Quel rôle pour le FMI face à la crise du Covid-19 ?

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Les conséquences de l’épidémie de Covid-19 touche durement l’économie des pays du monde entier. Le Fonds Monétaire international (FMI) a donc un rôle à jouer pour soutenir les plus vulnérables. L’ancien directeur de l’institution, Dominique Strauss-Kahn, plaide pour une réponse plus vigoureuse.

Coronavirus : aider les pays les plus vulnérables

Si les effets de la pandémie de Covid-19 sont violents dans les pays développés, ils sont encore plus durs dans les pays les plus pauvres. En effet, ceux-ci ne bénéficient pas des mêmes moyens médicaux, et de filets de sécurité sociale efficaces pour empêcher une envolée du chômage et de la pauvreté.
De plus, les pays les plus pauvres sont généralement très dépendants des matières premières, dont le prix a chuté suite au plongeon de la demande mondiale. En plus de la crise sanitaire et du confinement imposé dans plusieurs pays d’Afrique (par exemple, au Nigéria), ceux-doivent gérer la chute de leurs revenus à l’exportation.
Face à cette situation, le FMI a la capacité d’octroyer des prêts aux pays en difficulté pour éviter aux États de faire faillite. 

Ainsi l’Iran, très durement touché par la pandémie, a demandé un prêt d’urgence de 5 milliards de dollars au FMI.
Le FMI a aussi déjà octroyé des aides à de nombreux pays ces derniers jours, comme le Sénégal, Madagascar, le Rwanda ou le Kirghizstan.

Dominique Strauss-Kahn plaide pour une réponse plus agressive

Selon l’ancien directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn, la réponse de l’institution, ainsi que celle des banques centrales et des gouvernements, est rapide et efficace, mais elle pourrait se révéler insuffisante.
Il plaide pour l’utilisation des droits de tirage spéciaux (DTS) par le FMI de façon à aider plus massivement les pays en difficulté.

Les DTS ont été créés en 1969 par le FMI pour constituer un nouvel actif de réserve international. À l’époque, l’or était utilisé dans les grandes transactions financières internationales par les banques centrales, par exemple pour stabiliser leurs taux de change. Mais l’or présente le double inconvénient d’être coûteux à transporter et d’être en quantité limitée. C’est pour pallier les limites de l’or qu’ont été créés les DTS.

Les DTS ne sont pas une monnaie, mais une créance virtuelle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI. Ainsi, un pays détenteur de DTS ne peut pas payer directement ses dettes ou ses importations avec, mais peut les échanger contre des monnaies (dollars, euros…). La valeur du DTS est déterminée à partir d’un panier de devises (dollar, euro, renminbi, yen et livre sterling). Le 8 avril 2020, un DTS valait 1,36 dollar.

Le FMI peut décider d’augmenter l’allocation de DTS aux 189 pays membres (en fonction de leurs quotes-parts respectives). Ainsi, les banques centrales détiennent plus de réserves en DTS, qu’elles peuvent convertir en monnaies fortes (comme le dollar ou l’euro). Avec ces nouvelles réserves, une banque centrale peut soutenir la valeur de sa monnaie en la rachetant sur le marché des changes (par exemple, vendre du dollar et racheter sa monnaie). L’allocation de DTS est donc un moyen de prévenir les crises de change au niveau mondial.

C’est pourquoi le FMI a pratiquement décuplé les réserves en DTS des pays membres en 2009, suite à la crise des « subprimes », les faisant passer à 204 milliards de DTS.
Face à la crise actuelle, Dominique Strauss-Kahn prône une mesure similaire à celle engagée en 2009.
Une telle mesure pourrait cependant être entravée par les États-Unis qui craignent que le DTS ne remplace à terme le dollar, ou par l’Allemagne qui voit un risque inflationniste dans la création de nouveau DTS.