Peut-on faire confiance aux économistes ?

L’économie est fréquemment sous le feu des critiques. On lui reproche, pêle-mêle, son caractère faussement scientifique, l’abus de mathématiques, les hypothèses invraisemblables de ses modèles, le manque de précision de ses prévisions, la froideur de ses prévisions… 

Dani Rodrik, professeur à Harvard et comptant parmi les économistes les plus influents de notre époque, aborde de front toutes ces questions. Comme il le dit « il n’y a pas plus sévère critique des économistes que les économistes eux-mêmes ».

L’auteur aborde la question de la modélisation, centrale en économie. Comme on ne peut pas prendre en compte toute la complexité d’une économie, on est obligé de s’en remettre à des modèles, par définition simplificateurs. Sans se faire d’illusion sur les limites d’une telle démarche, l’auteur défend le caractère scientifique de l’économie. La modélisation, appuyée ou non sur des modèles mathématiques, a bien selon-lui valeur de science.

Cependant, l’auteur montre comment les modèles, mal utilisés, peuvent être trompeurs. Il cherche à expliquer la façon de procéder pour construire un raisonnement rigoureux et comment mettre en relation la théorie et les modèles appliqués.

Le livre se termine par un chapitre au titre évocateur : « Quand les économistes se plantent ». Si l’auteur défend l’utilité et la pertinence de l’économie, il a les yeux bien ouverts sur toutes les erreurs que les économistes peuvent commettre, et qu’ils commettent souvent.

Un livre, dans l’ensemble, aussi intéressant qu’agréable à lire, pas jargonneux, parsemé d’exemples, voire de blagues. Comme celle-ci :

« Un économiste, un médecin et un architecte voyagent ensemble en train. Leur discussion vise à établir laquelle de leurs professions respectives est la plus honorable. Le médecin souligne qu’ayant créé Eve à partir de la côte d’Adam, Dieu doit être chirurgien. L’architecte s’en mêle et déclare : « Avant qu’existent Adman et Eve, l’univers a été créé à partir du chaos, et c’est là sans aucun doute un fait d’architecture. » A quoi l’économiste répond « Et d’où croyez-vous qu’est venu le chaos ? »