Les actions sont-elles le placement le plus rentable à long terme ?

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Bien que rédigé en 2014 et fondé sur une étude de l’AMF de 2013, cet article n’a pas perdu de sa pertinence car il analyse des tendances de long terme. Il sera complété avec des données plus récentes lorsque celles-ci seront portées à notre connaissance.

Une étude de l’AMF publiée en 2013 montre que sur une durée de vingt-cinq années (1988 – 2013), un investissement réalisé en actions françaises et conservé sur toute la période avec réinvestissement des dividendes a procuré un rendement réel moyen de 5,81 %.

Le rendement réel moyen se définit comme la moyenne sur les 25 années prises en compte par l’étude de la somme des intérêts (ou des dividendes pour les actions, ou des loyers pour l’immobilier) et de la variation du niveau des prix de l’actif considéré (le cours des obligations, le cours des actions, le prix de l’immobilier, le cours de l’or).

Le rendement obtenu – dit rendement nominal – est ensuite « déflaté ». On obtient ainsi le rendement « réel » (c’est-à-dire après déduction de l’inflation).

Afin d’établir des comparaisons dans le temps sur les différents placements, l’étude fait appel à des indices permettant une mise à niveau identique au point de départ de la période analysée.

Ainsi, les types de placement étudiés sont tous positionnés à l’indice 100 au 1er janvier 1988. Ces indices évoluent ensuite en fonction des rendements réels calculés par les auteurs de l’étude.

Le niveau atteint par l’indice en fin de période (juin 2013) permet de calculer le rendement moyen réel annuel pour chaque type de placement.

Cette performance situe le placement en actions loin devant d’autres types de placements, comme le livret A (qui n’a offert qu’un maigre rendement moyen réel de 1,38 % par an), l’or (rendement réel moyen de 3,61 %) ou l’immobilier (rendement réel moyen de 3,76 %).

Le placement en actions françaises moins intéressant que les obligations d’État

Toutefois, le placement en actions françaises ne ressort pas comme le  meilleur placement financier sur la période analysée par l’AMF. En effet, les obligations de l’État français à 10 ans affichent sur cette période une performance supérieure à celle des actions avec un rendement réel moyen de 5,98 %.

Par ailleurs, le placement en actions a confirmé son statut d’investissement risqué.

C’est en effet le type de placement sur lequel la dispersion de la performance annuelle par rapport à la performance moyenne globale sur la période de vingt-cinq ans est la plus élevée, et de loin. L’étude indique que cette dispersion est de 23,5 %, contre à peine 7 % pour les obligations d’État françaises à 10 ans.

Cela signifie que les fluctuations annuelles à la hausse ou à la baisse de la valeur des actions sont beaucoup plus importantes pour les actions que pour les obligations (d’un multiple de l’ordre de 1 à 3), et que donc le risque de perte en capital – tout comme la possibilité de réaliser des plus-values – est bien plus élevé.

Ceci traduit l’idée selon laquelle le placement en actions est tout sauf un long fleuve tranquille : des hausses de cours importantes (2002 – 2007 puis 2009 – 2010) succèdent à des phases de repli prononcées (2000 – 2001 ; 2007 – 2008), alors que pour un placement en obligations d’État, les hausses sont plus faibles mais régulières.

Au total, sur longue période, le placement en actions françaises est tout de même rentable, mais il s’est révélé finalement moins intéressant que le placement en obligations d’État à 10 ans qui a rapporté un peu plus en moyenne et sans enregistrer de fortes baisses ponctuelles.

Les auteurs de l’étude signalent que cette bonne performance des obligations d’État, et pas seulement celles de l’État français, est liée à la baisse quasi ininterrompue des taux d’intérêt durant la période analysée.

Le placement en actions est le plus rémunérateur dans les pays anglo-saxons et en Allemagne

À l’inverse du cas de la France, de l’Italie et du Japon, le placement en actions est apparu plus intéressant que celui réalisé sur les obligations d’État à 10 ans aux États-Unis, au Royaume-Uni ainsi qu’en Allemagne.

rentabilites reelles annuelles moyennes comparees des differents types de placements

Le placement en actions n’est donc pas systématiquement le plus rentable à long terme. Il peut même se révéler l’un des moins performants, comme au Japon où la crise boursière de la fin des années 1990 puis l’apparition d’une période de déflation rampante prolongée se sont traduits par des pertes importantes pour les détenteurs d’actions.

La performance des actions dépend de la date et de la durée de l’investissement

Les actions se caractérisant par une volatilité importante de leurs cours, leur performance sera naturellement impactée par le moment du cycle au cours duquel l’investissement initial sera réalisé.

Si celui-ci est réalisé alors que le marché boursier est en phase haute d’un cycle d’appréciation, la performance finale risque d’être médiocre, voire négative. C’est le cas par exemple d’un placement qui aurait été réalisé en 2000 sur le marché boursier français. À cette époque, le CAC 40 était monté au delà des 6000 points (il a atteint son record historique le 4 septembre 2000 à 6944 points) alors qu’aujourd’hui, il se situe aux alentours des 4000/4500 points.

A l’inverse, un investissement en actions françaises effectué en 2003, alors que le CAC 40 évoluait dans une zone proche des 3000 points, se serait révélé très profitable avec un gain – hors dividendes perçus – de l’ordre de 50% en 10 ans.

L’étude de l’AMF montre toutefois qu’il en va différemment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Pour ces deux pays en effet, le placement en actions avec dividendes réinvestis s’est toujours révélé rentable quelle que soit la période d’entrée sur le marché boursier.

Enfin, l’étude de l’AMF permet également de confirmer que l’investissement en actions doit avant tout être considéré comme un placement de long terme.

Il apparaît en effet que l’allongement de la durée de l’investissement permet de gommer les fortes variations de rendement. Ainsi, les gains accumulés sur les placements effectués sur le marché boursier français en début de période et jusqu’en 1998 ont été suffisamment importants pour compenser les pertes enregistrées lors des deux chocs boursiers de 2001/2002 et de 2008.

 

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