Compétitivité

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La compétitivité d’une entreprise est sa capacité à maintenir ou à accroître ses parts de marché, c’est son aptitude à faire face à la concurrence. Mais la compétitivité s’entend aussi au niveau d’une branche ou d’un pays.

L’Union européenne définit la compétitivité comme la capacité d’un pays à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants, et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale, dans un environnement de qualité. Elle peut s’apprécier par l’aptitude des territoires à maintenir et à attirer les activités, et par celle des entreprises à faire face à leurs concurrentes.

La compétitivité prix et la compétitivité structurelle

La compétitivité-prix est la capacité à produire des biens et des services à des prix inférieurs à ceux des concurrents pour une qualité équivalente. Elle repose sur la capacité à produire une offre à des coûts inférieurs à ceux supportés par les entreprises du même secteur. Elle peut aussi s’appuyer sur une marge unitaire plus faible si les coûts de production sont identiques.

La compétitivité prix dépend :

  • des niveaux relatifs des coûts de production,

  • des marges des producteurs,

  • des niveaux du taux de change pour les entreprises qui exportent, etc.

La compétitivité hors prix, ou structurelle, est la capacité à imposer ses produits ou services indépendamment de leur prix (qualité, innovation, services après-vente, image de la marque, délais de livraisons, capacité de s’adapter à une demande diversifiée, etc.). Ce type de compétitivité demande du temps pour se construire car elle repose sur la perception de l’offre par les clients, perception qui elle-même se bâtit sur le long terme en fonction de la satisfaction procurée dans le passé. Elle exige aussi beaucoup d’investissements pour développer et maintenir la spécificité de l’offre.

La compétitivité hors-prix dépend :

  • de la qualité,

  • des innovations,

  • de la réputation, etc.

Compétitivité et niveau du taux de change

Le taux de change, et son évolution, joue un rôle important pour la compétitivité des biens et services d’une économie.

Si une monnaie s’apprécie sur les marchés des changes, toutes choses égales par ailleurs cela provoque une hausse des prix des produits exportés (un produit de 100 € vaudra toujours 100 € pour un Européen mais plus de dollars pour un Américain) se renchérissent alors que les prix des produits importés baissent.

La compétitivité prix de l’économie du pays se détériore. Cela peut être positif pour sa balance commerciale si ses entreprises conduisent principalement des stratégies de compétitivité hors-prix, comme en Allemagne, car la valeur des exportations progresse sans que leur volume baisse.

Mais cela peut se traduire par une dégradation du solde commercial, des pertes de parts de marché et des destructions d’emplois si les entreprises fondent essentiellement leurs compétitivité sur les prix, comme c’est le cas des pays du sud de l’Europe et de la France.

Les indicateurs de la compétitivité

La compétitivité prix d’une entreprise est souvent associée à la notion de productivité. Par ailleurs, qu’elle soit fondée sur les prix ou qu’elle soit structurelle, la compétitivité d’une entreprise se reflète à travers l’évolution de ses parts de marché.

La compétitivité d’un pays se mesure à travers divers indicateurs

  • La part des exportations du pays dans les exportations mondiales ou dans une région du monde.

La compétitivité de la France est souvent indiquée par la part de ses exportations dans le monde ou dans la zone euro. La part de la France dans le commerce mondial de biens atteint 2,8 % en valeur en 2020. Elle a légèrement diminué depuis 2010 (3,4 %). Ainsi, la tendance, amorcée au début des années 1990, d’une baisse de la part des grandes économies avancées dans le commerce mondial, due notamment à la montée des émergents dans les échanges mondiaux, semble se prolonger. 

  • Le prix comparé des exportations et des importations ou les termes de l’échange : il s’agit du rapport entre les prix à l’exportation et les prix à l’importation. Concrètement, les termes de l’échange représentent le pouvoir d’achat en biens et en services importés qu’un pays obtient des revenus tirés de ses exportations. Plus les termes de l’échange sont élevés, plus le pays est compétitif et plus cela se reflète à travers le solde positif de sa balance commerciale.

  • Le taux de pénétration mesure le rapport, pour une catégorie de biens, entre les importations et le total des ventes effectuées sur le marché intérieur d’un pays. Il indique la dépendance d’un pays vis à vis de l’extérieur. Plus ce taux est élevé, plus le pays a besoin d’importer des produits pour satisfaire les besoins de ses habitants. Mais son évolution, à la hausse ou à la baisse, peut aussi montrer une dégradation ou une amélioration de la compétitivité des produits nationaux vis-à-vis des produits étrangers.

