Légère hausse des inégalités et du taux de pauvreté

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Selon une analyse publiée par l’Insee, les inégalités et le taux de pauvreté auraient légèrement augmenté en 2018. Cette évolution s’expliquerait en grande partie par les choix budgétaires du gouvernement.

Inégalités et pauvreté sur la mauvaise pente en 2018

Selon une étude portant sur des estimations provisoires (les chiffres définitifs ne sont pas encore connus), l’Insee pointe une faible hausse des inégalités en 2018 qui se traduit par une hausse de 0,005 de l’indice de Gini par rapport à 2017, à 0,294. Malgré cette faible hausse, l’indice de Gini est toujours inférieur à son pic de 2011.

L’indice de Gini mesure les inégalités de niveau de vie et varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité maximale). A titre de comparaison l’indice de Gini était de 0,415 aux États-Unis en 2016 et de 0,282 au Danemark.

Le ratio entre le niveau de vie des 20 % des Français les plus aisés et les 20 % les plus pauvres a également augmenté de 0,1 en 2018 pour atteindre 4,4.
Autrement dit, les 20 % les plus aisés ont en moyenne un niveau de vie 4,4 fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres.

Ces légères hausses des inégalités s’expliqueraient par la baisse de la fiscalité du patrimoine, qui profite majoritairement aux ménages aisés.   

Le taux de pauvreté a également augmenté de 0,6 points en 2018 pour atteindre 14,7 % de la population. Cette hausse s’expliquerait notamment par la diminution des allocations logement dans le parc HLM.

Cependant, les loyers dans les HLM ont baissé de façon équivalente, mais cette baisse n’est pas inclue dans les revenus permettant de calculer le taux de pauvreté (cet indicateur se base sur le niveau de vie, qui prend en compte les revenus, mais pas les dépenses). En retirant l’effet de la baisse des allocations dans le parc HLM, la hausse du taux de pauvreté se limite à 0,2 points.

Une hausse du taux de pauvreté ne signifie pas nécessairement que les pauvres se sont appauvris. En effet, le taux de pauvreté désigne la proportion de personnes dont le niveau de vie se situe en dessous de 60 % du niveau de vie médian. Le taux de pauvreté peut donc augmenter si le niveau de vie médian augmente plus vite que le niveau de vie des plus pauvres (ce qui est vraisemblablement le cas en 2018 bien que nous ne disposions pas encore des données précises).

Où en est la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté ?

En septembre 2018, Emmanuel Macron lançait la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Ce plan s’accompagnait d’un engagement financier de l’État de 8,5 milliards d’euros. Cette stratégie se base principalement sur la prévention de la pauvreté dès le plus jeune âge (instruction obligatoire dès 3 ans, dédoublement des classes de CP-CE1 en éducation prioritaire…) et sur le retour à l’emploi (100 000 salariés supplémentaires accueillis dans le secteur de l’insertion, création d’une « Garantie d’activité »…).

Pour Olivier Noblecourt, Délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, depuis un an, la stratégie de lutte contre la pauvreté a concerné plusieurs centaines de milliers de Français, un chiffre qui devrait croître d’ici à 2022. Plusieurs mesures en faveur des plus démunis devraient voir le jour prochainement (complémentaire santé solidaire, création du revenu universel d’activité…), des mesures qui pourraient atténuer les effets néfastes de la hausse des inégalités constatée l’an dernier.