Combien coûte un voyage dans l’espace ?

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Les vols spatiaux récents des milliardaires Richard Branson et Jeff Bezos semblent ouvrir la voie au développement du tourisme dans l’espace. Oui, mais à quel coût pour les individus… et la société ?

Coût individuel d’un voyage dans l’espace

Le mois de juillet 2021 a vu deux milliardaires s’envoler quelques minutes dans l’espace : Richard Branson, fondateur du groupe Virgin et Jeff Bezos, l’ancien président-directeur général d’Amazon. Ces deux voyages ont permis d’entrevoir ce que pourrait être le tourisme spatial dans les années à venir. Toutefois, il s’agit, pour l’instant, d’une industrie naissante, réservée à une élite d’ultra privilégiés.

Il faut, par exemple, débourser près de 250 000 dollars (soit environ 212 000 euros) pour une expédition d’une durée de 90 minutes à bord de l’un des vaisseaux de l’entreprise Virgin Galactic de Richard Branson, capable d’atteindre une altitude de 80 kilomètres. L’entrepreneur britannique estime qu’avec le lancement d’une offre commerciale dès 2022 et l’augmentation de la demande qui en résultera, le prix d’un tel billet pourrait descendre sous la barre des 100 000 dollars (soit environ 85 000 euros) d’ici 2030.

Selon la Fédération aéronautique internationale, l’espace débute à une altitude de 100 kilomètres par rapport au niveau de la mer. La limite entre l’atmosphère terrestre et l’espace est définie par la ligne de Karman.

Ces sommes, importantes, ne permettent toutefois pas d’atteindre l’espace proprement dit. Pour cela, il faudra débourser plusieurs millions d’euros. En effet, une enchère mettant en jeu un lot reproduisant le voyage de Jeff Bezos a été adjugée, en juin dernier, à 28 millions de dollars (soit, plus de 23 millions d’euros) !

Autre projet actuellement en préparation et porté par Elon Musk : la possibilité pour un touriste de rejoindre la station spatiale internationale (ISS), à une altitude d’environ 400 kilomètres : outre le coût de fonctionnement de l’ISS estimé à 35 000 dollars (soit environ 29 700 euros) par jour et par personne, il faudra compter pour cela plus de 50 millions de dollars (soit environ 42,4 millions d’euros) !

L’Américain Dennis Tito est considéré comme le premier « touriste de l’espace ». En 2001, il avait dépensé près de 20 millions de dollars pour passer quelques jours au sein de la station spatiale internationale.

Coût du tourisme spatial pour l’environnement

L’industrie du tourisme spatial n’en est qu’à ses prémices… mais la planète n’a guère à gagner à son développement ! À l’heure où les pays tentent de réduire leur empreinte carbone et leurs émissions de gaz à effet de serre, la généralisation de tels vols spatiaux pourrait rapidement rendre cette tâche plus compliquée.

Selon des données officielles, un vol complet de SpaceShip Two, l’avion spatial utilisé par Virgin Galactic, génère près de 27 tonnes de CO2, soit 4,5 tonnes de CO2 par passager. Cela dépasse largement le « budget carbone » tel que défini par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Selon le GIEC, compte tenu de l’évolution de la population mondiale, chaque être humain devrait, en effet, émettre une quantité annuelle de CO2 comprise entre 1,6 et 2,8 tonnes, de manière à limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100.

Selon le ministère de la Transition écologique, l’empreinte carbone des Français était, en 2018, de 11 tonnes équivalent CO2 par habitant et par an.

Les dégâts environnementaux sont encore plus importants pour un vol vers l’ISS. Un vol complet à bord de Falcon 9 de la société américaine SpaceX fondée par Elon Musk émet au total 1 150 tonnes de CO2, soit près de 290 tonnes de CO2 par passager. En termes d’impact carbone, cela équivaut à près de 300 vols allers-retours Paris-New York !

Et ce n’est pas tout ! À ces émissions de carbone, s’ajoutent les dégâts environnementaux provoqués par les suies engendrées par ces voyages et liées aux insuffisantes capacités de recyclage des composants utilisés… Alors que l’Agence internationale de l’énergie prévoit que les émissions mondiales de CO2 pourraient atteindre un record mondial en 2023, la planète n’est pas pressée de voir cette industrie spatiale se développer !