  •  Le taux de couverture est le rapport entre la valeur des exportations et la valeur des importations. Plus le taux de couverture est élevé, plus le pays dégage des excédents commerciaux signalant que son économie est compétitive. Le taux de couverture peut être calculé par type de biens ou services, par secteur ou pour l’ensemble d’un pays.

Les classements de référence en matière de compétitivité

S’il existe plusieurs indicateurs pour mesurer la compétitivité d’un pays, il existe également plusieurs classements. Les principaux sont publiés par le World Economic Forum et l’Institute for Management Development, respectivement en septembre et en mai de chaque année. La méthodologie employée pour obtenir ces classements n’étant pas similaire, les deux organismes présentent des résultats différents.

Les États-Unis, pays le plus compétitif selon le World Economic Forum…

Le World Economic Forum fournit tous les ans un classement des pays selon leur compétitivité. En 2019, Singapour est considéré comme le pays le plus compétitif au monde.

Pays

Rang

Score

Variation de rang entre 2018 et 2019

Singapour

1

84,8

+ 1

États-Unis

2

83,7

– 1

Hong Kong

3

83,1

+ 4

Pays-Bas

4

82,4

+ 2

Suisse

5

82,3

– 1

Japon

6

82,3

– 1

Allemagne

7

81,8

– 4

Suède

8

81,2

+ 1

Royaume-Uni

9

81,2

– 1

Danemark

10

81,2

Source : World Economic Forum, 2019.

Ce classement est obtenu pour 140 pays, il définit la compétitivité comme un ensemble d’institutions, de politiques et de facteurs qui déterminent le niveau de productivité.

… alors que la Suisse est en tête selon l’Institute for Management Development (IMD)

Pour l’IMD, la Suisse est le pays le plus compétitif en 2021, devant la Suède et le Danemark.

Pays

Rang

Variation de rang entre 2020 et 2021

Suisse

1

+ 2

Suède

2

+ 4

Danemark

3

– 1

Pays-Bas

4

Singapour

5

– 4

Norvège

6

+ 1

Hong Kong

7

– 2

Taïwan

8

+ 3

Émirats Arabes Unis

9

États-Unis

10

Source : Institute for Management Development, 2021.

La compétitivité de la France

La France ne fait pas partie du « Top 10 » des pays les plus compétitifs. Elle n’est située qu’en 15e position du classement du WEF, soit deux places de mieux qu’en 2018. La France se situe par ailleurs à la 29e du classement de l’IMD de 2021, en hausse de 3 places par rapport au classement 2020.

Les forces de la France sont nombreuses

On peut en lister quelques-unes : situation géographique centrale, dynamisme démographique, qualité de sa main d’œuvre, qualité des infrastructures et des services publics, niveau élevé de protection sociale qui justifie l’importance des prélèvements obligatoires.

Mais elle doit faire face à plusieurs faiblesses

Selon le rapport du Conseil Économique, Social et Environnemental de 2011, La compétitivité : enjeu d’un nouveau modèle de développement, les faiblesses proviennent notamment :

  • du niveau de formation qui se dégrade,

  • de l’image de l’industrie qui est dévalorisée,

  • d’un nombre trop faible d’entreprises de taille intermédiaire,

  • d’un effort de R&D insuffisant dans le secteur privé,

  • des relations difficiles entre les entreprises et le système bancaire et

  • d’un taux d’autofinancement parmi les plus bas d’Europe.

Ces arguments sont largement repris depuis.

La compétitivité, l’objectif du gouvernement français

Le gouvernement français cherche à relancer la compétitivité du pays Après le « Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » de 2012 qui se basait sur le rapport Gallois, il a mis en place en 2014 le pacte de responsabilité et de solidarité, ainsi que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Ces mesures visent à réduire les charges patronales et donc les coûts salariaux pour que les entreprises puissent réduire leurs prix et donc gagner en compétitivité-prix.

Pourquoi  les entreprises françaises souffrent-elles d’un manque de compétitivité ?

La plupart des études et analyses qui ont été conduites sur le sujet arrivent à la même conclusion, à savoir que la faiblesse de l’investissement productif et l’obsolescence de l’outil de production rendent difficile la réalisation de gains de productivité. Ceux-ci se révèlent  ainsi insuffisants pour compenser la hausse des coûts salariaux.

Il s’ensuit une perte de compétitivité-prix que les entreprises françaises compensent en rognant sur leurs marges. La faiblesse de celles-ci pèse sur l’autofinancement des entreprises, obérant leurs capacités d’investissements productifs. Un cercle vicieux s’instaure, expliquant pourquoi la France perd de nombreuses parts de marché dans le commerce mondial de biens.

 

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