Au sein des pays de l’OCDE, la situation de la France apparaît plutôt favorable même si de récentes évolutions pénalisent les retraites allouées. En parallèle de cet état des lieux réalisé par l’OCDE, la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) dans son enquête sur les « Motivations de départ à la retraite 2017 » souligne que la volonté de profiter le plus longtemps possible de l’espérance de vie est le principal vecteur motivant un départ à la retraite et ce même si la durée de cotisation requise apparait comme la règle qui les contraint le plus pour faire valoir ses droits à la retraite. Parallèlement, le baromètre d’opinion 2016 de la DREES souligne l’attachement des Français aux fondements de la retraite par répartition, même si une ouverture à des évolutions existe.
Une ardente nécessité de reformer les régimes de retraite au sein de l’OCDE
Le Panorama des pensions 2017 de l’OCDE indique que les dépenses publiques de retraite ont progressé de 1,5 % du PIB depuis l’an 2000 au sein des pays de l’OCDE.
Cette progression s’est pourtant déroulée alors que des réformes dans l’ensemble des pays considérés ont eu pour effet de dégrader le régime des retraites (les réformes ces deux dernières années ont toutefois été de moindre envergure que les années précédentes). Un tiers des pays a modifié le niveau des cotisations et un autre tiers le montant des pensions servies à tous les retraités ou à certains d’entre eux. Trois pays (Danemark, Finlande et Pays-Bas) ont adopté des mesures visant à repousser l’âge légal de départ à la retraite.
La France a elle-même davantage contraint le montant des retraites à l’instar des retraites complémentaires :
- Pénalité temporaire de 10 % si la retraite est prise moins d’un an après l’âge d’obtention au taux plein ;
- Mécanisme conduisant à un gel temporaire des retraites pour les années 2016, 2017. Le mécanisme de revalorisation de l’année 2018 obéira aux mêmes règles qu’en 2016 et 2017 en vertu de l’accord de 2015.
Dans le concert des nations de l’OCDE, la France bénéficie d’une situation avantageuse
Cette situation privilégiée de la France apparait si l’on considère que :
- Le taux net de remplacement assuré pa r les régimes obligatoires (pour un salarié moyen au terme d’une carrière complète qui entre sur le marché du travail aujourd’hui) est de 63 % en moyenne dans les pays de l’OCDE (71 % dans l’UE) et de 74 % en France. Seuls deux pays offrent un taux plus avantageux : les Pays-Bas et l’Italie ;
- L’espérance de vie résiduelle à la sortie du marché du travail est en France de 25,6 années contre 20,3 années en moyenne au sein de l’OCDE (par-delà la France, compte tenu de l’espérance de vie, le rapport de l’OCDE souligne que l’emploi des séniors devra se développer compte tenu d’une hausse du temps passé à la retraite).
Par ailleurs, l’étude révèle que le revenu moyen des plus de 65 ans en France, reste plus élevé sur l’ensemble de la population.
Le COR vient de publier une étude sur l’influence de la fiscalité sur le niveau de vie relatif des retraités.
En bref, il apparaît que le pouvoir d’achat de la pension de retraite, nette de prélèvements sociaux, a diminué depuis 2010. Cette diminution est plus forte pour les cadres et les retraités dont le niveau de revenu est tel qu’ils acquittent la CSG.
Une situation privilégiée des Français qui les incite à profiter le plus longtemps possible de la retraite
Les motivations favorites de départ à la retraite ressortent de l’enquête « Motivations de départ à la retraite 2017 » qui interroge 5 000 personnes. L’âge moyen des 645 000 retraités du régime général et des régimes de la fonction publique qui ont fait valoir leurs droits à la retraite entre le 1er juillet 2015 et 30 juin 2016 a été de 62 ans et 2 mois. Toutefois, selon l’enquête, l’âge idéal moyen ressort à 60 ans et 7 mois.
72 % des personnes interrogées déclarent avoir fait valoir leurs droits à retraite dès que possible pour profiter le plus longtemps possible de leur retraite.
Parmi les autres motifs de départ à la retraite, l’obtention de l’âge légal de la retraite et le bénéfice d’un taux plein sont cités.
Pour les enquêtés qui déclarent ne pas être partis aussitôt qu’ils auraient pu le faire, les motivations différent selon le statut des emplois précédemment occupés :
- Les fonctionnaires évoquent des raisons financières
- Les cadres (bien plus que les non cadres) soulignent un intérêt pour leur travail
Des français attachés au système actuel de retraite
La volonté de profiter d’une manière optimale de la période de retraite s’accompagne d’une volonté de préservation du système actuel de retraite (conclusions du baromètre 2016 de la DREES). Ce système, essentiellement public, repose sur une solidarité intergénérationnelle basée sur le principe de la répartition. Les Français restent cependant moins attachés à un régime exclusivement fondé sur la répartition. En 2016, 50 % des interrogés acceptent une réforme de ce régime et l’autre moitié pense qu’il faudrait ajouter au régime actuel un complément d’assurance ou d’épargne individuelle.
39 % des français souhaitent un socle commun en matière de retraite complété par quelques spécificités propres aux statuts professionnels (45 %).
Les Français préfèrent une augmentation de l’âge effectif de départ à la retraite ou une hausse des cotisations à une baisse des pensions. Cette préférence est conforme à la volonté des Français de jouir pleinement de leur période de retraite (25,6 années d’espérance de vie en moyenne).
Notons également que les Français sont attachés aux droits familiaux à la retraite et tout particulièrement aux bénéfices résultant du nombre d’enfants élevés.
Une majorité des Français sont attachés à une pension de réversion sans limitation en matière de revenus, durée ou encore liée à la présence d’enfants à charge.
Pour les 66 ans et plus, le pourcentage moyen des revenus atteint en France presque 105 % contre un peu moins de 90 % en moyenne dans les pays de l’OCDE.
Le taux de pauvreté relative des plus de 65 ans (66-75 ans) est cinq fois plus faible en France que dans la moyenne de l’OCDE (la ligne de pauvreté est définie à 50 % du niveau médian des ménages – OCDE).