Pouvoir d’achat : le bilan du quinquennat Macron

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Le thème du pouvoir d’achat des ménages se trouve au centre des débats de la campagne électorale en cours. Une étude récente de l’OFCE s’est justement penchée sur l’évolution du pouvoir d’achat en France depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Si, selon cette étude, les ménages ont vu leur pouvoir d’achat globalement augmenter, ce sont les ménages les plus aisés qui ont le plus bénéficié des réformes menées au cours du quinquennat. Décryptages.

Une hausse globale du pouvoir d’achat des ménages entre 2017 et 2022

Le pouvoir d’achat des ménages a-t-il augmenté sous le quinquennat Macron ? Une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), parue le 17 mars, répond par l’affirmative. Selon cette étude, le pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation a, en effet, augmenté de 0,9 % par an. Ce chiffre est comparable à la croissance moyenne de 0,95 % par an au cours des trois dernières décennies et dépasse largement les gains de pouvoir d’achat enregistrés pendant les quinquennats Sarkozy et Hollande. Les bons résultats enregistrés en termes de pouvoir d’achat au cours de la présidence Macron sont toutefois assez comparables à ceux constatés en moyenne au sein des autres pays européens.

Impact des mesures socio-fiscales de la présidence Macron en fonction du niveau de vie

Qu’est-ce que le pouvoir d’achat ?

Le pouvoir d’achat désigne la capacité, pour les consommateurs, d’acheter des biens et des services avec leurs revenus. Il dépend directement de deux facteurs :

. le revenu disponible brut des ménages, à savoir l’ensemble des revenus (salaires, dividendes, etc.) et des prestations sociales reçus moins le total des cotisations sociales et impôts versés par les ménages ;

. l’inflation, c’est-à-dire l’augmentation du niveau général des prix.

Le pouvoir d’achat des ménages augmente lorsque le revenu disponible progresse plus rapidement que les prix. Il dépend aussi de la taille des ménages : à revenus égaux, le pouvoir d’achat n’est pas le même dans une famille de 2, 4 ou 6 personnes. Afin de tenir compte des différences dans la taille des ménages, les études, dont celle de l’OFCE citée ci-dessus, s’appuient sur la notion de pouvoir d’achat par unité de consommation (UC) : le premier adulte du ménage représente 1 UC, toute autre personne de plus de 14 ans compte pour 0,5 UC et chaque enfant de moins de 14 ans vaut 0,3 UC.

Des gains de pouvoir d’achat inégalement répartis au sein de la population

Même si l’étude de l’OFCE montre que, quel que soit leur niveau de vie, toutes les tranches de la population ont vu leur pouvoir d’achat s’améliorer en moyenne, elle souligne que ces gains sont très inégalement répartis au sein de la population. Selon l’OFCE, les gains de pouvoir d’achat liés aux mesures socio-fiscales mises en œuvre au cours des 5 dernières années ont surtout, en effet, profité aux classes moyennes et aux ménages les plus aisés. Ainsi, le revenu disponible des ménages appartenant aux 5 % les plus aisés augmente, en moyenne, de 1 720 euros par unité de consommation en raison des mesures socio-fiscales mises en œuvre entre 2017 et 2022. Pour les 5 % des ménages les plus modestes, le gain n’est, en comparaison, que de 65 euros par unité de consommation.

Impact des mesures socio-fiscales de la présidence Macron en fonction du niveau de vieLes gains de pouvoir d’achat pour les classes moyennes s’expliquent notamment par la suppression progressive de la taxe d’habitation, la revalorisation de la prime d’activité et la défiscalisation des heures supplémentaires. Pour les ménages les plus aisés, la forte augmentation du pouvoir d’achat est à relier à la mise en œuvre du prélèvement forfaitaire unique (PFU) et à la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et son remplacement, en 2018, par l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) – au rendement bien moindre.

Que disent les autres études ?

L’exercice auquel s’est livré l’OFCE est particulièrement délicat : il s’agit de simuler l’évolution des revenus de la population en l’état de la législation de 2017, au moment de l’arrivée au pouvoir d’E. Macron, et en tenant compte des réformes mises en œuvre. Une telle étude est donc soumise à de fortes hypothèses portant notamment sur le comportement des agents économiques. Toutefois, les résultats présentés ici sont relativement cohérents avec ceux mis en avant par l’Institut des politiques publiques (IPP), qui s’est livré à un exercice similaire. Selon l’IPP, le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes n’a que peu augmenté, la plus grande partie de gains de pouvoir d’achat se concentrant sur les ménages de la classe moyenne. De plus, les calculs de l’IPP soulignent également que les ménages les plus riches ont été les grands gagnants de la politique économique d’E. Macron en matière de pouvoir d’achat.