Armement : une commande historique de l’Inde
L’armée de l’air indienne (IAF) a exprimé un besoin urgent de renouveler et de renforcer ses escadrilles, notamment après les confrontations avec le Pakistan qui ont révélé des vulnérabilités. Dans ce cadre, l’IAF milite pour une nouvelle commande pouvant aller jusqu’à 114 appareils auprès de Dassault Aviation. Si elle se concrétisait, cette acquisition serait la plus importante jamais enregistrée pour l’avionneur français, consolidant la position de l’Inde comme premier client à l’export du Rafale, avec déjà 62 appareils commandés (36 pour l’armée de l’air et 26 pour la marine).
Ce choix s’explique aussi par un réalignement stratégique de l’Inde. Traditionnellement client de l’industrie russe, New Delhi a exprimé des inquiétudes quant à la performance technique de certains armements russes, notamment le Su-57, avion de 5ème génération de Soukhoï, se révélant couteux, et peu performant (notamment sur sa furtivité et ses capacités radar). Cette insatisfaction, combinée aux difficultés de production de la Russie dans le contexte des sanctions internationales, a poussé l’Inde à diversifier ses fournisseurs et à se tourner davantage vers des partenaires comme la France. Dassault Aviation peut faire valoir plusieurs arguments de poids : le Rafale est performant, pas trop cher (à l’achat et en exploitation), n’est pas possédé par la Chine (le principal rival de l’Inde), et permettrait de développer des emplois et le savoir-faire en Inde (fuselage, moteur…). L’avion français pourrait donc servir de pivot à l’IAF en attendant, sur le long-terme, de développer son avion de future génération, via le projet AMCA.
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Un réarmement mondial
La possible commande indienne s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques qui a conduit à une augmentation significative des dépenses militaires à l’échelle mondiale. En 2024, ces dépenses ont atteint un montant record de 2 718 milliards de dollars selon le SIPRI, soit une augmentation de 9 % sur un an.
Les États-Unis demeurent au premier rang avec des dépenses de 997 milliards de dollars en 2024, suivis par la Chine (314 milliards) et la Russie (149 milliards). En Europe, la guerre en Ukraine a provoqué une accélération marquée des budgets de défense. L’Allemagne, la France ou encore la Pologne ont augmenté leurs dépenses militaires à marche rapide, de respectivement +89 %, +21 %, et +159 % sur 10 ans.
Ce rebond n’est en fait qu’une accélération d’une dynamique profonde. Après l’effondrement du bloc soviétique en 1991, les dépenses militaires mondiales se sont effondrées, et avec elles les exportations. Après un creux au début des années 2000, les exportations ont suivi une tendance haussière, qui n’est à priori pas prête de s’arrêter.
L’Ukraine, l’Inde, le Qatar, l’Arabie Saoudite et le Pakistan, les 5 plus grands importateurs, sont au cœur de tensions géopolitiques voire de guerres importantes et structurelles.
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La France, un grand exportateur d’armes
Cette commande pourrait conforter la place de la France comme deuxième exportateur mondial d’armement. L’Hexagone, en effet, joue un rôle de leader dans de nombreux secteurs de l’armement à très haute valeur ajoutée : avions, missiles, sous-marins, canons automoteur…
L’Inde constitue d’ailleurs le principal débouché de l’industrie de l’armement française, à hauteur d’environ un tiers de la valeur de ses exportations ! Suivent le Qatar et la Grèce. La France a en effet réussi le tour de force de proposer des alternatives crédibles à l’armement américain, russe et chinois, tout à fait pertinentes pour les pays ne souhaitant pas être dépendants de ces grandes puissances. La Russie, exportateur historique depuis près d’un siècle, a vu la valeur de ses exportations chuter ces dernières années, pour les raisons évoquées plus haut.
Ce statut privilégié est une aubaine pour l’économie française : environ 210 000 emplois sont liés directement ou indirectement à l’industrie de l’armement, qui dégage chaque année plusieurs dizaines de milliards d’euros de chiffre d’affaires.
