Pandémie de Covid-19 : Cuba confrontée à la famine

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Pays de 11 millions d’habitants, Cuba fait de nouveau face à la famine. En cause : sa forte dépendance aux exportations de biens alimentaires et le manque de dollars consécutif à la forte chute de l’activité touristique sur l’île en 2020, elle-même liée à la pandémie de Covid-19. Explications.

Cuba, terre de paradoxes

Cuba accumule les paradoxes : Économie pauvre (90e rang mondial), en termes de produit intérieur brut (PIB) par habitant, Cuba apparaît, toutefois, comme étant relativement développée (72e rang mondial), notamment si l’on considère l’indice de développement humain (IDH).
Deuxième paradoxe : en pleine pandémie de Covid-19, Cuba a envoyé, dans la pure tradition de l’internationalisme médical cubain, des médecins dans de nombreuses zones géographiques dont certaines, comme l’Italie ou Andorre, nettement plus riches.
Dernier paradoxe en date : alors que Cuba a récemment annoncé avoir développé un vaccin efficace contre le Covid-19, une partie de sa population est confrontée à la famine.

Selon des observateurs locaux, Cuba subit, en effet, sa pire famine depuis les années 1990.
Dans ce pays, où près de 70 % des denrées alimentaires étaient importés avant le déclenchement de la pandémie, il est désormais difficile de trouver de la nourriture dans les épiceries ou sur les marchés.
En revanche, la spéculation se développe et le marché noir prospère… mais à des prix inaccessibles pour la grande majorité de la population cubaine !

La spéculation désigne l’achat d’un bien ou d’un actif dans l’unique espoir de le revendre à un prix plus élevé à court ou moyen terme.

Cuba : Covid-19, chute de l’activité touristique et pénurie de dollars

Comment peut-on expliquer cette situation ? Lorsqu’il s’agit de rendre compte des difficultés rencontrées par l’économie cubaine, la première explication naturelle tient à l’embargo exercé depuis 1962 par les États-Unis. Or, celui-ci ne concerne plus les produits agro-alimentaires depuis 2001.

Dès lors, le manque de nourriture s’explique principalement par l’incapacité de Cuba à se procurer des dollars depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19 en 2020. Ces dollars sont, en effet, nécessaires au pays pour payer les importations de produits alimentaires dont il dépend largement.

Les États-Unis constituent le premier exportateur de biens agro-alimentaires vers Cuba.

La « pénurie de dollars » est, quant à elle, étroitement liée à la pandémie de Covid-19. Celle-ci a notamment fortement réduit l’activité touristique à Cuba, qui représentait, avant 2020, près de 10 % de son produit intérieur brut (PIB). En effet, seul 1 million de personnes a visité Cuba l’année dernière, contre plus de 4 millions en 2019. À cette forte chute de l’activité touristique, s’ajoute la baisse des transferts de fonds des Cubains établis à l’étranger et le recul des exportations cubaines, notamment de sucre, du fait d’une récolte particulièrement mauvaise.

On estime que les transferts de fonds des Cubains établis à l’étranger vers Cuba ont diminué de plus de 50 % au cours de l’année 2020, passant, sous l’effet de la pandémie, de 6,6 à 2,9 milliards de dollars.