Les inégalités en France en 2025

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À l’occasion du 10ème rapport sur les inégalités en France, l’Observatoire des inégalités dresse un état des lieux des inégalités françaises dans 5 thématiques : éducation, revenus, travail, modes de vie et territoires.

Avant redistribution, la France est le troisième pays le plus inégalitaire parmi les pays riches derrière le Royaume-Uni et les États-Unis, tandis qu’après redistribution la France se situe au milieu du tableau. Cette édition 2025 est marquée par l’introduction de la question des inégalités environnementales.

Inégalités de revenu : une légère intensification

La France est de plus en plus riche, mais les inégalités liées aux revenus sont relativement stables. Entre 1996 et 2022, la production des richesses de la France (mesurée par son PIB) est passée de 1 599,25 à 2 797,05 milliards de dollars, soit une augmentation de 75 % de sa valeur! Parallèlement, l’indice de Gini (après impôts et prestations sociales) a eu également tendance a augmenter mais de manière irrégulière.

L’indice de Gini est l’un des indicateurs les plus utilisés pour mesurer les inégalités. Son objectif est de mesurer l’écart entre la distribution des revenus dans la population et une distribution théorique parfaitement égalitaire. La valeur de l’indice est comprise entre zéro (égalité parfaite) et 1 (un individu détient toutes les richesses).

L’indice de Gini est passé de 0,279 en 1996 à 0,294 en 2022, indiquant que les écarts de revenu se sont légèrement creusés sur la période avec un pic post-crise financière en 2011. En 2020, compte tenu de la pandémie du Covid-19, durant laquelle les entreprises généraient moins d’argent, et pendant laquelle l’État était très actif sur le maintien de l’économie à flots, les inégalités ont reculé.

Évolution PIB et indice de Gini

Répartition des richesses

Seuils de richesse et seuils de pauvreté

L’Observatoire des inégalités présente dans son rapport, avec les données les plus récentes, les différents seuils de revenus. Ceux-ci permettent d’avoir une vision d’ensemble des différentes classes sociales en France.

Le niveau de vie médian (50 % de la population vit avec plus, 50 % avec moins) est de 2 028 euros pour une personne seule, en 2022 (5069 euros pour un couple avec deux enfants). Les seuils de pauvreté et de richesse sont définis relativement à ce niveau de vie médian : la moitié pour le seuil de pauvreté (1014 euros), le double pour le seuil de richesse (4 056 euros). En 2022, 8,1 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (en augmentation sur le long-terme).

Écarts de salaires hommes-femmes

Les inégalités de revenus sont, en partie, déterminées par les écarts de salaire. Les inégalités entre sexes est l’un des enjeux majeurs de cette dimension des inégalités.

Depuis les années 1960, l’écart de salaire entre femmes et hommes a nettement reculé. À l’époque, les hommes gagnaient environ 60 % de plus que les femmes. En 2022, selon l’INSEE, cet écart est tombé à 16 %.

Ce progrès s’explique en partie par l’arrivée massive des femmes dans l’enseignement supérieur et leur montée en qualification. Elles sont aujourd’hui plus diplômées que les hommes, mais cela ne suffit pas à garantir l’égalité salariale. L’inégalité persiste, plus discrète et plus structurelle : les femmes moins souvent présentes aux postes les mieux rémunérés, et leur part reste importante dans les métiers peu valorisés. Selon l’Observatoire des inégalités, si la tendance ne s’accélère pas, il faudra encore attendre 30 ans pour atteindre une égalité réelle.

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Dans la continuité de ces dernières années, la concentration des patrimoines se renforce. En 2021, les 10% les plus aisés détenaient 47,1 % du patrimoine (contre 41,3 % en 2010).  Pareillement, 8,1 % de la population est pauvre en 2022 contre 6,6 % en 2002.

Un marché du travail robuste mais complexe

En mai 2025, le FMI concluait sur l’état de santé de l’économie française. À ce sujet il a affirmé que « L’économie française a fait preuve de résilience en dépit d’une forte incertitude. […] Le marché du travail reste robuste ». La France est en effet bien engagée dans son processus de réduction du chômage depuis 2015.

Dans son rapport, l’Observatoire des inégalités souligne que depuis plus de 10 ans, les femmes et les hommes sont quasiment à un pied d’égalité. Pourtant, les inégalités demeurent pour les personnes peu qualifiées.

Le constat n’est pas nouveau : les catégories populaires, composées d’ouvriers, d’employés, de personnes peu diplômées et souvent peu qualifiées, subissent les exigences de flexibilité d’une société prospère, confortable pour une large classe favorisée. La fracture passe par les conditions de travail notamment. 35 % des salariés connaissent au moins trois critères de pénibilité physique à leur poste, une proportion qui n’a pas baissé en quinze ans. Cela concerne dix fois plus les ouvriers que les cadres. Selon Anne Brunner, directrice des études de l’Observatoire des inégalités.

Inégalités face au chômage

Depuis la dernière édition, les inégalités de chômage selon la catégorie socioprofessionnelle ont continué à s’atténuer. Les ouvriers peu qualifiés sont toujours la catégorie la plus exposée au chômage, depuis l’édition 2023 (données 2021) leur niveau de chômage à reculer de 1,3 points de pourcentage pour atteindre 15,4 % dans l’édition 2025 (données 2023).

Taux de chômage selon le sexe

Le chômage des jeunes a nettement reculé depuis 2017, passant de 26,5 % en 2013 à 17,3 % en 2023, toutefois, cette amélioration marque un coup d’arrêt en 2024, avec une remontée à 18,8 %.

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Inégalités environnementales

Le rapport sur les inégalités inclut pour la première fois les inégalités environnementales. Elles désignent les différences d’exposition aux nuisances ou aux risques liés à l’environnement (pollution, logements, …) selon les lieux de vie ou les conditions sociales. Un exemple d’inégalité environnementale passe par le travail : les ouvriers sont ceux qui souffrent le plus d’un environnement bruyant, dangereux, et d’un air pollué, tandis que les cadres sont les plus préservés.

Un autre exemple concerne le logement : les personnes pauvres vivent plus souvent dans un logement bruyant, humide, et mal isolé du froid. Cependant, la précarité énergétique, définie comme une “difficulté, voire incapacité, à accéder à une énergie suffisante pour répondre aux besoins essentiels, en raison de conditions de logement inadéquates ou d’un manque de ressources financières” a diminué en douze ans, de 13,7 % en 2010 à 10,8 % en 2022.