La croissance américaine est-elle durable ?

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Les derniers chiffres de croissance ont été très favorables aux États-Unis, et le chômage est au plus bas. Pourtant, l’insolente santé de l’économie américaine n’est-elle pas qu’un feu de paille ?

La croissance américaine surprend par son dynamisme

Après 2,2 % en 2017, la croissance des États-Unis a accéléré à 2,9 % en 2018. Le premier trimestre 2019 a confirmé la dynamique positive de l’économie américaine puisque la croissance y a été de 3,2 % en rythme annualisé.

Les statistiques américaines sont d’autant plus notables que, dans le même temps, les autres pays comparables ont connu une croissance moindre. Par exemple, la croissance n’a été que de 1,3 % au Japon en 2018. La France a quant à elle enregistré une croissance de 1,6 % en 2018 et de 0,3 % au premier trimestre 2019.

Lorsque les États-Unis communiquent des chiffres de croissance trimestrielle, ceux-ci sont annualisés, ce qui n’est pas le cas en Europe. Ainsi, la croissance du premier trimestre 2019 de 3,2 % aux États-Unis n’est pas directement comparable avec la croissance française (0,3 %) puisque le chiffre américain est annualisé. Pour avoir un chiffre comparable, il faut (en simplifiant) multiplier par quatre la croissance française (ou diviser par quatre le chiffre américain). Il en ressort néanmoins que la croissance américaine a été presque trois fois plus dynamique qu’en France.

Cette bonne tenue de l’économie américaine est d’autant plus notable que, après des années de croissance, la tendance naturelle d’une économie serait de ralentir. En 2019, les États-Unis enregistreront leur 10ème année de croissance consécutive, soit un cycle de croissance plus long que celui des années 1990.

De plus, le taux de chômage aux États-Unis, déjà faible, a encore baissé à 3,6 % en avril. Il atteint ainsi un plus bas de 50 ans, il faut en effet remonter à décembre 1969 pour trouver un taux de chômage inférieur.

La croissance américaine est-elle durable ?

Si les bons chiffres de l’économie américaine ont surpris nombre d’analystes, un ralentissement est néanmoins probable dans les trimestres et années à venir. En effet, la croissance a été soutenue par le programme de baisses d’impôts massif instauré par Donald Trump et par la hausse simultanée des dépenses militaires.

Cette politique, si elle soutient l’activité à court terme, a également conduit à un creusement du déficit public, de 4 % du PIB en 2017 à 5,8 % en 2019. L’accélération de la croissance ne tient donc pas d’un « miracle », mais plus simplement d’une forte stimulation budgétaire de l’économie.

De plus, la banque centrale américaine (la Fed) n’a pas augmenté ses taux d’intérêts, ce qui aurait freiné la croissance. La politique monétaire est ainsi elle aussi accommodante, la Fed ayant clairement décidé de stimuler l’économie plutôt que de prévenir l’apparition de l’inflation ou de bulles.

Cependant, les effets de ces différents soutiens à la croissance vont progressivement disparaître, et la croissance va certainement perdre de son entrain dans un futur proche.