ISR et épargne responsable : les Français demandent plus de pédagogie

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Les Français ont majoritairement une mauvaise connaissance de l’épargne responsable, et quand ils la connaissent, ne la jugent pas prioritaire dans leurs placements.

Toutefois, les Français sont ouverts à une meilleure pédagogie sur les produits de l’épargne solidaire, les « épargnants digitaux » étant plus ouverts que les investisseurs traditionnels.

Tels sont les deux principaux résultats du Baromètre de l’épargne responsable mené par Opinion Way pour la Banque Postale, associée à Cashbee, publiés le 5 juillet 2021.

ISR : une méconnaissance pour ce type d’investissement

Malgré une « épargne Covid » très élevée, estimée à près de 150 milliards d’euro fin juin, les Français ne semblent pas prêts à en placer une part substantielle sur les produits ISR (Investissement Socialement Responsable). A cela, plusieurs raisons.

Tout d’abord, selon le baromètre, il y a un réel manque de notoriété pour ces produits d’épargne responsable : 2 Français sur 3 déclarent en effet ne pas connaitre la notion même d’épargne responsable (63 %). En termes de détention de produits, 4 Français sur 5 déclarent ne pas détenir de produits de type ISR.

Ensuite, il y a un manque d’intérêt pour ce type de placement : 84 % des Français considèrent que la crise sanitaire n’a pas renforcé leur intérêt pour l’ISR. Les dimensions environnementales, sociales et solidaires ne sont pas des priorités pour la majorité des épargnants lors du choix d’un placement.

Enfin, l’ISR souffre de plusieurs handicaps : il est considéré comme ayant un rendement faible (70 % pensent que sa performance est inférieure à celle d’un placement traditionnel), il est considéré par 33 % des Français comme un « habillage marketing », et enfin, les produits ISR restent perçus comme complexes par les personnes sondées. Et pourtant de nombreuses études infirment ces idées préconçues sur le rendement.

ISR : des fonds d’investissement performants

Un produit ISR a-t-il autant de rendement qu’un produit traditionnel ? Selon une étude 2020 publiée par l’Ecole Polytechnique et le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR), la réponse est positive. Les performances des fonds labellisés ISR sont équivalentes à celles des fonds dits « classiques ». Selon l’étude, 62 % des fonds ISR ont surperformé, dans toutes les classes d’actifs (actions, obligations, fonds diversifiés ou fonds monétaires), hors fonds immobiliers.

De plus, les fonds ISR peuvent se montrer moins volatils que les fonds « classiques ». Les entreprises qu’ils sélectionnent dans leur portefeuille témoignent d’un engagement en matière de durabilité qui les amène à une vision globale de leur activité, avec une dimension financière et extra-financière, ce qui les conduit à adopter de meilleures pratiques et une vision à long terme dans leur gestion des risques.

Par ailleurs, l’AMF note que ces fonds affichent des frais inférieurs.

« il est primordial de promouvoir la transparence sur les frais pour renforcer la confiance des épargnants et ainsi permettre une mobilisation plus importante de l’épargne pour le financement de l’économie », note le communiqué de l’AMF.

Épargne : un intérêt marqué pour davantage de pédagogie

L’épargnant Français privilégie en priorité la sécurité, la rentabilité, la liquidité et la simplicité du produit. La complexité des produits ISR freine la transition vers des placements plus « responsables ».

Cependant le baromètre montre que les Français sont intéressés par ces produits : ils désirent à la fois plus de pédagogie et d’information, ainsi qu’une appréciation concrète de l’impact de leur investissement personnel sur ces supports d’épargne. Or « 40 % estiment qu’il ne leur est pas possible d’évaluer l’impact social ou environnemental des produits ISR ».

Cet intérêt est notamment marqué auprès des « épargnants digitaux » : 59 % d’entre eux se déclarent prêts à considérer ce type d’investissement à l’avenir, à condition de ne pas sacrifier le rendement (contre 30 % pour les épargnants traditionnels) et même 25 % de ces épargnants estiment que placer une partie de leur épargne sur ces produits est une « priorité ».