Australie : le miracle économique peut-il durer ?

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Les conservateurs ont remporté les élections fédérales australiennes du 18 mai. L’occasion de revenir sur l’insolente santé de l’économie australienne, mais de pointer aussi les risques qui pèsent sur une économie très dépendante de la Chine, des matières premières et de l’immobilier.

Vingt-huit ans de croissance en Australie

L’Australie n’a plus connu de récession depuis 1991, soit la plus longue durée de croissance ininterrompue ces dernières décennies pour un pays développé. Même en 2008-2009, alors qu’une grande partie du monde traversait une violente crise économique, l’Australie a poursuivi sa croissance à un rythme à peine ralenti.

Les statistiques économiques du pays ont de quoi faire pâlir d’envie : croissance annuelle moyenne proche de 3 % ces vingt dernières années (soit environ le double du taux français), taux de chômage de 5 % de la population active, inflation maîtrisée et dette publique de 40 % du PIB (contre 100 % en France).

Cette bonne forme économique s’explique en bonne partie par la locomotive chinoise. Peu de pays ont, autant que l’Australie, bénéficié de la croissance chinoise. D’une part, la Chine est très gourmande en minerais australiens (surtout le charbon et le fer), d’autre part l’Australie est le pays occidental anglophone le plus proche de la Chine, ce qui explique un afflux croissant de touristes et d’étudiants chinois.

La croissance australienne a également été tirée par une forte hausse de l’immobilier, stimulé par une progression rapide de l’endettement des ménages. Cependant, l’envolée des prix de l’immobilier a peut-être été excessive et le pays risque l’éclatement d’une bulle qui plongerait le pays dans la récession. De plus, avec le ralentissement de la croissance chinoise, le miracle australien vit peut-être ses dernières heures.

Des forces qui deviennent des faiblesses

La croissance australienne a fortement ralenti à la fin de l’année 2018 et, en prenant en compte l’évolution de la population, le PIB par habitant a même légèrement diminué sur la deuxième moitié de l’année 2018.

L’Australie est vulnérable à un ralentissement de la croissance en Chine, pays qui absorbe près du tiers de ses exportations. De plus, l’Australie s’est spécialisée dans l’extraction minière et souffre de la « maladie hollandaise », comme cela s’est vu avec la fermeture de la dernière usine automobile du pays.

En effet, les salaires élevés proposés dans l’industrie minière obligent les autres industries à augmenter à leur tour les salaires pour garder les ouvriers dans un contexte de chômage faible. De ce fait, il devient moins cher d’importer des produits industriels. Le développement des matières premières conduit bien souvent au déclin des autres secteurs industriels et crée une spécialisation dans les activités extractrices.

Enfin, les prix de l’immobilier sont orientés à la baisse en Australie, avec une chute de 14 % à Sydney depuis le pic de juillet 2018. Cette baisse pourrait nuire à la solvabilité des ménages qui se sont lourdement endettés pour investir ou spéculer dans l’immobilier.

La dette des ménages australiens représente plus de 180 % de leur revenu disponible. Ce chiffre était de 200 % en Irlande et de 116 % aux États-Unis en 2007, juste avant l’éclatement de la bulle immobilière qui a déclenché la crise dite des « subprimes ».

La situation australienne soulève donc de légitimes inquiétudes. Cependant, le Fonds Monétaire International se montre optimiste et prévoit une croissance supérieure à 2 % pour les cinq prochaines années.