
C’est l’analyse de C. Card et A.B.Kruger, paru en 1995, qui a impulsé « une nouvelle économie du salaire minimum ». Cet ouvrage, aussi bien par ses méthodes que par ses thèses, a renouvelé les débats sur la nécessité ou non d’instaurer un salaire minimum. En affirmant que le salaire minimum n’a pas d’impact négatif sur l’emploi et même, dans certains cas, peut avoir des effets légèrement positifs, les auteurs ont fait sensation. Si, dans la théorie standard, le salaire minimum est un frein à l’embauche, les travaux empiriques ne la confirment ni ne l’infirment. En particulier, les premiers travaux économétriques, menés aux Etats-Unis dans les années 1970, montrent que si le salaire minimum a un impact faible sur l’emploi des adultes, il a un effet plus négatif sur celui des jeunes. De tous ces débats empiriques et théoriques, il semble que l’on puisse affirmer qu’il existeun niveau optimal de salaire minimum, dont le montant est variable selon les pays, et difficile à déterminer a priori.
Le salaire minimum a souvent été présenté comme un des éléments de lutte contre les inégalités et la pauvreté. Les analyses récentes montrent que c’est plus compliqué si l’on prend en compte d’autres variables. Par exemple, un salaire minimum relativement élevé permet bien de réduire la part des travailleurs à bas salaire, mais ne réduit pas directement la pauvreté. Beaucoup de pays ont donc mis en place des dispositifs pour compléter les revenus du travail : impôts négatifs, le revenu de solidarité active en France devenu la prime d’activité…
Une analyse très pédagogique des mécanismes de fixation du salaire minimum, avec un tour d’horizon dans le temps et dans l’espace, complétée par les débats quant à ses effets sur l’emploi et sur la lutte contre les inégalités.
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