Baisse séculaire des inégalités de revenu entre départements en France

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Une étude récente met en lumière le recul au cours des cent dernières années des inégalités de revenu par habitant entre les différents départements en France. Cette convergence reflète avant tout les transformations structurelles de l’économie française depuis plus d’un siècle.

Baisse des inégalités de revenu entre les départements français depuis 1922

Comment ont évolué les inégalités de revenu entre les départements français au cours des cent dernières années ? Un article récent de trois économistes, Florian Bonnet, Hippolyte d’Albis et Aurélie Sotura, permet de lever le voile sur cet aspect méconnu de l’histoire économique française.

Selon cette étude, les inégalités de revenu entre les départements de la France métropolitaine ont diminué de façon quasi constante en France entre 1922 et 2015. Reconstituant des séries de revenus à partir de sources fiscales, ces trois auteurs montrent, en effet, que le coefficient de Gini du revenu par adulte entre les 90 départements français passe de plus de 0,14 en 1922 à moins de 0,06 en 2015.

Mesurer les inégalités à l’aide du coefficient de Gini

Le coefficient de Gini – nommé ainsi en référence au statisticien italien Corrado Gini – est l’un des indicateurs les plus utilisés pour mesurer les inégalités, qu’elles portent sur les salaires, les revenus ou encore les patrimoines. Plus précisément, il mesure la différence entre la distribution observée d’une variable et la distribution théorique parfaitement égalitaire de celle-ci. Le coefficient de Gini est compris entre 0 (distribution parfaitement égalitaire) et 1 (distribution la plus inégalitaire possible).

Baisse des inégalités de revenu entre départements : reflet des transformations de l’économie française

Cette convergence des revenus par habitant entre les différents départements français reflète quelques-unes des transformations majeures qu’a connues la France au cours des cent dernières années, parmi lesquelles :

  • Le recul de la part de l’industrie et l’augmentation de celle des services dans le revenu national au cours du dernier quart du XXe siècle. Ce phénomène de désindustrialisation et de tertiarisation de l’économie s’est traduit par une meilleure répartition des départements dotés d’un revenu par habitant élevé à l’échelle du territoire national. Quand, en début de période, les départements les plus riches se situaient autour de Paris et dans le nord de la France, une région fortement industrialisée, on les trouve de nos jours, outre autour de Paris, également autour des grandes métropoles régionales, comme Lyon, Nantes ou encore Toulouse.
  • La disparition de départements disposant d’un revenu par habitant relativement faible par rapport à la moyenne nationale. En effet, en 2015, plus aucun département de France métropolitaine ne dispose d’un revenu moyen par habitant inférieur à 75 % de la moyenne nationale. En 1922, c’était, par exemple, le cas de la Bretagne et de la Corse.

La part de l’industrie dans la valeur ajoutée décline de manière quasi constante en France depuis les années 1960. Alors qu’elle représentait 28 % du PIB en 1961, l’industrie ne pesait plus que 13,5 % du PIB en 2019 selon les données de l’INSEE.