Les tensions sur le marché interbancaire annoncent-elles une prochaine crise ?

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À plusieurs reprises au cours du mois de septembre, les taux ont augmenté sur le marché interbancaire américain, forçant la banque centrale à intervenir. Cette situation rappelle la crise de 2008, faut-il s’en inquiéter pour autant ?

Qu’est-ce que le marché interbancaire ?

Les banques, comme tous les agents économiques, ont régulièrement besoin de liquidités à court terme. Elles se procurent ces liquidités sur un marché spécifique, le marché interbancaire, sur lequel les banques se prêtent entre elles selon qu’elles ont un besoin ou un excès de liquidités.

Les prêts entre banques sont généralement garanties par un collatéral, c’est-à-dire que l’emprunteur apporte un actif (par exemple une obligation) en garantie au prêteur afin de diminuer le risque de ce dernier. Cette opération, appelée « pension de titres » en français est plus connue sous son appellation américaine « repurchase agreement » ou simplement « repo ». C’est pourquoi le taux auquel sont effectués les prêts interbancaires est appelé « taux de repo ». 

La banque centrale (la Fed aux États-Unis) peut intervenir sur le marché interbancaire en apportant plus ou moins de liquidités. C’est un des canaux de la politique monétaire. En faisant varier l’offre et la demande de liquidités, la Fed fait varier le taux auquel les banques se prêtent ces liquidités.

Pourquoi les taux repo ont-ils flambé ?

Fin septembre, les taux de repo ont connu plusieurs poussées de fièvre. Le 17 septembre ils sont momentanément montés à près de 10 %, alors qu’ils se situaient autour de 2 % les jours précédents.

De façon à faire redescendre les taux de repo, la Fed est intervenue pour prêter directement aux banques. Depuis la mi-septembre, la Fed a prêté plusieurs centaines de milliards de dollars aux banques sur le marché interbancaire.

Ce bond du taux repo a surpris par son intensité. De plus, ses causes font débat parmi les experts. Il serait dû à la politique monétaire plus restrictive menée par la Fed depuis plusieurs mois. En effet, en diminuant la taille de son bilan, la Fed a progressivement réduit la quantité de liquidités dont disposent les banques. Autrement dit, la Fed a créé une pénurie de liquidités disponibles pour les banques, renchérissant le coût des prêts interbancaires. De plus, le paiement des impôts, qui tombait aux États-Unis le 17 septembre, aurait contribué à assécher momentanément les liquidités des banques.

Un problème momentané ou l’annonce d’une crise à venir ?

La tension sur le marché interbancaire a fait ressurgir de mauvais souvenirs. En effet, à l’automne 2008, en plein cœur de la crise financière, les banques ne se faisaient plus confiance et refusaient de se prêter entre elles, ce qui avait conduit à un blocage du marché interbancaire.

La situation actuelle est-elle similaire à celle de 2008 ? Pour Beth Hammack, Trésorière chez Goldman Sachs, la hausse des taux repos n’est qu’un problème momentané qui ne peut être comparable à la situation de 2008.

De plus, selon elle, la crise de 2008 avait été amplifiée par des doutes quant à la valeur des collatéraux. À l’époque, les collatéraux utilisés pour les prêts repos étaient basés sur le marché immobilier, alors en pleine déconfiture. Aujourd’hui, les banques apportent en collatéral avant tout des obligations du Trésor américain, dont la qualité n’est pas contestée, ce qui devrait éviter une crise sur le marché interbancaire.

Cependant, la Fed a annoncé qu’elle continuerait à intervenir si besoin sur le marché interbancaire dans les semaines à venir. Preuve que la nervosité est forte sur les marchés et que le risque de nouvelles tensions est pris très au sérieux.