Pourquoi le déficit commercial s’est-il creusé ?
Après avoir chuté de 2 % en mai, les exportations françaises ont rebondi en juin (+ 1 %). La bonne tenue des exportations aéronautiques, spatiales et pharmaceutiques sont à l’origine de ce rebond.
Pourtant, dans le même temps, les importations ont augmenté légèrement plus vite (+ 1,4 %), ce qui explique le creusement du déficit commercial. En effet, le déficit commercial signifie qu’un pays importe plus de biens qu’il n’en exporte. Si les importations augmentent plus vite que les exportations, ce déficit s’accroit mécaniquement. Dans le cas français, le déficit commercial est passé de – 6 milliards d’euros en mai à – 6,2 milliards d’euros en juin.
La raison principale de l’accroissement des importations tient à la hausse du prix des hydrocarbures et autres matières premières. Cela explique la détérioration de la balance commerciale vis-à-vis de l’Afrique et du Moyen-Orient, régions exportatrices de matières premières.
Est-il grave d’avoir un déficit commercial ?
Après les chiffres médiocres de la croissance française au second trimestre (+ 0,2 %), le déficit commercial croissant alimente de nombreux commentaires alarmistes, notamment du fait de la difficulté de la France à gagner des parts de marché dans le commerce mondial.
Pourtant, avoir un déficit commercial n’est pas, en soi, une mauvaise chose. Cela peut traduire une forte croissance et un fort investissement, source d’importations qui pénalisent la balance commerciale. Inversement, un excédent commercial peut être dû à une consommation et un niveau d’investissement déprimés, synonymes de croissance économique en berne.
Dans le cas français cependant, le déficit commercial s’explique en partie par de « bonnes raisons » (le dynamisme relatif de l’investissement qui a progressé de 0,7 % au second trimestre 2018, après 0,1 % au premier trimestre), mais aussi par de « mauvaises raisons », à savoir la difficulté chronique des entreprises françaises à exporter.
De plus, pour estimer la situation extérieure d’un pays, il faut regarder au-delà du simple solde commercial et plutôt s’intéresser au solde courant.
Le solde commercial ne considère que les échanges de marchandises. Le solde courant inclut quant à lui les échanges de services et divers transferts (comme les transferts de revenus du patrimoine et du travail des expatriés). Le solde courant, plus général et déterminant le besoin ou la capacité de financement extérieur d’un pays, est généralement préféré au solde commercial pour estimer la situation économique d’un pays.
En France, si la balance commerciale est déficitaire d’environ 60 milliards d’euros (environ 3 % du PIB) par an, les services et les revenus primaires sont eux en excédent (principalement du fait des revenus du tourisme et des profits des entreprises françaises réalisés à l’étranger). Si bien que le déficit courant français est sensiblement plus faible que le déficit commercial.
D’ailleurs, le déficit du solde des transactions courantes s’est légèrement réduit en juin, à – 2,3 milliards d’euros contre – 2,9 milliards en mai.
En résumé, la situation extérieure de la France présente un déficit courant d’environ 1 % du PIB, un niveau qui traduit certes des difficultés à l’exportation pour l’industrie française, mais qui ne fait pas naître d’inquiétudes quant à la stabilité macroéconomique du pays.