Dans quels pays utilise-t-on le plus les cryptomonnaies ?

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La publication d’un nouvel indice d’adoption des cryptomonnaies dans le monde indique que ces dernières sont davantage utilisées dans les pays en développement. Bien que particulièrement volatiles, les cryptomonnaies semblent offrir aux habitants de ces pays de nouvelles possibilités de lutte contre certains déséquilibres monétaires, comme l’inflation, et de nouveaux outils en matière de transferts internationaux de fonds.

Géographie de l’utilisation des cryptomonnaies

Calculé pour 154 pays par Chainalysis, une société spécialisée dans l’analyse de blockchains, l’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies (global cryptocurrency adoption index) permet de dresser un panorama géographique de leur utilisation à travers le monde.

Le Vietnam est le pays où les cryptomonnaies sont les plus utilisées d’après cet indice. Suivent l’Inde, le Pakistan et l’Ukraine. Dans les 20 pays recourant le plus aux cryptomonnaies, on trouve une très large majorité de pays en développement. Les États-Unis constituent la seule exception en se classant à la 8place.

Indice mondial d’adoption des cryptomonnaies

L’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies

L’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies est construit par Chainalysis. Il est normalisé de façon à être compris entre 0 et 1. Plus l’indice est proche de 1 pour un pays donné, plus les habitants de ce dernier sont réputés avoir recours à des cryptomonnaies.

Indice composite, il prend en compte trois éléments :

– les montants de cryptomonnaies reçus par le pays (1),

– la valeur des cryptomonnaies utilisées dans les transactions de détail (2) et

– dans les échanges peer-to-peer (3).

Pourquoi les cryptomonnaies sont-elles davantage utilisées dans les pays en développement ?

Trois facteurs principaux permettent d’expliquer pourquoi les cryptomonnaies sont davantage utilisées dans les pays en développement.

L’existence de déséquilibres monétaires

Certains pays en développement souffrent d’instabilité monétaire et/ou de défiance vis-à-vis des autorités monétaires. Ces déséquilibres monétaires peuvent être de deux types : une inflation forte et/ou une dépréciation du taux de change, c’est-à-dire de la valeur externe de la monnaie. Dans les deux cas, ils provoquent une baisse de la valeur réelle de la monnaie détenue par les populations locales. Dans ce contexte, les dangers liés à l’utilisation des cryptomonnaies peuvent apparaître comme un « moindre mal », voire même une solution pour les individus désireux d’investir facilement dans une autre unité de compte que la monnaie de leur propre pays.

Le coût élevé des transferts de fonds

Deuxièmement, les pays en développement ont davantage recours aux cryptomonnaies, car celles-ci sont réputées faciliter les transferts de fonds internationaux. Ces derniers, le plus souvent effectués par des émigrés, constituent une ressource essentielle pour nombre d’économies en développement. Or, les transferts de fonds occasionnent des coûts élevés. Par exemple, le coût moyen pour envoyer des fonds en Afghanistan en 2020 s’élevait à près de 10 % du montant de la somme envoyée. Le recours aux cryptomonnaies est alors considéré comme un moyen de faciliter et réduire le coût de ces transferts internationaux de fonds.

Coût de transaction moyen de l’envoi de fonds vers un pays

Cette volonté de réduire les coûts de transaction des envois de fonds était l’une des raisons mises en avant par le président du Salvador dans sa volonté d’adopter le Bitcoin comme monnaie officielle (adoption effective depuis le mardi 7 septembre 2021).

Une opportunité de s’enrichir rapidement ?

Du fait de la volatilité des cryptomonnaies, celles-ci apparaissent, enfin, aux yeux de populations défavorisées, comme un moyen rapide de s’enrichir. Certains habitants de pays en voie de développement acquièrent des cryptomonnaies dans le but de voir leur cours s’envoler rapidement, ce qui leur permettrait d’améliorer leurs conditions de vie.