Revenu universel

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Revenu universel, revenu d’existence, revenu de base : il existe plusieurs appellations pour un même concept. Le « buzz » médiatique autour du revenu universel se poursuit, et des responsables politiques (Bernie Sanders, Andrew Yang) adhèrent à cette idée.

Avant d’aborder les aspects pratiques du revenu universel, il convient de s’arrêter sur sa définition.

Qu’est-ce qu’un revenu universel ?

Le mouvement français pour un revenu de base (MFRB) donne la définition suivante : « le revenu de base est un revenu versé par une communauté politique à tous ses membres, sans exception. »

Le revenu universel repose sur cinq piliers. Il est :

  • Universel. Il est versé à tous les citoyens, sans distinctions

  • Individuel. Il est versé à chaque individu (et non à un ménage)

  • Inconditionnel. Il est versé sans justificatif

  • Cumulable. Il est versé même si l’individu perçoit un salaire ou d’autres allocations

  • Régulier. Il est versé à des intervalles fixes

Il existe deux conceptions antagonistes du revenu universel. Pour une école de pensée « libérale », il s’agit de libérer l’individu de la tutelle de l’Etat. Pour un courant qui relève de la pensée de Karl Marx, le revenu universel doit libérer l’individu du travail. Ceci explique pourquoi des représentants politiques de partis opposés militent pour l’instauration du revenu universel.

Historiquement, le concept est apparu en 1516 dans Utopie, ouvrage de l’humaniste Thomas More. L’idée d’un revenu universel était proposée afin de mettre un terme au vol. En 1797, l’intellectuel Thomas Paine l’imagine sous la forme d’un revenu versé par les propriétaires terriens à ceux qui ne sont pas propriétaires.

Au XXème siècle, le prix Nobel d’économie Milton Friedman propose un revenu universel sous la forme d’un impôt négatif versé à tous.

Le concept a donc évolué au gré des époques et son format n’est en aucun cas « gravé dans le marbre ».

Pourquoi un revenu universel aujourd’hui ?

Né de la crainte du tarissement de la création d’emplois, le revenu universel vise à lutter plus efficacement contre la pauvreté

Lutter plus efficacement contre la pauvreté

Aujourd’hui, en France, 40 % des personnes sans domicile fixe (SDF) ne reçoivent aucune aide de la part de l’Etat selon une étude réalisée en 2015 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).

L’idée serait, grâce au revenu universel, de toucher ces populations. Pourtant, ces personnes sont d’ores et déjà éligibles au RSA et ne le touchent pas. L’automaticité du versement n’éviterait pas un certain formalisme (présentation d’une pièce d’identité, ouverture d’un compte sur lequel effectuer les  versements) que refusent certaines personnes.

Cumulable, le revenu universel permettrait de lutter contre les trappes à inactivité. Dans certaines situations, les allocations peuvent ne pas inciter à avoir une activité professionnelle.

Le revenu universel éliminerait théoriquement cet arbitrage, et inciterait les individus à avoir deux sources de revenus plutôt qu’une seule. Notons toutefois que s’il était universel, il serait forcément compensé par la fiscalité (afin que des fonds publics ne servent pas à enrichir encore plus les personnes les plus riches en termes de revenus et/ou de patrimoine).

Mieux accompagner les mutations sur le marché du travail

Le revenu universel représenterait un filet de sécurité en réponse à plusieurs tendances de fond :

  • Robotisation

Le remplacement des hommes par des machines n’est plus une fiction, il suffit de se rendre dans un hypermarché où les caisses automatiques deviennent progressivement la norme. Face à cette évolution, le revenu universel serait une réponse pour les travailleurs dont le métier serait remis en cause.

  • Déclin du salariat ad vitam

Le salariat sécurisé (contrat à durée indéterminée, ou CDI, en France) se raréfiant dans un contexte de croissance molle et de chômage à deux chiffres, le revenu universel serait un « filet de sécurité » pour tous.

  • Avènement de l’économie collaborative et solidaire

Le revenu universel permettrait de faire vivre à leurs débuts les entreprises collaboratives et solidaires. Celles-ci sont en train d’émerger à grande échelle mais elles éprouvent souvent des difficultés financières à leurs débuts.

La question du financement

Quand bien même l’idée d’un revenu universel en France serait séduisante, encore faudrait-il pouvoir la financer. Selon un rapport d’information du Sénat en date du 13 octobre 2016, le coût « brut » du revenu universel serait compris entre 300 et 700 milliards d’euros (selon que le revenu universel soit compris entre 500 et 1 000 euros mensuel).

Toutefois, ce coût serait moindre si le revenu universel « annulait et remplaçait » des allocations existantes. Le coût véritable dépend donc du degré de substituabilité des prestations sociales existantes.

L’hebdomadaire anglais « The Economist » s’est posé la question suivante pour tous les pays de l’OCDE : que se passerait-il si, pour chaque pays, on transformait l’ensemble des prestations sociales (hors santé) en un revenu universel ?

Les résultats sont frappants : sur 34 pays, 13 seraient en mesure de verser un revenu universel au moins égal à 500 euros sans dépenser d’argent. Parmi ces pays, la France pourrait dès aujourd’hui verser un revenu universel de 733 euros (pour l’année 2015).

Les critiques au revenu universel

La principale réserve concerne le coût d’une telle mesure. A l’heure où la dette de la France s’élève à 100 % de son PIB, y-a-t-il vraiment de la place pour un chantier chiffré dans sa version la plus légère à 45 milliards d’euros (proposition de Benoît Hamon lors de l’élection présidentielle de 2017) ? 

