Alors que les objectifs affichés pour le secteur agricole et alimentaire, tant au niveau national qu’au niveau communautaire, sont ambitieux et contraignants, le contexte actuel est jugé difficile et injuste par les exploitants agricoles rendant difficile la réalisation de tous ces objectifs, alors même qu’on attend du secteur de réaliser sa mission première qui est de nourrir la population.
Les objectifs et défis posés au secteur agricole et alimentaire sont ambitieux et nombreux
Les objectifs fixés au niveau national sont multiples : atteindre la « souveraineté alimentaire », poursuivre la mission nourricière, améliorer la compétitivité du secteur, être moteur dans la planification écologique territoriale et le développement durable, attirer de nouvelles générations dans la filière, bénéficier d’une juste rémunération, mieux équilibrer les relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, limiter les distorsions de concurrence européennes et extra-européennes, etc…
Ces objectifs et défis s’inscrivent dans « Les 10 objectifs stratégiques » sociaux, environnementaux et économiques, visés par le Programme européen PAC 2023 / 2027, à savoir : compétitivité, revenu équitable, chaîne de valeur alimentaire, alimentation et santé, Food and Health, protection de l’environnement, paysages, changement climatique, zones rurales, et renouvellement générationnel.
La population du secteur agricole et alimentaire en France
Selon Agreste, le site du Service de la Statistique et de la Prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le secteur agricole comptait, en 2021, 673 640 emplois en équivalent temps-plein. C’est environ 70 000 de moins qu’en 2010 et quatre fois moins qu’en 1970.
Le poids du secteur agricole dans l’économie française a, quant à lui, été divisé par 3,5 entre 1970 et 2022. D’après l’INSEE, la valeur ajoutée de ce secteur représentait, en effet, 2,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022, contre 7,5 % en 1970.
Or de fortes contraintes pèsent sur le secteur agricole et alimentaire
La première contrainte identifiée par les professionnels du secteur est d’ordre économique. Avec le retour de l’inflation, les coûts de production, ont, d’une part, sensiblement progressé dans le secteur agricole. Les prix des biens industriels utilisés comme intrants dans la production ont augmenté, tandis que la FNSEA estime à 3,6 % la hausse des coûts de production engendrée par l’accroissement des prix de l’énergie et des salaires. La pression tarifaire de la grande distribution pour limiter les hausses des prix de vente et les importations (souvent de produits d’entrée de gamme, de provenance européenne et extra-européenne) pèsent, d’autre part, sur les revenus des agriculteurs.
Toutes les productions agricoles ne subissent pas cette contrainte économique de la même manière.
Par exemple, entre 2019 et 2022, les prix de vente de la production des exploitations de grandes cultures céréalières ont progressé, tandis que les prix des légumes frais ont reculé de 9 %.
Les prix de vente de l’industrie agroalimentaire ont progressé de 17,5 % entre 2019 et 2022 dont 15,2 points en raison de la hausse du prix des intrants, 1,5 points de la hausse des rémunérations du secteur et 0,6 point d’augmentation de l’excédent brut d’exploitation.
Le principe de la construction du « prix marche en avant »
La loi EGALIM 1 pose le principe d’une meilleure prise en compte des coûts de production agricole dans la formation des prix d’achat aux agriculteurs. Pour les agriculteurs, il s’agit donc de garantir l’intégration complète des hausses des coûts de production dans les prix de tous les produits commercialisés en France, que ces produits soient achetés en France ou à l’étranger. C’est ainsi, selon la FNSEA, que pourra être garanti un revenu décent pour les agriculteurs.
– La loi EGALIM 1 (2018) vise à l’équilibre des relations commerciales dans le secteur alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous,
– La loi EGALIM 2 (2021) vise à protéger la rémunération des agriculteurs
– La loi EGALIM 3 (2023) vise à accroitre la protection des agriculteurs dans leurs relations commerciales avec la grande distribution
D’autres contraintes expliquent la crise agricole et la grogne des exploitants : il y a d’abord le « Pacte vert » européen dénommé « Green Deal » et destiné à verdir l’agriculture européenne à l’horizon 2050 qui se traduit par des objectifs quantitatifs d’ici à 2030 comme la baisse de 55 % des émissions carbone du secteur agricole français, responsable de 21 % des émissions globales en France. Ces obligations conduiraient à une aggravation des charges pesant sur les exploitants, et à la multiplication de normes réglementaires d’autant plus nombreuses que la France se veut un modèle européen en matière de décarbonation.
Enfin, autre motif de crise, le relèvement progressif de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR) de 3 centimes par an jusqu’à 2030, alors que jusqu’en 2023, les agriculteurs bénéficiaient d’un allègement sur la fiscalité de ce carburant.