Quelques précisions sur l’Eurogroupe
L’Eurogroupe n’est pas, à proprement parler, une institution de l’Union Européenne, ni-même de la zone euro.
Elle est une « simple réunion » des ministres des Finances des pays membres de la zone euro qui se réunissent chaque mois à Luxembourg, la veille des réunions du Conseil ECOFIN. La France y est représentée par Bruno Lemaire. Cependant, au fil du temps, elle est devenue une instance décisionnelle importante en matière de politique économique et monétaire au sein de la zone euro. L’Eurogroupe a pris ce nom lors du Conseil de Nice (décembre 2000), le traité de Lisbonne, en 2009, reconnait la nature « informelle » de l’Eurogroupe.
Le Conseil de l’Union Européenne siège à Bruxelles, il est une des principales institutions de l’Union Européenne avec la Commission Européenne et le Parlement Européen. Il réunit les ministres de tous les pays de l’Union Européenne sur leur sujet de compétence, par exemple les relations extérieures, l’agriculture et la pêche, les transports… Les ministres de l’économie et des finances, pour leur part, se réunissent au sein du Conseil ECOFIN. Le Conseil ECOFIN (ou, selon son appellation exacte : Conseil pour les Affaires économiques et financières) est une des « branches » (ou formations dans le jardon européen) du Conseil de l’Union Européenne.
Le manque de clarté concernant le fonctionnement de l’Eurogroupe et la portée de son pouvoir est l’objet de critiques récurrentes. On lui reproche notamment son fonctionnement opaque et son caractère peu démocratique.
Ces dernières années, il a notamment appuyé les politiques d’austérité (baisse des dépenses publiques et hausse des impôts) dans les pays en crise (Grèce, Portugal, Espagne, Irlande…), ce qui a été l’objet de vives critiques. En effet, la politique d’austérité est pointée du doigt pour avoir renforcé la dureté de la crise et conduit à une forte hausse du chômage et de la pauvreté.
Les propos de Jeroen Dijsselbloem avaient alimenté la polémique. Son attitude hautaine vis-à-vis des pays en crise lui avaient été reprochée, notamment lorsqu’il avait déclaré à l’intention des pays méditerranéens jugés trop dépensiers qui demandaient l’aide des pays « vertueux » d’Europe du nord : « Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps et les femmes et ensuite réclamer leur soutien ».
Qu’attendre de l’élection de Mario Centeno ?
Mario Centeno vient d’être élu pour deux ans et demi à la tête de l’Eurogroupe par ses membres, c’est-à-dire par les autres ministres de l’économie et des finances de la zone euro. Economiste de formation, orienté à gauche, il est ministre des finances du Portugal depuis 2015 dans le gouvernement socialiste d’Antonio Costa.
L’élection de Mario Centeno pourrait marquer un tournant concernant la politique économique menée en zone euro. En effet, il s’était opposé aux politiques d’austérité demandées au Portugal. Cependant, il s’en est tenu à une gestion rigoureuse des finances publiques.
A court terme, les nuages s’éloignent sur la zone euro : la croissance revient (y compris en Grèce où le PIB devrait croitre de 2,1 % en 2017 selon le World Economic Outlook) et l’élection d’Emmanuel Macron a redonné un souffle à la construction européenne.
Pourtant, l’euro demeure une monnaie incomplète, minée par ses divergences entre les pays du « cœur » (Allemagne, Pays-Bas, Autriche…) et les pays « périphériques » (Grèce, Portugal, Chypre…). Emmanuel Macron, qui propose une intégration renforcée des politiques économiques et une plus grande solidarité budgétaire entre les pays partageant l’euro s’oppose à la réticence de l’Allemagne qui voit toute solidarité budgétaire comme un transfert des contribuables allemands vers les pays méditerranéens. Bref, Mario Centeno aura fort à faire pour arbitrer entre la vision des uns et des autres.