45 milliards d’euros représentent environ 2 % du PIB français. À titre de comparaison, le déficit public s’est élevé en 2018 à 2,5 % du PIB. L’instauration du revenu universel (dans la version proposée par Benoît Hamon) conduirait pratiquement à un doublement du déficit public.

Un tel déficit serait cependant supportable pour la France, au moins à court terme, mais accroîtrait sensiblement la dette publique.

 

Quatre autres critiques sont aussi communément adressées au revenu universel :

  • Les personnes les plus aisées n’ont pas besoin de recevoir un revenu universel.

  • Le revenu universel incite à l’oisiveté. Les individus n’auraient plus besoin de travailler pour gagner leur vie.

  • Aucun pays ne l’a mis en place à l’échelle nationale. Il a été testé à l’échelle locale dans certains pays (la Finlande notamment, qui a décidé d’abandonner l’expérimentation) mais il n’a jamais été appliqué à grande échelle.

  • Le travail apporte un statut, une organisation de la vie et une opportunité de carrière (non remplacées par le revenu universel).

 

    9 commentaires sur “Revenu universel”
    1. Donner le revenu universel à toute personne qui gagne moins de 2500 par mois et avec obligation d’être sur le territoire depuis plus de 10 ans comme ça cela réglera beaucoup de problèmes et cela regleras le probleme des retraites trop faible pour survivre ….

      1. Bonjour,
        C’est effectivement une proposition défendue par certains. Elle est, toutefois, débattue et le sera sans doute au cours des prochains mois à l’occasion de la campagne présidentielle.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. bonjour à tous je pense que le salaire universel et idéal tout le monde de 18 à 99 ans .
      coloration riche ou pauvre on touchera tous pareils pour les impôts on payera certes beaucoup plus mais au moins il faut arrêter l’inégalité quelqu’un qui gagne le SMIC qui travaille touche moins que quelqu’un qui est au RSA et qui a droit à toutes les prestations sociales.
      ne plus faire beaucoup plus de contrôle sur tout ce que prestation serait vraiment une très bonne idée

      1. Bonjour,
        Votre commentaire pose, entre autres, la question de la désincitation au travail provoquée par certaines prestations sociales et en particulier le Revenu de Solidarité Active (RSA). Hypothèse plausible, elle n’a toutefois pas été vérifiée dans les faits. Dans un article publié en 2014, deux économistes montrent que le RSA et le RMI, son « ancêtre », n’ont pas d’effet désincitatif marqué sur l’emploi des jeunes autour de l’âge de 25 ans. L’article est disponible ici : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1377948?sommaire=1377956. Il est, en outre, faux de dire que l’on peut gagner davantage au RSA qu’une personne rémunérée au SMIC. En effet, le RSA est actuellement fixé à un niveau bien inférieur au SMIC : 564,78 euros contre 1219 euros (montant net du SMIC mensuel). De plus, le calcul du montant du RSA tient compte des éventuelles autres prestations touchées par l’allocataire. Une aide complémentaire entraîne une baisse du montant de RSA versé. Par ailleurs, il n’est pas certain que la mise en place d’un revenu universel corrige l’ampleur des inégalités en France, dans la mesure où, comme le montrent les travaux de Thomas Piketty, celles-ci sont aujourd’hui davantage liées au patrimoine des ménages qu’à leurs revenus.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. Commençons déjà par un revenu universel égal au RSA pour un adulte (et moitié moins pour un mineur). Le complément nécessaire ne peut être universel puisque ce serait la fourniture d’un logement normé dans une zone demandée pour 1/3 du revenu disponible (ici 170 euros) conduisant à une subvention au bailleur qui pourrait être financée par la taxe foncière. Ce revenu universel couvrirait la quasi totalité des aides actuels (sauf AAH et APL) et aurait évidemment comme conséquence la refonte du système fiscal actuel. En gros il s’agirait de remplacer l’IRPP et les cotisations salariales par une grande CSG dont environ la moitié financerait ce revenu universe et l’autre des services publics gratuits (santé et éducation/formation notamment) la retraite pouvant être couverte pour 1/3 par le RU et pour 2/3 par la TVA.
      Il faut se méfier du calcul du coût de ce revenu. Si on chiffrait par exemple le coût du quotient familial, on verrait qu’il est très élevé…et ici il serait bien supprimé. En contractant le RU et la CSG on voit qu’on ne verserait en net de l’argent qu’aux personnes très pauvres (en dessous du seuil de pauvreté).

    4. Bonjour,

      Cela dépend du format retenu pour le revenu universel, ainsi que de la politique fiscale choisie. A ce titre, l’idée de revenu universel comme « impôt négatif » (imaginée par Milton Friedman) est originale. En effet, elle correspond à un versement pour les plus démunis (ils ne paient pas d’impôts) mais à une réduction marginale d’impôts pour les plus aisés (il n’y a donc pas de versement en leur faveur).

    5. dans le cas du revenu universel qui paiera des impôts sur le revenu, car actuellement une bonne partie des français n’en paient pas. et la classe moyenne en paiera t elle plus?

      1. bonjour oui tout le monde de payera un minimum d’impôt.
        je pense que ce revenu universel profitera à tous les gens qui gagne le SMIC.
        quand vous voyez les gens au RSA plus les prestations qu’ils ont il gagne plus qu’un smicard.
        ça poussera les gens à travailler pour gagner plus et ceux qui travaillent déjà dépensé plus et pour ceux qui paye déjà des impôts et ils ont payeront un peu plus.
        donc mon avis personnel et pour le revenu universel.

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