Du troc pour commercer avec l’Iran

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Depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, les entreprises qui commercent avec l’Iran risquent des sanctions américaines. Des pays européens ont mis en place un mécanisme permettant d’éviter ces sanctions.

Pourquoi est-il si difficile de commercer avec l’Iran ?

Du troc pour commercer avec l’IranEn 2015, les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Union européenne et l’Iran signaient le JCPoA (Joint Comprehensive Plan of Action), un accord sur le nucléaire iranien. En échange de la levée des sanctions économiques qui le frappaient, l’Iran acceptait de renoncer à son programme nucléaire.

Mais l’élection de Donald Trump en 2016, grand critique de cet accord signé par Barack Obama, a changé la donne. Le 8 mai 2018, les Etats-Unis sont officiellement sortis de l’accord sur le nucléaire iranien et ont réimposé des sanctions économiques à l’Iran. Ils menacent également les entreprises des autres pays qui continueraient à commercer avec l’Iran.

Plus précisément, toute entreprise continuant à commercer ou à investir en Iran et qui est aussi présente aux Etats-Unis, qui utilise des composants fabriqués aux Etats-Unis, ou qui échange en dollars peut être visée par les sanctions américaines. Au vu du poids du dollar et du marché américain dans l’économie mondiale, toutes les multinationales peuvent être concernées par ces sanctions.

Pour l’Union européenne, la posture américaine est jugée très sévèrement. En effet,  les Etats-Unis imposent leurs vues aux autres pays et les obligent à suivre leur politique étrangère. C’est pourquoi les Européens étaient à la recherche d’un moyen de commercer avec l’Iran tout en contournant les sanctions américaines.

Le troc pour ne pas utiliser le dollar

Le 31 janvier, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont mis en place un mécanisme de troc appelé Instex pour commercer avec l’Iran.

Le système, assez complexe, se présente sous la forme d’une chambre de compensation. C’est-à-dire qu’une entreprise iranienne pourra vendre des marchandises (du pétrole notamment) à une entreprise européenne et se voir ouvrir un crédit auprès de la chambre de compensation. Ce crédit pourra ensuite être utilisé pour l’acquisition d’autres marchandises, sans qu’il y ait de transfert d’argent.

L’entreprise française Durant achète pour 100 € de pétrole à Téhéran Pétrole. Téhéran pétrole souhaite ensuite acheter des équipements pour 100 € à l’entreprise allemande Müller. Téhéran pétrole disposera, grâce à son exportation de pétrole, d’un crédit de 100 € auprès de la chambre de compensation qu’elle utilisera pour importer le matériel produit par Müller. Ensuite, le transfert des 100 € se fera directement de Durant à Müller.

Pour l’instant, le mécanisme Instex a surtout une portée symbolique visant à montrer que les Européens ne souhaitent pas se plier aux exigences de Donald Trump. En effet, avant que ce mécanisme soit pleinement opérationnel, l’Iran doit créer une structure équivalente à Instex.

D’autres pays européens pourraient cependant se joindre à l’initiative franco-germanico-britannique et, à terme, des flux commerciaux réguliers pourraient se développer entre l’Europe et l’Iran.