Selon le Secours Catholique, la grande pauvreté s’accroit

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Le Secours Catholique-Caritas France publie jeudi 9 novembre 2017 son rapport statistique annuel, avec le soutien de la Fondation Crédit Coopératif. Les constats issus de ces données chiffrées permettent de dessiner le paysage de la pauvreté en France, région par région.

Combattre les préjugés

Ce rapport fournit aussi de la matière pour déconstruire les préjugés envers les personnes en précarité – notamment sur la « paresse des pauvres» et le fait que les étrangers « profitent du système » – et interpeller sur le thème de la cohésion sociale.

9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté

Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, en France, a augmenté d’un million depuis la crise financière de 2008 pour atteindre aujourd’hui près de 9 millions de personnes. Ce rapport 2017 montre que les femmes, souvent seules avec des enfants, représentent une proportion croissante des personnes rencontrées par le Secours Catholique, que les couples avec enfants se précarisent aussi et que le nombre d’étrangers en situation d’extrême pauvreté augmente fortement.

Depuis 2010, le revenu mensuel moyen des pauvres n’a augmenté que de trois euros, passant de 545 euros à 548 euros, soit largement en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1 015 euros par mois, et correspond à 50 % du niveau de vie médian – le revenu médian étant la somme à mi-hauteur, sur l’échelle des revenus, entre les 50 % de personnes qui gagnent le plus et les 50 % qui gagnent le moins.  D’où le principal constat du rapport : les plus pauvres sont de plus en plus pauvres.

Pour la plupart, les personnes défavorisées sont notamment confrontées à une hausse constante du coût de la vie, dans un contexte de hausse du prix du logement et de l’énergie.

Fait marquant du rapport, les enfants sont désormais majoritaires chez les personnes prises en charge par le Secours catholique. La majorité de ces enfants (55 %) vivent au sein de familles monoparentales, et 44 % d’entre eux sont sous la responsabilité d’un adulte d’origine étrangère.

Mais les enfants vivant avec leurs deux parents ne sont pas épargnés. En 2016, les couples avec enfants ont représenté 24,2 % des ménages accueillis, soit une augmentation de deux points en cinq ans.

Hausse des seniors en difficulté

Parmi le million et demi de personnes accueillies en 2016, dont près de 700 000 enfants, le Secours catholique note aussi une augmentation significative du nombre des seniors. La part des adultes âgés de plus de 60 ans a presque doublé, passant de 5 % en 2000 à près de 10 % en 2016. Un phénomène lié à la précarisation des emplois.

Par ailleurs, l’aide alimentaire concernait, en 2015, plus de 4,8 millions de personnes, contre 2,8 millions en 2008. Il ajoute que, dès 2011, plus des 50 % de ses bénéficiaires étaient dans le circuit depuis déjà deux ans.

Plus de 30 % de « non-recours »

Enfin, selon l’association, 31 % des ménages français ou étrangers éligibles aux allocations familiales n’en touchent pas. 

Il y a également 40 % de non recours au Revenu de solidarité active (RSA) en 2016, contre 38 % en 2015. Selon l’Observatoire des non-recours aux droits et services, pour le seul RSA, 5,3 milliards d’euros ne seraient pas versés à des ayants droit. « Les raisons de ce non-recours sont multiples : complexité des procédures, manque d’accès à l’information sur ces droits, inhibition du fait d’une non-maîtrise de la langue ou encore refus d’une stigmatisation » peut-on lire dans le rapport.

Ce rapport repose sur l’analyse de plus de 85 000 situations distinctes parmi les 1 438 000 personnes – 67 000 adultes et 671 000 enfants – rencontrées en 2016 par les 67 900 bénévoles de l’association.