Prêts de l’Union Européenne pour les plans nationaux d’aide à l’emploi

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Alors que l’Union Européenne (UE) ne dispose que d’un budget très limité, elle va augmenter ses ressources et soutenir les plans de chômage partiel à hauteur de 100 milliards d’euros. Le début d’une union budgétaire en Europe ?

Covid-19 : garantie de 100 milliards d’euros de l’Union Européenne

En réponse à la crise du Covid-19 qui paralyse les économies du monde entier, la Commission Européenne va déployer un plan d’aide nommé SURE (« Support to mitigate unemployment risks in emergency » soit « Soutien pour atténuer les risques de chômage en urgence »).

Ce plan, doté de 100 milliards d’euros, a pour objectif d’aider les travailleurs à maintenir leurs revenus et de soutenir les entreprises en difficulté. Cette somme sera prêtée aux États membres afin de les aider à financer des plans de chômage partiel. En cette période de paralysie économique, le chômage partiel est en effet perçu comme un instrument efficace pour éviter des vagues de licenciements massives.

L’Union Européenne va emprunter cette somme sur les marchés financiers et la reprêter aux États membres qui en ont le plus besoin à des taux favorables. Cet instrument est-il le premier pas vers une dette et un budget commun qui renforcerait la stabilité de l’UE et de la zone euro ?

Faire de la zone euro une zone monétaire

Selon la théorie des zones monétaires optimales, une monnaie doit être adossée à un budget pour fonctionner efficacement.
En effet, lorsque plusieurs pays partagent la même monnaie, comme c’est le cas en Europe, ils ne peuvent plus dévaluer leur monnaie pour stimuler leur économie (une monnaie dévaluée rend les exportations moins chères).
Ainsi, lorsqu’un pays de la zone euro connait une crise, comme cela a été le cas de la Grèce, il ne peut pas compter relancer sa croissance en jouant sur le taux de change. Comme la zone euro ne possède pas de budget commun (à la différence de Union Européenne), ce pays en crise ne reçoit pas non plus de transferts budgétaires automatiques. Les instruments pour faire face aux crises sont donc limités en zone euro, ce qui constitue un grave handicap.

La situation aux États-Unis est différente de celle de la zone euro. En effet, chaque état utilise le dollar, et ne peut pas dévaluer sa monnaie. Mais les États-Unis possèdent un budget fédéral qui permet des transferts à destination des états en crise.

Le budget de l’Union Européenne ne représente que 1 % du PIB de la région, et la zone euro ne dispose pas d’un budget propre. De nombreux économistes réclament depuis des années la constitution d’un budget commun, qui donnerait plus de moyens d’action à l’Union Européenne.

Dans la crise actuelle, neuf chefs d’États de la zone euro, dont Emmanuel Macron, ont appelé à la création de « coronabonds » (« bond » signifie « obligation » en anglais).
Il s’agirait d’une dette émise par la zone euro, et non par les États membres pour financer les plans de soutien face à la crise du Covid-19. Cela créerait une solidarité de fait entre tous les pays de la zone euro et éviterait que certains pays, comme l’Italie, aient des difficultés pour se financer.

Cette idée est néanmoins rejetée par des pays faiblement endettés comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, qui craignent de devoir payer les dettes de toute la zone euro.