La dette publique

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La dette publique correspond à l’ensemble des engagements financiers pris sous forme d’emprunts par l’État, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement. 

La dette publique évolue constamment au rythme des remboursements d’emprunts effectués par l’État et les administrations publiques et des nouveaux emprunts qu’ils contractent pour financer leurs déficits.

Si le déficit est un flux, la dette est un stock

Les ressources sont constituées par les impôts, les taxes, et autres recettes non fiscales (par les dividendes des entreprises dont l’État est actionnaire).

Les dépenses intègrent non seulement les dépenses courantes de fonctionnement (salaires, achats de fournitures et de services…), les opérations de redistributions (aides, bourses, minimas sociaux…) mais aussi les investissements (travaux d’équipement, acquisitions immobilières et mobilières des collectivités locales…) et les dépenses en capital (charges de la dette des différentes administrations publiques par exemple).

Répartition de la dette par administrations publiques

À la fin du quatrième trimestre 2022, la dette publique s’établit à 2 950,1milliards d’euros. Comme le montre le graphique ci-dessus, 80 % de la dette publique provient de l’État. Si l’on ajoute les autres organismes d’administration centrale, le total de l’État représente 82,5 %.
Les organismes de Sécurité sociale et les administrations publiques locales (collectivités territoriales) représentent respectivement 9,2 % et 8,3 % de la dette publique. L’État a, à cette date, accumulé à lui seul 2 359,7  milliards d’euros de dettes.
Rappelons que les critères européens exigent que la dette publique des pays membres ne dépasse pas la norme de 60 % du PIB (alors qu’elle est de 111,6 % du PIB en France).

La crise du Covid-19 a entraîné un fort accroissement de l’endettement public en France.

Pour rembourser la part de sa dette arrivant à échéance, L’État emprunte de l’argent sur les marchés financiers notamment par le biais d’obligations du Trésor (OAT) pour financer son déficit. L’argent nécessaire pour couvrir ces besoins est appelé besoin de financement. En 2023, le besoin de financement de l’État est anticipé à 304,9 milliards d’euros (pour financer le déficit et refinancer la dette arrivée à maturité). C’est l’Agence France Trésor (AFT) qui gère la dette de l’État.

Mesurer l’endettement public

Pour mesurer la dette publique, on la rapporte au produit intérieur brut (PIB). Ainsi, on peut comparer la dette publique à la taille de l’économie.

Depuis quinze ans, la dette publique s’est largement accrue. Elle était de 60 % du PIB au début des années 2000, a dépassé le seuil des 100 % du PIB en 2017 et atteint désormais 111,6 % du PIB.

Dette au sens de Maastricht des administrations publiques

Qui détient la dette publique ? 

À la différence des entreprises ou des ménages, les collectivités publiques ne financent pas leur dette principalement en faisant appel à du crédit bancaire mais en émettant des titres financiers (surtout des obligations) sur les marchés financiers.

Une forme d’endettement spécifique

Contrairement aux particuliers, les organismes publics, lorsqu’ils s’endettent, ne remboursent à chaque échéance que les intérêts, car ils émettent des obligations.

S’il émet une OAT à 10 ans, l’État remboursera les intérêts (par exemple 0,5 % du montant de l’obligation émise) chaque année ou chaque semestre pendant 10 ans, mais remboursera le capital en une seule fois, à l’échéance. Pour cela il se réendettera. En période d’intérêts très faibles, il semble facile de s’endetter, puisque cela ne coûte rien et parfois même rapporte (intérêts négatifs). Mais à l’échéance il faudra se réendetter pour le même montant et si les taux d’intérêt ont monté fortement, cela pourra devenir difficile pour l’Etat et son budget de faire face à la charge de la dette (coût des emprunts). 

Pour financer la dette publique, l’État émet des titres de créances négociables sur les marchés financiers sur une durée plus ou moins longue. Plus précisément, deux types de titres sont émis par l’État : les Bons du Trésor à taux fixe et à intérêt précompté (BTF) et les Obligations Assimilables du Trésor (OAT). Les OAT constituent la forme privilégiée du financement à long terme de l’État (échéances pouvant dépasser dix ans). Créés en 1985, les Bons du Trésor à intérêts annuels (BTAN) ne sont plus proposés et ne circulent plus sur le marché depuis 2017.

