Covid-19 : mesurer l’efficacité de la politique monétaire de la BCE

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Lors du déclenchement de la crise économique liée au Covid-19 en mars 2020, la Banque centrale européenne (BCE) a rapidement mis en place des mesures spécifiques de soutien au système économique et financier, notamment en « subventionnant » les établissements bancaires afin de stimuler les crédits aux ménages et aux entreprises. Une étude de la Banque de France fournit une première évaluation de l’impact de cette mesure.

La BCE et la crise économique liée au Covid-19

En mars 2020, lors du déclenchement de la crise économique liée au Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) a notamment décidé de mettre en place deux mesures spécifiques différentes :

La première mesure – le PEPP – relève de la politique monétaire dite « non conventionnelle » et consiste, pour la BCE, à injecter des liquidités dans le système bancaire et financier grâce à l’achat de titres directement sur les marchés financiers. La deuxième mesure – les TLTRO – constitue, quant à elle, des prêts à long terme accordés à des conditions particulièrement favorables aux banques afin de stimuler le volume des prêts bancaires aux ménages et aux entreprises.

Ces dispositifs ont tous deux pour objectif d’aider les économies de la zone euro à absorber le choc de la crise économique liée au Covid-19 – l’une des plus graves que le monde ait connues dans son histoire récente, à faciliter l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises et à maintenir les taux d’intérêt à un niveau faible.

Les TLTRO, une sorte de « subvention » versée aux établissements de crédit

S’il est habituel pour les banques de se refinancer auprès de la Banque centrale, trois caractéristiques des TLTRO les distinguent des autres opérations de refinancement de la BCE :

  • Elles sont « ciblées» : elles visent spécifiquement à stimuler le crédit aux ménages et aux entreprises ;
  • Elles sont « conditionnelles» : les établissements de crédit peuvent accéder à des conditions de financement particulièrement favorables, avec notamment des taux allant jusqu’à -1 %, à la condition qu’elles financent les ménages et les entreprises ;
  • Elles ont une « visée à long terme» : ces prêts accordés aux banques ont une durée minimale de deux ans et sont donc bien plus longs que les autres instruments de refinancement de la BCE.

Les TLTRO constituent en quelque sorte des subventions versées par la BCE aux établissements bancaires. En effet, ces derniers peuvent emprunter, sous conditions à la BCE, à un taux négatif (allant jusqu’à -1 %) – la BCE leur verse de l’argent quand ils empruntent ! – et surtout inférieur à celui de la facilité de dépôt, c’est-à-dire le taux rémunérant les liquidités déposées par les banques à la BCE, actuellement fixé à -0,5 %. En empruntant à -1 % et en plaçant à -0,5 %, les banques peuvent, en effet, réaliser un profit sans risque. Avec ce dispositif, les banques sont donc payées pour prêter.

L’impact estimé des TLTRO

Faut-il payer les banques pour stimuler les crédits aux ménages et aux entreprises ? Autrement dit, quelle est l’efficacité des TLTRO ? C’est à ces questions que tente de répondre une étude récente réalisée par des économistes de la Banque de France. Selon cette dernière, les TLTRO peuvent avoir un impact sur l’économie réelle via deux canaux de transmission :

  • Un canal du ciblage par lequel les TLTRO stimulent les prêts aux ménages et aux entreprises ciblés par la BCE ;
  • Un canal de la profitabilité où l’accroissement des profits des établissements bancaires stimule l’ensemble de l’offre de crédits, qu’ils soient ciblés par la BCE ou non.

Les TLTRO représentent actuellement un total de plus de 2 190 milliards d’euros.

Il ressort de cette étude que les TLTRO ont un effet significatif sur l’offre de crédit des banques. Le canal du ciblage est plus important que le canal de la profitabilité, même si ce dernier n’est pas nul. Selon cette estimation, les banques participant aux TLTRO augmentent, en effet, leur offre de prêts ciblés de 0,15 % pendant deux trimestres après avoir emprunté 1 % de plus auprès de la BCE.