Patrimoine financier des Français en 2018 : plus de 5 000 milliards d’euros

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L’INSEE a publié cette année un état du patrimoine des ménages français pour l’année 2018 comparé à celui des années 1998, 2004, 2010 et 2015. Cette étude est à rapprocher des statistiques déjà fournies par la Banque de France à la fin du second trimestre 2018 sur le montant des placements financiers – 5 106,8 milliards €, dont une grande majorité investie sur des placements à court terme.

L’évolution des 3 grandes composantes du patrimoine des ménages

Patrimoine des Français en 2018 : plus de 5 000 milliards d’eurosDébut 2018, 88,7 % des ménages situés en France métropolitaine détiennent des produits financiers, 61,6 % disposent d’un bien immobilier et enfin 14,9 % d’un patrimoine professionnel. 12 % des ménages possèdent à la fois un patrimoine immobilier, financier et professionnel. Depuis 2015, la détention de patrimoine a globalement baissé de 1,1 % pour le patrimoine immobilier et de 1,6 % pour le patrimoine financier. Le patrimoine professionnel est resté stable sur la période 2015/2018.

Taux de détention des principaux actifs

 

1998

2018

Patrimoine immobilier

58,5

61,6

Résidence principale

53,3

57,7

Autres logements

18,1

17,7

Patrimoine financier

90,3

88,7

Livret d’épargne

83,5

83,8

Livrets défiscalisés

82,5

83,4

Livret A ou Bleu

64,4

73,2

LDDS (ex-LDD ou Codevi)

37,6

35,0

LEP

14,4

18,7

Livret jeune

17,3

12,6

Livrets soumis à l’impôt (livret B, livret Orange)

6,2

6,0

Épargne logement

40,9

33,2

Plan d’épargne logement (PEL)

34,5

27,6

Compte épargne logement (CEL)

16,3

13,5

Assurance-vie et ensemble épargne retraite

40,9

45,6

Assurance-vie

28,9

39,0

Épargne retraite (y c. PERP)

9,2

13,5

Plan d’épargne populaire (PEP)

14,9

2,1

Valeurs mobilières

21,2

15,6

Épargne salariale

12,7

13,9

Ensemble autres produits financiers

4,8

3,7

Patrimoine professionnel

14,9

Source : INSEE enquêtes Patrimoine 1997-1998, 2003-2004, 2009-2010, 2014-2015 et HVP 2017-2018.

Evolution des taux de détention pour chacun des différents produits

Les produits de taux réglementés

La part des ménages détenant un livret défiscalisé diminue en 2018 par rapport à 2015 (-2,2 %). Cette régression est surtout le fait du livret A (ou bleu). L’explication provient de l’évolution des taux de rémunération de ces produits. Ainsi, le livret A connait une rémunération de 0,75 % depuis août 2015 et probablement jusqu’en 2020. Les taux de rendement réels (rendement brut – taux d’inflation) des livrets défiscalisés sont même devenus négatifs depuis 2017 du fait d’une remontée de l’inflation. En outre, les évolutions législatives n’ont pas été favorables : mise en place d’outils pour traquer la multi-détention (2013) et traitement des comptes en déshérence (2016).

Les plans d’épargne logement (PEL) ont vu entre 2015 et 2018 leur taux de détention augmenter de 2,4 % à la différence des comptes épargne logement qui ont connu une baisse de 1,6 % sur la même période (rémunération égale aux 2/3 du taux du livret A). Les récentes évolutions de la rémunération du PEL pourraient conduire à une baisse de son taux de détention.

L’assurance-vie : le produit préféré des Français

Le taux de détention de l’assurance-vie par les ménages métropolitains français est de 39 %, en hausse 2,5 % par rapport à 2015. Cette augmentation est continue depuis 2004. Son taux de détention augmente avec l’âge. 44,3 % des ménages dont la personne de référence a 60 ans ou plus détiennent au moins un produit de ce type. C’est en effet tout particulièrement à cet âge que la volonté d’optimiser sa succession se fait jour. Le contrat en euros permettant de bénéficier d’une garantie du capital explique que 63,5 % des épargnants sont en contrat mono-support ne permettant un investissement que sur des fonds euros garantis. Par contre, entre 2015 et 2018, les contrats multi-supports, permettant des investissements sur des supports plus dynamiques (unités de compte), portent l’augmentation du taux de détention en produits d’assurance des ménages : 9,3 % en 2015 contre 11,4 % en 2018. Cette évolution s’explique par une baisse continue du rendement des obligations composant majoritairement l’actif des contrats en euros. Leur rendement est très bas : taux de l’OAT 10 ans au 13 décembre 2018 : 0,70 %. Le rendement des contrats d’assurance-vie en € était en moyenne de 1,8 % en 2017. Ils sont en repli continu depuis 2004 (2,5 %).

L’épargne retraite connait une évolution défavorable depuis 2015 : – 0,9 %. Ce type d’épargne est privilégié par les ménages dont la personne de référence ou le conjoint est : agriculteur, artisan, chef d’entreprise, profession libérale …

Des valeurs mobilières continuant à s’inscrire en baisse

La différence du taux de détention entre 2015 et 2018 est de – 0,6 %. Le taux de détention en valeurs mobilières était de 16,7 % en 2004 contre 13,9 % en 2018. Notons que le taux de détention des valeurs mobilières augmente avec la catégorie socio-professionnelle : personne de référence cadre ou encore profession indépendante (à l’inverse de la situation des ménages où la personne de référence est ouvrier ou encore employé).

L’immobilier, un placement particulier dans l’affectif des Français

En 20 ans, le taux de détention du patrimoine immobilier des Français en métropole a progressé assez sensiblement, et ce au profit de la résidence principale, qui bénéficie d’un certain nombre d’avantages (abattement de 30 % sur l’ISF/IFI, déduction des intérêts d’emprunt jusqu’en 2007). En revanche depuis 3 ans, le mouvement s’est inversé puisque, en 2015, 62,7 % des Français possédaient un bien immobilier; ils ne sont plus que 61,6 % en 2018 . Cette baisse est principalement le fait de la baisse du taux détention des résidences principales (57,7 % en 2018 contre 58,9 % en 2015). Le taux de détention de l’immobilier augmente avec l’âge même si les écarts se sont resserrés avec des ménages plus jeunes. En effet, depuis les années 2 000, les ménages jeunes les plus aisés accèdent à l’immobilier par l’entremise des crédits très attractifs compte tenu du niveau extrêmement bas des taux d’intérêt et de l’allongement des durées de prêt.