Quel avenir pour le Zimbabwe ?

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Robert Mugabe, à la tête du Zimbabwe depuis 1980 vient d’être remplacé par Emmerson Mnangagwa. Ce pays très pauvre, sans réelle monnaie et à l’économie ravagée, peut-il rebondir ?

Le Zimbabwe : une économie en lambeaux

En avril 2009, le dollar zimbabwéen était officiellement abandonné. Cette situation exceptionnelle faisait suite à un épisode d’hyperinflation qui fut le deuxième plus violent de l’histoire (après la Hongrie en 1946). A l’été 2008, les prix augmentaient d’environ 80 % par mois ! La monnaie, sans aucune valeur, a été délaissée par les consommateurs, puis par l’Etat.

L’abandon de la monnaie nationale

L’économie du Zimbabwe était en situation difficile depuis l’indépendance (qui s’est fait en plusieurs étapes avec la division de l’ancienne Rhodésie entre l’actuelle Zambie et le Zimbabwe). Depuis 1980, Robert Mugabe a été à la tête du pays (en tant que premier ministre jusqu’en 1987, en tant que président ensuite). De multiples conflits dans les années 1970 et 1980, tant internes qu’externes, ont affaibli le pays et son économie. En 2000, Robert Mugabe a décidé d’exproprier les propriétaires terriens blancs, ce qui a entrainé une chute de l’investissement et de la production agricole, le principal pilier de l’économie du pays. Pour tenter de faire face à la crise et de résoudre ses problèmes budgétaires, le gouvernement a créée de plus en plus de monnaie, ce qui a dégénéré en une spirale hyper inflationniste culminant en 2008-2009 avec l’abandon du dollar Zimbabwéen.

L’utilisation de devises étrangères

Quel avenir pour le Zimbabwe ?Depuis 2009, le Zimbabwe utilise des devises étrangères, principalement le dollar et le rand sud-africain. Cela pose deux problèmes. Le premier est que, sans monnaie domestique, il n’est plus possible de mener une politique monétaire autonome.

Le second problème est le manque de monnaie. En effet, pour obtenir de la monnaie étrangère, il faut soit exporter plus qu’on importe (excédent commercial) ou attirer des investisseurs étrangers. Or, dans un pays en grande difficulté comme le Zimbabwe, l’un comme l’autre sont très difficiles à réaliser. Il en résulte un manque important de monnaie qui paralyse l’économie. Au Zimbabwe, les habitants sont souvent contraints à dormir devant les banques, parfois plusieurs nuits de suite, pour espérer retirer un peu d’argent à l’ouverture, tant la distribution de dollars est rationnée.

En 2016, le Zimbabwe a tenté de relancer une nouvelle monnaie basée sur le dollar. Cependant, du fait d’une économie dans une situation désastreuse et de la faiblesse des réserves de la banque centrale en dollars, cette monnaie peine à conquérir la confiance du public, et les problèmes monétaires du pays ne se sont pas vraiment améliorés.

Le Zimbabwe après Mugabe

En raison de son âge (93 ans), la succession de Robert Mugabe se posait avec insistance. Le 15 novembre, un coup d’Etat a été lancé par l’armée. Après plusieurs jours d’incertitude, qui n’ont pas déclenché de violences importantes contrairement à ce qui avait un temps été craint, Emmerson Mnangagwa, ancien vice-président, devient le nouveau président du pays le 24 novembre 2017.

La politique d’Emmerson Mnangagwa ne devrait pas marquer de changement notable. En effet, il a longtemps été un partisan fidèle du régime et a régulièrement appliqué la politique répressive de Robert Mugabe.

Du fait de la politique agressive du président Mugabe et de nombreux arriérés de paiement, le Zimbabwe peine à trouver des financements externes, ce qui l’empêche de stabiliser sa  situation monétaire.

Une possibilité pour le pays serait, dans la mesure où Emmerson Mnangagwa parviendrait à regagner une certaine confiance auprès de financeurs étrangers (qu’ils soient privés ou multilatéraux, comme le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale), de pouvoir obtenir des prêts en dollars.

Ainsi, en palliant le manque de monnaie, l’économie pourrait retrouver une croissance soutenue. Ou alors, appuyé sur des prêts en dollars, le pays pourrait lancer une nouvelle monnaie plus stable et ainsi améliorer le financement et le fonctionnement de son économie.

Cependant, même dans le scénario le plus optimiste, la route est encore longue avant que le gouvernement ne résolve les principales difficultés économiques et parvienne à améliorer le niveau de vie de la population.