Comment gagner des millions… avec la crise grecque ?

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier ont été rédigés au moment de la crise de la zone euro. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

Ce décryptage a été rédigé à l’époque du pic de la crise de la dette publique grecque. Il permet d’analyser les événements tels qu’ils ont été vécus sur le moment. 

1. Acheter des titres de la dette grecque sur le marché secondaire où elle peut être vendue 50 % et même moins de sa valeur nominale en fonction de l’échéance et qui rapporte des taux d’intérêt très élevés de l’ordre de 15 % l’an.

Se défaire de ces titres si par hasard leur valeur remontait sur le marché secondaire si le 2e plan de sauvetage apparaît crédible aux yeux des investisseurs.

Ou compter sur le fait que s’il y a restructuration, celle-ci restera inférieure à la décote obtenue au moment de l’achat.

Attention tout de même on peut perdre – et beaucoup – si la Grèce fait défaut.

2. Spéculer en sens inverse sur la dévalorisation de la dette grecque sur le marché secondaire. C’est ce qu’on appelle prendre une position « short ».

Explication de la mécanique, exemple chiffré à l’appui, donnée récemment par l’économiste anglais Robert Skydelsky : Le 1er janvier 2010, j’emprunte à leur valeur faciale à Goldman Sachs 10 millions d’euros en obligations d’État 2016, qui se négocient alors à 0,91euro pour six mois. Pour cela, je dois payer Goldman Sachs le rendement qu’elle percevrait de ces obligations – autour de 5 % par an à ce prix, soit environ 2,5 %, ou 250 000 euros – pendant six mois. Je vends immédiatement ces obligations sur le marché, pour 0,91 euros, je perçois donc 9,1 millions d’euros (€0,91 x €10 millions à valeur nominale).

Fort heureusement, la perspective baissière se confirme en mai, alors que se confirme aussi l’ampleur des problèmes budgétaires du pays. Dès le 30 juin, date à laquelle je suis supposé rembourser les 10 millions d’euros à valeur nominale des obligations 2016 grecques à Goldman Sachs, l’obligation ne se négocie qu’aux alentours de 0,72 euro.

Donc je rentre sur le marché, j’achète 10 millions d’euros à une valeur nominale de 0,72 euros, soit 7,2 millions d’euros, et rends les certificats d’obligations à Goldman Sachs comme convenu.

Mon bénéfice pour avoir misé sur une tendance baissière est donc de 1,65 million d’euros – les 9,1 millions d’euros que j’ai perçus par la vente des obligations empruntées en janvier 2010, moins les 7,2 millions d’euros que j’ai dû payer pour les racheter le 20 juin, moins les 250 000 euros d’intérêts que je devais payer à Goldman Sachs pour six mois.

Voilà – une transaction « short » réussie.

Si la baisse n’avait pas eu lieu, c’est une perte et non un profit qui aurait due être enregistrée !

3. Spéculer avec des « CDS » sur la dette grecque qui sont des assurances qui ne jouent qu’en cas de défaut de la dette concernée (dans le jargon on parle d’évènement de crédit déclencheur du versement des assurances).

Il y a deux moyens de gagner de l’argent sur les CDS d’une dette : lorsque l’évènement déclencheur (c’est-à-dire le constat de défaut) se produit.

Ou revendre les CDS à un prix supérieur au prix d’achat. C’est le cas par exemple si l’on a acheté des CDS au début de la crise grecque ou, explique Claire Gatinois dans le Monde, « si les propriétaires de crise grecque arrivent à faire monter le prix de la prime d’assurance en faisant par exemple courir le bruit en que le pays va droit à la catastrophe ».

Sources :

Claire Gatinois : Pour les hedge funds, spéculer sur la dette souveraine peut rapporter très gros (Le Monde 13 juillet 2011)

Robert Skidelsky : Démocratie et finance (Project syndicate avril 2011)

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