Faut-il brûler les banquiers ?

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Georges Pauget, directeur Général du Crédit Agricole jusqu’en avril 2010, a publié fin 2009 deux livres sur les banques et la crise : « Faut-il brûler les banquiers ? » et « La Banque de l’après crise ».

« Faut-il brûler les banquiers ? » est destiné au grand public. Le titre est volontairement provocateur et on ne s’étonnera pas de la réponse négative de l’auteur. L’ambition de celui-ci est de répondre de façon simple et pédagogique au jugement assez répandu selon lequel les banques seraient les principaux responsables de la crise. Chaque chapitre constitue une réponse à une accusation particulière. L’occasion pour Georges Pauget de rappeler le rôle et le fonctionnement des banques, et de présenter ses analyses des causes et des leçons de la crise pour ce qui les concerne.

Au chapitre 1 réfutation de l’affirmation : « les banques font de l’argent sur notre dos et ne servent à rien ». Au contraire explique Georges Pauget « le système bancaire répond au besoin essentiel de l’économie : celui de l’orientation et du contrôle des flux financiers dans leur articulation à l’économie réelle ».

Au chapitre 2 réfutation de l’accusation « les banques sont coupables de la crise » : si elles ne sont sans doute pas sans responsabilité, elles ne sont pas les seules responsables, explique l’auteur qui traite de celle des autres acteurs : les politiques et par priorité le gouvernement américain qui a recherché une accession massive à la propriété, les régulateurs dont les règles ont été contournées, les superviseurs , les banques centrales dont les politiques monétaires laxistes ont alimenté les dérives financières.

Suit une réfutation de l’accusation des banques d’avoir « été sauvées avec notre argent » (elles ont payé des intérêts et les banques françaises ont remboursé) puis une réponse à l’affirmation que « les marchés financiers ne fonctionnent pas ». Ici le banquier est moins catégorique. Reprenant les analyses de Michel Aglietta et Sandra Rigot et celles d’André Orlean il admet que les marchés financiers peuvent parfois perdre de vue la réalité. Mais, estime-t-il « le retour à la réalité s’effectue toujours un jour ou l’autre ».

Puis vient la réfutation « qu’une bonne politique monétaire peut en finir avec la crise ». Le lecteur se demandera peut être, au vu de l’ampleur des politiques budgétaires mises en œuvre en 2008/2009, qui au juste pense qu’une bonne politique monétaire peut à elle seule en finir avec la crise. Et il trouvera peut être que le banquier aurait pu donner quitus aux banques centrales sinon de leur efficacité à prévenir les crises du moins de leur rôle pour enrayer la crise systémique menaçante.

Au chapitre suivant réfutation que « rien n’est fait pour tirer les leçons de la crise au niveau des marchés financiers». Georges Pauget justifie les bonus des traders : « les traders sont moins spectaculaires qu’un petit pont de Zidane sous l’œil de la caméra, mais ils créent aussi de la valeur pour beaucoup de monde ». Et il pointe ce qu’il considère comme le risque prédominant pour l’avenir, celui que l’on entasse les contraintes et les régulations inefficaces et contre-productives pour le financement de l’économie au lieu d’obtenir une meilleure régulation.

Le dernier chapitre est consacré à la banque de demain et à la question de savoir si les banques doivent changer radicalement de modèle notamment par rapport à celui prédominant chez nous de la banque universelle. Sujet qui est le cœur de son autre livre « La banque de l’après crise »

Au terme de ce plaidoyer toujours clair, le lecteur aura trouvé des réponses argumentées à bien des questions que, sans doute, il se pose. Mais peut-être gardera-t-il certaines interrogations. Par exemple lorsque Georges Pauget affirme que « le métier de banquier n’est pas un métier comme un autre, car il est chargé d’une tâche d’intérêt public », peut être se demandera –t-il si dans ces conditions, il peut être exercé avec les mêmes exigences de rentabilité que partout ailleurs.

George Pauget Editions J. C. Lattès2009, 247 pages, 13,90 €

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