Pouvoir d’achat : les annonces d’Emmanuel Macron

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En réponse au mouvement des « gilets jaunes » le Président de la République a annoncé le 10 décembre 2018 une série de mesures destinées à augmenter les revenus des ménages modestes : SMIC, retraite, heures supplémentaires, primes. Reste à savoir qui va payer ces mesures.

Pouvoir d’achat : quatre mesures phares

Dans le but d’augmenter le pouvoir d’achat des classes moyennes, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures qui se regroupent principalement en quatre axes :

100 €/mois supplémentaires pour les travailleurs payés au SMIC

« Le salaire d’un travailleur payé au SMIC augmentera(it) de 100 € dès 2019, sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur ».

C’est ce qu’a déclaré Emmanuel Macron. Mais dans les faits, il ne s’agit pas à proprement parler d’une hausse du salaire minimum de 100 € par mois. En effet, le salaire minimum sera revalorisé au 1er janvier 2019 de 1,8 % selon la règle de sa revalorisation automatique, ce qui correspond environ à une hausse de 20 € par mois.

Les 80 € restants correspondent a priori à une hausse de la prime d’activité qui devait être revalorisée tout au long du quinquennat, mais qui sera augmentée en une seule fois au 1èr janvier 2019. Selon certaines sources, serait également incluse dans le calcul une baisse des charges sociales pour 20€, mais cela reste bien flou !

Défiscalisation des heures supplémentaires

Emmanuel Macron a annoncé que les heures supplémentaires ne seront plus soumises aux cotisations salariales et à l’impôt sur le revenu. La « désocialisation » des heures supplémentaires, c’est-à-dire leur exonération de cotisation patronale était prévue pour septembre 2019 mais elle pourrait être avancée au début de l’année. Un bonus donc pour la partie « non-imposition » de ces heures supplémentaires.

Cette mesure, qui avait déjà été mise en place par Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 vise à rendre le travail plus rémunérateur. Son impact ne concernera que les personnes effectuant des heures supplémentaires, soit environ 8 millions de salariés.

Baisse de la CSG pour les « petites » retraites

Le gouvernement avait augmenté en 2018 la CSG (Contribution sociale généralisée) qui est un impôt assis sur l’ensemble des revenus des personnes résidant en France. Pour les salariés, cette mesure a été plus que compensée par la baisse des charges salariales dont les intéressés ont bénéficié en deux fois cette année.

En revanche, les retraités n’ont bénéficié d’aucune compensation. Pour la plupart d’entre eux, leur retraite a été amputée de 1,7 % correspondant à la CSG passée de 6,6 % à 8,3 %. Afin de protéger les petites retraites, le gouvernement avait dans un premier temps exonéré les retraités percevant moins de 1 200 € par mois de cette hausse de la CSG.

Afin de redonner du pouvoir d’achat aux retraités, Emmanuel Macron a annoncé que le seuil en dessous duquel les retraites sont protégées de la hausse de la CSG serait relevé à 2 000 € pour une personne seule.

Prime volontaire des entreprises

De façon à inciter les entreprises à verser des primes à leurs salariés celles-ci seront exonérées d’impôts et de charges sociales dans la mesure où elles ne dépassent pas 1 000 €.

Cette mesure est cependant basée sur le volontariat et laissée à la libre appréciation des entreprises. De plus, il n’est pas certain qu’elle puisse être appliquée d’ici la fin de l’année.

Comment financer ces mesures ?

Ces différentes mesures devraient coûter environ 10 milliards d’euros par an à l’Etat. Ce montant se répartirait de la façon suivante :

  • La défiscalisation des heures supplémentaires : environ 3,5 milliards d’euros
  • La défiscalisation des primes : environ 500 millions d’euros, si on considère que les entreprises les auraient donné de toute façon
  • La baisse de la CSG sur les retraites inférieures à 2 000 € : environ 1,5 milliard d’euros.
  • La hausse du SMIC (ou plus précisément de la prime d’activité) : environ 4,5 milliards d’euros.

Cette somme devrait être empruntée par l’Etat puisque le Président de la République a écarté les hausses de taxes, et notamment la réinstauration de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune). Le déficit public devrait ainsi augmenter d’environ 0,5 % du PIB et pourrait atteindre 3,5 % du PIB en 2019, mettant à mal les engagements budgétaires français (le déficit maximal théoriquement autorisé en zone euro est de 3 % du PIB).

Ces annonces ont attisé la nervosité des investisseurs comme l’indique la légère hausse du spread entre le taux des emprunts de l’Etat français et celui de l’Etat allemand. Cela signifie que les investisseurs considèrent désormais que la dette publique française est légèrement plus risquée du fait de la hausse attendue du déficit public.