France-Croatie : le match économique

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La finale de dimanche aura des airs de revanche après la demi-finale de 1998 et le célèbre  doublé de Lilian Thuram qui propulsa les Bleus en finale. Cette année-là, l’économie française avait bondi de 3,5 %, contre seulement 1,8 % en Croatie, qui était en forte décélération et était même tombée en récession en 1999. Alors, un effet coupe du monde sur la croissance économique ?

France-Croatie

Gagner le mondial, ça peut aider…

En ce moment, les journaux regorgent d’analyses cherchant à trouver un lien entre les résultats à la Coupe du monde et les fluctuations économiques. Certaines études plus ou moins sérieuses arrivent à la conclusion que, oui, gagner la coupe du monde profite à l’économie.

Par exemple, en 2010, année où elle a été championne du monde, l’Espagne a connu une croissance de 0,1 %, un chiffre certes faible mais en net progrès par rapport à – 3,5 % en 2009. Cependant, l’économie espagnole a plongé en 2012 (année de sa victoire à l’euro) de – 2,9 %, nettement moins bien que les- 1 % de 2011. Faut-il en conclure que gagner le mondial est bénéfique pour l’économie alors que gagner l’euro conduit tout droit à la récession ? Non, il faut en conclure que les résultats sportifs n’influent pas, ou très peu, l’économie.

Trois effets positifs

Les raisons pour lesquelles être champion du monde peut stimuler l’économie sont au nombre de trois : la consommation est stimulée (sortie dans les bars, consommation de bière, domaine dans lequel les croates ont une longueur d’avance…) amélioration du moral de la population qui consommerait et investirait plus, et attractivité du pays vainqueur, ce qui pourrait attirer des investisseurs étrangers.

Mais de manière modeste

Cependant, ces effets sont modestes, au mieux. Premièrement, la hausse de la consommation est à nuancer, car les quelques sorties au bar des supporters risquent de conduire à une baisse d’autres dépenses pour ne pas faire s’envoler les découverts bancaires (et si ce n’est pas le cas, l’endettement des ménages augmente, ce qui peut être source de crise).

Deuxièmement, si gagner la coupe du monde crée une liesse populaire, il est moins certain que cela se traduise par des investissements nouveaux. Les chefs d’entreprise se lancent rarement dans des projets audacieux pour la simple raison qu’ils sont contents que leur équipe ait gagné.

Un argument similaire vaut pour les investisseurs étrangers qui, quand ils ont dans l’idée d’investir dans une région du monde, n’ont pas besoin qu’on leur parle de football à la télévision pour déterminer dans quel pays leur projet sera le plus rentable. Il serait bien difficile de mettre en avant un quelconque lien entre les résultats du foot et les flux d’investissement à l’étranger.

En résumé, une victoire des Bleus aurait un impact économique très limité, avec au mieux un gain de croissance de 0,1 %. Alors souhaitons un beau match et une belle victoire, mais sans nourrir trop d’espoir sur le front de la croissance et de l’emploi… et pas de crainte non plus en cas de défaite.

Allez les Bleus ⚽ !!!!