Fumer plus… pour réduire la dette publique ! [poisson d’avril]

la finance pour tous

Étonnante conclusion que celle d’une étude parue aujourd’hui vendredi 1er avril : fumer davantage permettrait de réduire la dette publique ! De là à encourager les Français à fumer ? Aucun candidat à l’élection présidentielle ne s’est risqué à formuler une telle proposition. Pour le moment en tout cas…

La dette publique s’accroît quand les ventes de cigarettes diminuent

Un analyste d’une prestigieuse institution, qui préfère rester anonyme pour la circonstance, pourrait bien avoir trouvé la solution miracle pour réduire le montant de la dette publique en France : accroître la consommation de tabac !

Selon les dernières données publiées par l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE), la dette publique a atteint, fin 2021, 2 813 milliards d’euros, soit 112,9 % du produit intérieur brut (PIB).

Cette solution est fondée sur l’étude de l’évolution comparée des ventes annuelles de cigarettes et du niveau de la dette publique. Comme le montre le graphique ci-dessous, la dette publique a progressivement augmenté entre 2000 et 2021 en France, alors même que les ventes annuelles de cigarettes s’effondraient ! Autrement dit, si les ventes de tabac repartaient à la hausse, la dette publique se réduirait !

Comparaison de l’évolution entre les ventes annuelles de cigarettes et la dette publiqueAvant même cette démonstration éclairante, on pouvait se douter que la consommation de tabac – mauvaise pour la santé publique – est bonne pour les finances publiques, eu égard aux taxes qu’elle génère : celles-ci représentent environ 80 % du prix des paquets de cigarettes et ont rapporté 18 Mds € en 2020 à l’État et à l’assurance maladie.

Corrélation n’est pas causalité

La rédaction de La finance pour tous a, bien entendu, inventé de toute pièce l’étude citée ci-dessus. Celle-ci est fallacieuse pour deux raisons.

Tout d’abord, s’il existe bien une corrélation négative entre les ventes annuelles de cigarettes et le montant de la dette publique – nous avons utilisé des données réelles –, celle-ci ne nous dit rien sur la causalité entre ces deux séries : il serait totalement farfelu de penser que la variation de l’une entraîne celle de l’autre.

De plus, la consommation de tabac, si elle rapporte à l’État et à l’assurance maladie, leur coûte davantage encore (traitement des diverses maladies dues au tabac, externalités négatives…).

Enfin, le niveau de dette publique souhaitable au sein d’une économie est loin de faire consensus au sein des économistes lien vers actu élections présidentielles et dette publique (en cours de rédaction). Dans ce contexte, il n’est pas évident qu’il faille baisser le montant de la dette publique et encore moins dégrader la santé de la population pour y parvenir !