Les non-résidents sont les principaux détenteurs de la dette publique française.

Qui détient la dette de l'état

Selon les chiffres publiés par l’Agence France Trésor (AFT), parmi les détenteurs de la dette publique, on trouve 50,1 % de non-résidents (décembre 2022) tous titres de créances négociables confondus émis par l’État. Une proportion en hausse sensible depuis la fin du XXe siècle (en 1993, seul un tiers de la dette publique française était détenu par des non-résidents), mais en baisse par rapport à 2009 (67 %).
Pour l’essentiel il s’agit d’investisseurs institutionnels (fonds de pensions et fonds d’assurance notamment), mais aussi de fonds d’investissements souverains, de banques, voire de fonds spéculatifs.

On retrouve au sein de l’Union européenne une certaine hétérogénéité entre les pays. Fin 2021, selon les données d’Eurostat, 89 % de la dette chypriote était ainsi détenue par des non-résidents, contre moins de 25 % à Malte.

Les particuliers, détenteurs indirects de la dette publique française

Ce sont d’ailleurs également des banques et des investisseurs institutionnels que l’on retrouve parmi les principaux détenteurs résidents de la dette publique française.

L’État français emprunte donc environ un tiers de sa dette auprès des banques et des sociétés financières nationales. 12,6 % de la dette publique est détenue par des compagnies d’assurance, qui « achètent » des titres de dette française pour les placements d’assurance-vie. Les particuliers sont donc indirectement détenteurs d’une partie significative de la dette publique française. Les banques françaises en détiennent environ 7 %.

    161 commentaires sur “La dette publique”
    1. Bonjour
      Merci pour vos travaux pédagogiques.
      Je comprends évidemment la nécessité de rapporter le montant d’une dette au montant des ressources mobilisables pour la rembourser. C’est ce que fait mon conseiller à la banque quand je n’y ense pas tout seul.
      Mais dans ce cas est-il judicieux de comparer le montant du stock des dettes ( par exemple sur 10 ans ) avec le montant du PIB d’une seule année ? Quand je me suis endetté pour 210.000 euros sur 25 ans on n’a pas vérifié si je pouvais les remoursér avec mes revenus de l’année .Pourquoi ne pas faire d’une part le rapport charge annuelle de la dette / PIB de l’année, d’autre part le rapport entre le stock des dettes/ « stock » des PIB dans la même durée ?

      1. Bonjour,
        Le ratio dette publique / PIB rapporte le montant de la dette publique à l’ensemble des richesses produites sur un territoire au cours d’une année. Cela correspond à la base potentiellement taxable par l’Etat pour financer sa dette. Nous vous rejoignons, toutefois, sur le fait que cette comparaison, conventionnelle, ne renseigne pas toujours de façon précise sur la bonne « santé » des finances publiques d’un Etat. Il est alors utile d’avoir recours à d’autres indicateurs.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Nous ne comprenons pas votre interrogation. Un montant de dette s’exprime en valeur nominale. Si vous souhaitez comparer l’évolution du montant total de dette à une autre grandeur économique, vous pouvez, par exemple, rapporter ce dernier au PIB.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. Bonjour,

      Je vous devrais savoir si les ménages peuvent avoir un impact positif sur la dette (faire des actions qui permettraient de réduire la dette) ? Par exemple économiser peut être ? Si les ménages économisent est-ce-que cela aura un impact et si oui lequel et pourquoi svp ? ou peut être rembourser à terme un emprunt … ?
      Je vous remercie.

