Présentation du plan d’investissement France 2030

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E. Macron a présenté, mardi 12 octobre, un plan d’investissement doté de 30 milliards d’euros et destiné à stimuler l’innovation et à améliorer la compétitivité de l’industrie française. L’impact d’un tel plan reste, cependant, encore largement incertain. Décryptage.

Le plan France 2030

Annoncé depuis le mois de juillet dernier, le plan d’investissement, baptisé « France 2030 » et doté d’une enveloppe de 30 milliards d’euros (sur 5 ans), a été présenté mardi 12 octobre par Emmanuel Macron. Ambitieux, ce plan aspire à « bâtir la France de 2030 » en relevant les trois grands défis économiques identifiés par la commission Blanchard-Tirole : le réchauffement climatique, les changements démographiques et les inégalités.

Ce plan d’investissement vise, plus précisément, à stimuler la croissance économique de long terme grâce au développement d’innovations et à une amélioration de la compétitivité de l’industrie française. Il s’agit également de lutter contre la désindustrialisation que connaît la France depuis les années 1970. Contrairement à France Relance, le plan de relance adopté en septembre 2020 pour atténuer les effets de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, France 2030 relève davantage de la politique structurelle.

Signe de la désindustrialisation de la France, le nombre d’emplois dans l’industrie est passé de 5,7 millions en 1974 à 3,1 millions début 2021.

Les mesures contenues dans le plan France 2030

Concrètement, les fonds – aux 30 milliards d’euros s’ajoutent 4 milliards d’euros investis en fonds propres à travers des prises de participation de l’État – seront dirigés vers 10 objectifs :

  • La construction de réacteurs nucléaires de petite taille (1), le développement de l’hydrogène vert (2) et la décarbonation de l’industrie (3) pour un montant global de 8 milliards d’euros ;
  • La production de véhicules électriques et hybrides (4) et d’avions bas-carbone (5), à laquelle sera allouée une enveloppe de 4 milliards d’euros ;
  • Une alimentaire plus saine et durable (6) pour un montant de 2 milliards d’euros ;
  • La production de biomédicaments (7) à hauteur de 3 milliards d’euros ;
  • La production de contenus culturels et créatifs (8) et l’investissement dans l’espace (9) et dans le champ des fonds marins (10) pour un montant total de 2 milliards d’euros.

Outre ces objectifs, une partie du plan France 2030 sera consacrée à des investissements transversaux, répondant à des « conditions clés » de succès et destinés à :

  • Sécuriser l’accès aux matières premières (1,5 milliard d’euros) ;
  • Développer des composants pour les secteurs de l’électronique et de la robotique (6 milliards d’euros) ;
  • Améliorer la formation (2,5 milliards d’euros) ;
  • Accompagner les start-up (5 milliards d’euros).

Que peut-on attendre d’un tel plan d’investissement ?

Les effets à attendre d’un tel plan d’investissement demeurent largement incertains. Les montants annoncés semblent, tout d’abord, relativement faibles par rapport à l’objectif affiché : « Bâtir de la France de 2030 ». Les fonds alloués pour 5 années représentent, en effet, moins de 1,5 % du PIB (d’une année).

Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire a, certes, estimé que France 2030 permettrait de créer 45 milliards d’euros de richesses supplémentaires, mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. La première porte sur le choix des acteurs à financer. Identifier dès à présent les champions nationaux de 2030 comporte une part d’aléatoire forte et rien ne garantit que l’État y parvienne.

De la difficulté de choisir les secteurs à promouvoir

Dans leur manuel d’économie internationale mondialement célèbre, P. Krugman et M. Obstfeld donnent un exemple illustrant la difficulté, pour un État, de sélectionner les industries à promouvoir.

À la fin des années 1970, le Japon s’est lancé sur le marché des semi-conducteurs, déjà en pleine expansion, avec la volonté de concurrencer les États-Unis, pays alors leader dans cette industrie. Outre un soutien budgétaire, l’État japonais a, pour cela, mené une politique protectionniste. Il a, plus précisément, misé sur un type de semi-conducteur : les RAM (random access memories), tout en pariant qu’à terme le pays leader sur le marché des RAM emporterait l’ensemble du marché et disposerait d’un avantage certain dans le secteur de l’électronique. Or, dès les années 1990, la production de RAM était devenue peu rentable et peu stratégique. Ainsi, le soutien japonais en faveur des RAM ne se sera traduit ni par les externalités positives espérées, ni par des effets d’entraînement dans le secteur des semi-conducteurs.

Une autre zone d’ombre entourant ce plan concerne les modalités précises de la mise en œuvre de France 2030. Le dernier plan d’investissement, annoncé en septembre 2017, et doté d’une enveloppe de près de 57 milliards d’euros, n’a, à titre de comparaison, pas eu d’effet notable sur la croissance économique de la France. Récemment interrogé par un journaliste sur le sujet, Jean Pisani-Ferry, l’économiste ayant inspiré ce plan précédent, avouait même n’avoir « aucune idée » de ce que sont devenus ces 57 milliards d’euros…

Présentation vidéo du plan d’investissement France 2030