Pourquoi l’inflation est-elle si faible en Chine ?

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En matière d’inflation, le contraste entre l’Occident et la Chine est saisissant. Tandis que les États-Unis et la zone euro connaissent une inflation élevée, l’augmentation des prix n’atteint que 0,7 % au sein de la deuxième puissance économique mondiale. Explications.

Évolution des prix en Chine

Selon les données publiées par le National Bureau of Statistics, l’institut officiel de statistiques chinois, l’inflation en Chine atteint 0,7 % en mars 2023 en rythme annuel. Alors que les États-Unis et l’Europe connaissent des taux d’inflation élevés, la Chine est ainsi largement épargnée par le retour de l’inflation. Certains observateurs s’inquiètent même d’un risque de déflation, c’est-à-dire de diminution du niveau général des prix.

L’inflation annuelle s’élève à 6 % aux États-Unis (en février 2023) et à 6,9 % en zone euro (en mars 2023).

Plus précisément, la Chine connaît depuis fin 2022 un phénomène de désinflation, c’est-à-dire une situation où les prix continuent à augmenter mais moins rapidement. En septembre 2022, l’inflation atteignait, en effet, 2,8 %, avant de diminuer de manière irrégulière. Elle se situe donc à un niveau sensiblement inférieur à la cible de 3 % fixée par le gouvernement chinois pour l’année 2023.

Inflation en Chine

L’inflation est, ici, appréhendée à partir de l’évolution de l’indice des prix à la consommation construit à partir de l’observation des prix d’un panier type de consommation. Il est impossible, dans le cas chinois, d’en connaître la composition.

Raisons de la faible inflation chinoise

Une explication avancée par les officiels chinois est, tout d’abord, la politique monétaire plus restrictive poursuivie par la Banque de Chine. En effet, contrairement par exemple à la Réserve fédérale (FED) aux États-Unis et à la Banque centrale européenne (BCE) en zone euro, cette dernière n’a utilisé les outils non conventionnels de politique monétaire, dont le quantitative easing, qu’avec parcimonie, notamment lors de l’irruption de la pandémie de Covid-19.

En outre, la Chine a été largement épargnée par la forte augmentation des prix de l’énergie qu’a connue le monde en 2021 et 2022. En ce qui concerne le pétrole et le gaz, elle a en effet profité de ses relations commerciales avec la Russie et l’Iran, deux pays frappés de sanctions par l’Occident pour s’approvisionner à bas coût. La Chine étant l’un des rares débouchés s’offrant à ces deux pays, elle s’est ainsi retrouvée en position de force.

Selon les données officielles chinoises, les prix des transports et communication n’ont progressé que de 0,1 % entre février 2022 et février 2023.

La faible inflation chinoise peut, enfin, s’expliquer par le faible dynamisme de l’activité économique en 2022. La politique « zéro Covid », poursuivie par les autorités jusqu’en décembre 2022, a freiné l’investissement et la consommation, notamment en imposant de nouveaux confinements à la population. Selon la Banque mondiale, la croissance économique devrait atteindre 3 % en Chine en 2022, un niveau particulièrement faible pour ce pays : en dehors de l’année 2020, il faut remonter à 1976 pour trouver un taux de croissance inférieur à 3 %…