      1. Bonjour,
        L’épargne des ménages n’aura qu’un impact faible et indirect sur l’endettement public. En revanche, en supposant la disparition de toute fraude fiscale et sociale (qui ne sont pas uniquement du ressort des ménages), l’Etat économiserait, selon certaines estimations, environ 100 milliards d’euros par an.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      2. Le but recherché par les gouvernements est que la dette soit toujours soutenable c’est à dire qu’elle soit en mesure de favoriser des excédents budgétaires ce qui permettra son remboursement .Or,les excédends budgétaires sont intimement liés aux phases d’expansion caractérisées elles une augmentation de la demande globale et donc en partie de la consommation des menages.Cela dit,des comportements d’épargne de la part des menages ne sembleraient pas être une meilleure solution

    3. Les dépots sur les fonds en euros des contrats d’assurance-vie des particuliers sont-ils investis sur des OAT ou BTF ? Autrement dit, ce placement qui est toujours présenté comme « sécuritaire » serait-il compromis en cas de défaut de paiement d’un état français sur-endetté ?

      1. Bonjour,
        Les fonds en euros sont composés d’actifs considérés comme peu risqués, comme les obligations émises par l’Etat français. En cas de défaut de ce dernier, la valeur des fonds en euros diminuerait sans aucun doute. Nous sommes toutefois assez loin d’un défaut de paiement de la France : sa note souveraine a, certes, été récemment dégradé par une agence de notation, mais les finances publiques françaises restent soutenables.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    4. Bonjour,

      l’état projette une baisse de notre endettement à 108,3% et de son déficit annuel a 2,7% à l’horizon 2027. comment est ce possible à horizon 4 ans de baisser son stock de dette avec des flux annuels restant négatifs ? je pense qu’il y a un element que je dois mal saisir ou sinin l’état prévoit des cessions de biens.
      Merci pour votre réponse

      1. Bonjour,
        Une baisse du ratio dette publique sur PIB ne signifie pas forcément que le montant nominal de la dette publique diminue. Une baisse de ce ratio peut, en effet, se produire lorsque la dette publique augmente moins rapidement que le PIB : c’est ce que prévoit le Programme de stabilité 2023-2027 dont vous citez les chiffres.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    5. Quand un État, pour rembourser sa dette, contracte un autre prêt du même montant que le dernier et qu’il s’ aquite de sa dette antérieure, avec quel fond il finance désormais ces secteurs ?

      1. Bonjour,
        L’Etat emprunte généralement davantage que la valeur de la dette qu’il doit rembourser au cours d’une année. Le besoin de financement de l’Etat recouvre, en effet, le déficit budgétaire de l’exercice en cours et l’amortissement de la dette arrivant à échéance. Par exemple, selon la loi de finances 2023, le besoin de financement de l’Etat français s’élève à 304,9 milliards et le déficit budgétaire devrait atteindre 164,9 milliards d’euros. Pour des explications plus détaillées sur les modalités de financement de l’Etat, n’hésitez pas à consulter notre article disponible à l’adresse suivante : https://www.lafinancepourtous.com/juniors/lyceens/le-financement-de-lactivite-economique/comment-letat-finance-t-il-son-besoin-de-financement/
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    6. Bonjour et merci pour cet article
      Une question : un Etat peut il décider de réduire la part de détenteurs « non résidents » au profit de détenteurs « résidents », et ce faisant, augmenter son niveau de dette ?

      1. Bonjour,
        En toute généralité, un Etat pourrait, en effet, décider prendre de mesures visant à augmenter la part de détenteurs résidents. Il pourrait par exemple créer un livret d’épargne réglementé dont les dépôts seraient utilisés par les établissements bancaires pour acheter des obligations d’Etat, ou encore demander à la Banque centrale d’acquérir une partie de sa dette (dans le cas où cela serait juridiquement possible). En revanche, cela n’aurait pas d’impact direct sur le niveau de la dette : celle-ci conserve la même valeur qu’elle soit détenue par un résident ou par un non-résident.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Les conséquences peuvent être nombreuses. La première est une difficulté, voire une impossibilité, pour l’Etat de faire face à ses engagements. En effet, s’ils considèrent les finances publiques d’un pays comme insoutenables, les investisseurs vont cesser de le financer, ou alors à un coût exorbitant. La situation peut alors déboucher sur un défaut de paiement. Selon les circonstances, la Banque centrale du pays et/ou les institutions internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, peuvent intervenir pour venir en aide au pays concerné.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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