultés

Avril 2009, l’Espagne rentre dans la crise par plusieurs canaux de transmission :

  • La dégradation de la note de sa dette souveraine qui renchérit le coût de l’emprunt.

  • La recapitalisation des Caisses d’épargnes,  touchées par la crise du crédit immobilier.

  •  La fragilité du modèle de croissance espagnol qui ne résiste pas face à la crise. (les secteurs de l’immobilier, du tourisme et du transport sont les premiers touchés par la crise). Un plan d’austérité est engagé.

Septembre 2010, l’Irlande connait un accroissement de son déficit public qui atteint 32 % de son PIB en raison du soutien apporté au système bancaire. Un mois plus tard, l’Irlande demande le soutien financier du Mécanisme européen de Stabilité financière. 85 milliards lui sont accordés avec obligation de restructurer son secteur bancaire.

Avril 2011, La dégradation de la note de sa dette souveraine par les trois agences de notation fait entrer le Portugal dans la crise. Menacé par le renchérissement du cout de l’emprunt (hausse des taux), le Portugal demande un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros. En contrepartie, la commission européenne demande au Portugal de restructurer sa dette publique.

Le 15 juillet 2011, l’Italie pour faire face à l’alourdissement  de sa dette publique (120 % du PIB), annonce la mise en place d’un plan d’austérité de 48 milliards d’euros. Ces plans ne deviendront effectifs que six mois plus tard lorsque Mario Monti est élu président du conseil à la place de Silvio Berlusconi.

La France maintient difficilement le cap

La France, déjà avant la crise, ne respectait pas les critères de ratio de dette définis par le Pacte de stabilité et de croissance. Avec la crise financière, le gouvernement  programme un plan de relance économique « pour assurer le financement de l’économie et restaurer la confiance ».

En parallèle, il décide de soutenir les six principaux groupes bancaires français puis certains groupes industriels (Peugeot, Renault, Airbus). Ces mesures entrainent un alourdissement du  déficit public alors que les rentrées fiscales, avec la crise et les nouvelles réformes, diminuent : En 2009, la dette publique est de l’ordre de 1500 milliards d’euros soit 78 % du PIB selon les critères de Maastricht.

La charge des intérêts de la dette à  la même époque approche des 50 milliards d’euros. Le 13 janvier 2012, Standard & Poor’s dégrade la note de la dette souveraine française, ce qui est confirmé par les autres agences de notation. L’Allemagne, la Finlande et le Luxembourg sont les seuls à garder leur AAA.

L’Allemagne bénéficie d’un « capital confiance »

Avec la crise, l’Allemagne s’est retrouvée  en situation de déséquilibre budgétaire : alors que la dette publique au sens de Maastricht en 2007 était de 65 % du PIB, 3 ans plus tard, elle passait à  85 % du PIB avec un déficit de 4 % du PIB.

Cette augmentation des dépenses est partiellement  expliquée par les mesures conjoncturelles que l’État allemand a pris pour soutenir le secteur financier (Janvier 2009, nationalisation partielle de la Commerzbank et mars 2009, nationalisation d’Hypo Real Estate). L’Allemagne est aussi confrontée au vieillissement de sa population.

Devant le risque d’alourdissement des budgets sociaux, le 12 juin 2009, le Bundesrat a  adopté une loi constitutionnelle de « frein à l’endettement » qui interdit au gouvernement de voter un budget en déficit. Ces efforts budgétaires conjugués au maintien de sa notation se sont traduits  par  les taux d’intérêt obligataires les plus faibles de la zone euro, signe de confiance.

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